18 déc. 2024

Une autre Union européenne doit naître dès à présent !


L’activité économique européenne est poussive.

En effet, la croissance économique de l’Union Européenne est faible. Les États européens se sont majoritairement et simultanément lancés pendant trop longtemps dans des politiques de rigueur budgétaire les ayant fait  renoncer à des investissements majeurs.

Aujourd’hui, devant le retard technologique de l’Union Européenne par rapport aux Etats-Unis et à la Chine, ils doutent logiquement de leur choix.

Plus de cinquante ans après le traité de Rome, l’Union européenne actuellement empêtrée dans une division politique et dans une stagnation économique, semble en panne de stratégie et d’innovation pour les années suivantes.

  Si  innover c’est risquer, rester sur place c’est mourir… 

 Cette stagnation aussi bien politique qu’économique amplifie et  consolide la progression des eurosceptiques dans les pays du continent. Ils font de l’Europe un problème.

Cette vision négative de l’Union Européenne qui se propage, bloque l’émergence d’une nouvelle étape dans sa construction et ralentit la réalisation de projets européens ambitieux et nécessaires à la survie de cette union. Le processus européen est stoppé  par l’absence de nouvelles perspectives ou de nouvelles stratégies.

Ce n’est pas surprenant, car s’unir dans la diversité par l’intermédiaire des échanges sur les bases d’une concurrence libre et non faussée entre vingt- sept pays, est structurellement défavorable au développement économique et social de l’Union Européenne.

En choisissant l’élargissement plutôt que l’approfondissement, les dirigeants européens ont encouragé la compétition entre les pays européens, les poussant ainsi dans des comportements égoïstes plutôt que coopératifs. La division des pays européens sur l’accord UE Mercosur en est un exemple. Pour certains pays européens cet accord crée de nouveaux débouchés pour l’industrie automobile et pour d’autres il fragilise les filières agricoles. Si cet accord est contesté par la France, c’est qu’il favoriserait les exportations des pays du Mercosur de produits agricoles ne respectant ni les normes environnementales, ni les normes sanitaires de l’UE et de la France. Cette libéralisation des échanges représente donc en l’état, une menace pour notre modèle agricole et alimentaire.

Quelle illusion de croire que les liens commerciaux créent des liens sociaux et politiques ! Quelle illusion de croire aussi que les écarts économiques et sociaux entre les pays européens finiront bien par s’estomper grâce à leur adhésion commerciale à l’Union ! Ce qui a été vrai pour l’Espagne ou le Portugal en 1986, ne l’est pas nécessairement pour les pays européens entrés depuis 2004, du fait de leur nombre,  de leurs structures économiques et sociales et des nouvelles forces concurrentielles qui se sont développées sur le marché.

De tels écarts, dans un marché unique sans harmonisation sociale et fiscale conduisent les Nations européennes à l’affrontement économique et au développement du chacun pour soi plutôt qu’à la coopération.

Or, cette concurrence pénalise la croissance et développe les importations de produits étrangers moins chers.

A part Airbus, le primat du dogme concurrentiel a empêché la constitution d’entreprises industrielles européennes, de groupes européens innovants, au nom du risque de la position dominante prohibée par la règle de la concurrence libre et non faussée. De fait, les grandes entreprises nationales se sont tournées vers le marché asiatique. L’offre européenne s’est atomisée et externalisée. C’est la raison pour laquelle l’Union européenne a la plus grande difficulté à protéger son grand marché de la concurrence chinoise.

D’autre part, ce primat de la concurrence a incité les pays européens à se lancer dans une course effrénée à la baisse des impôts afin d’attirer les investisseurs. Cette course a réduit les recettes fiscales des États, notamment des plus grands, et a ainsi aggravé leur déficit budgétaire lors de chocs conjoncturels. Cela a alourdi leur dette publique et les a contraints sous la pression des marchés financiers,  à réduire leurs dépenses publiques selon leur niveau d’endettement au risque de ralentir l’innovation, la recherche et la transition écologique.

 Mieux vaut une réussite solidaire qu’un exploit solitaire…

 Or, le problème fondamental des vingt-sept États qui partagent le même marché est celui de la coopération.

Pour faire face au risque du désengagement des USA du continent européen suite à l’élection du président Trump et à la domination économique chinoise, il leur faut avancer groupés et rester solidaires. Ce n’est qu’unie que l’Europe peut être forte.

Pourtant, certains États européens  refusent encore de s’engager dans cette voie collective. Les États européens semblent paradoxalement unis dans leur volonté de retrouver la croissance ou l’innovation, mais terriblement désunis dès qu’il s’agit de définir une méthode ou une politique commune. Il est donc urgent que l’Europe franchisse une autre étape dans son processus d’intégration et qu’elle œuvre à la construction d’une Europe de la coopération avant que l’union ne se fissure.  La réussite solidaire doit primer sur l’exploit solitaire, sinon l’Union Européenne pourrait se transformer rapidement en une Europe des « États désunis ».

L’Europe de la défense et du social devient désormais l’étape indispensable pour poursuivre le processus d’intégration, l’étape indispensable pour protéger la démocratie face à la menace russe et à la montée du populisme. Elle est une solution à la crise actuelle.

A défaut d’un projet de défense et d’un projet social européen véritablement fédérateur et d’un financement par la banque centrale européenne d’une partie des dépenses publiques libérant  les états de la contrainte budgétaire, il sera toujours difficile de créer une coopération entre les États européens qui partagent pourtant le même marché et pour certains la même monnaie. C’est pourquoi il devient urgent de mettre en œuvre ces trois projets pour faire naître cette nouvelle Europe, celle de la coopération. 

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