L’activité économique européenne est
poussive.
En effet, la
croissance économique de l’Union Européenne est faible. Les États européens se
sont majoritairement et simultanément lancés pendant trop longtemps dans des
politiques de rigueur budgétaire les ayant fait
renoncer à des investissements majeurs.
Aujourd’hui,
devant le retard technologique de l’Union Européenne par rapport aux Etats-Unis
et à la Chine, ils doutent logiquement de leur choix.
Plus de
cinquante ans après le traité de Rome, l’Union européenne actuellement
empêtrée dans une division politique et dans une stagnation économique, semble
en panne de stratégie et d’innovation pour les années suivantes.
Si innover c’est risquer, rester sur place c’est mourir…
Cette stagnation aussi bien politique qu’économique amplifie et consolide la progression des eurosceptiques dans les pays du continent. Ils font de l’Europe un problème.
Cette vision
négative de l’Union Européenne qui se propage, bloque l’émergence d’une
nouvelle étape dans sa construction et ralentit la réalisation de projets
européens ambitieux et nécessaires à la survie de cette union. Le processus
européen est stoppé par l’absence de nouvelles perspectives ou de
nouvelles stratégies.
Ce n’est pas
surprenant, car s’unir dans la diversité par l’intermédiaire des échanges sur
les bases d’une concurrence libre et non faussée entre vingt- sept pays, est
structurellement défavorable au développement économique et social de
l’Union Européenne.
En
choisissant l’élargissement plutôt que l’approfondissement, les dirigeants
européens ont encouragé la compétition entre les pays européens, les poussant
ainsi dans des comportements égoïstes plutôt que coopératifs. La division des
pays européens sur l’accord UE Mercosur en est un exemple. Pour certains pays
européens cet accord crée de nouveaux débouchés pour l’industrie automobile et
pour d’autres il fragilise les filières agricoles. Si cet accord est contesté
par la France, c’est qu’il favoriserait les exportations des pays du Mercosur
de produits agricoles ne respectant ni les normes environnementales, ni les
normes sanitaires de l’UE et de la France. Cette libéralisation des échanges
représente donc en l’état, une menace pour notre modèle agricole et
alimentaire.
Quelle
illusion de croire que les liens commerciaux créent des liens sociaux et
politiques ! Quelle illusion de croire aussi que les écarts économiques et
sociaux entre les pays européens finiront bien par s’estomper grâce à leur
adhésion commerciale à l’Union ! Ce qui a été vrai pour l’Espagne ou le
Portugal en 1986, ne l’est pas nécessairement pour les pays européens entrés
depuis 2004, du fait de leur nombre, de leurs structures économiques et
sociales et des nouvelles forces concurrentielles qui se sont développées sur
le marché.
De tels
écarts, dans un marché unique sans harmonisation sociale et fiscale conduisent
les Nations européennes à l’affrontement économique et au développement du
chacun pour soi plutôt qu’à la coopération.
Or, cette
concurrence pénalise la croissance et développe les importations de produits
étrangers moins chers.
A part
Airbus, le primat du dogme concurrentiel a empêché la constitution
d’entreprises industrielles européennes, de groupes européens innovants, au nom
du risque de la position dominante prohibée par la règle de la concurrence
libre et non faussée. De fait, les grandes entreprises nationales se sont
tournées vers le marché asiatique. L’offre européenne s’est atomisée et
externalisée. C’est la raison pour laquelle l’Union européenne a la plus
grande difficulté à protéger son grand marché de la concurrence chinoise.
D’autre
part, ce primat de la concurrence a incité les pays européens à se
lancer dans une course effrénée à la baisse des impôts afin d’attirer les
investisseurs. Cette course a réduit les recettes fiscales des États, notamment
des plus grands, et a ainsi aggravé leur déficit budgétaire lors de
chocs conjoncturels. Cela a alourdi leur dette publique et les a
contraints sous la pression des marchés financiers, à réduire leurs
dépenses publiques selon leur niveau d’endettement au risque de ralentir
l’innovation, la recherche et la transition écologique.
Mieux vaut une réussite solidaire qu’un exploit solitaire…
Or, le problème fondamental des vingt-sept États qui partagent le même marché est celui de la coopération.
Pour faire
face au risque du désengagement des USA du continent européen suite à
l’élection du président Trump et à la domination économique chinoise, il leur
faut avancer groupés et rester solidaires. Ce n’est qu’unie que l’Europe
peut être forte.
Pourtant,
certains États européens refusent encore de s’engager dans cette voie
collective. Les États européens semblent paradoxalement unis dans leur volonté
de retrouver la croissance ou l’innovation, mais terriblement désunis dès qu’il
s’agit de définir une méthode ou une politique commune. Il est donc urgent
que l’Europe franchisse une autre étape dans son processus d’intégration et
qu’elle œuvre à la construction d’une Europe de la coopération avant que l’union ne se
fissure. La réussite solidaire doit
primer sur l’exploit solitaire, sinon l’Union Européenne pourrait se
transformer rapidement en une Europe des « États désunis ».
L’Europe de
la défense et du social devient désormais l’étape indispensable pour poursuivre
le processus d’intégration, l’étape indispensable pour protéger la démocratie
face à la menace russe et à la montée du populisme. Elle est une solution à la
crise actuelle.
A défaut d’un projet de défense et d’un projet social européen véritablement fédérateur et d’un financement par la banque centrale européenne d’une partie des dépenses publiques libérant les états de la contrainte budgétaire, il sera toujours difficile de créer une coopération entre les États européens qui partagent pourtant le même marché et pour certains la même monnaie. C’est pourquoi il devient urgent de mettre en œuvre ces trois projets pour faire naître cette nouvelle Europe, celle de la coopération.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire