Nous sommes désormais entrés dans l’urgence climatique. Hausse des températures, sècheresses, incendies dévastateurs, inondations ravageuses, acidification des océans, fonte des glaces et accélération de la perte de la biodiversité, sont quelques manifestations visibles et concrètes du dérèglement climatique qui ne cessent de s’accumuler.
Notre
activité économique est la principale cause du dérèglement climatique…
L’attention portée sur la protection de l’environnement a beaucoup
progressé. Et pourtant, les mobilisations contre le changement climatique
restent encore globalement faibles dans les actes malgré les différents sommets
mondiaux, malgré les différentes tribunes des scientifiques, ou encore malgré
l’appel de certaines personnalités suivi de multiples manifestations pour
sauver la planète. Elles restent aussi, encore faibles, bien qu’une prise de
conscience citoyenne devienne de plus en plus grandissante et bien que le
dérèglement climatique soit désormais prouvé scientifiquement.
Sous le poids de notre activité économique, la destruction de
l’environnement va toujours beaucoup plus vite que la construction écologique.
De temps à autre, l’ampleur d’une catastrophe nous émeut et nous fait réagir,
mais le quotidien reprend bien vite son cours. Il continue de nous enfermer
dans cette course effrénée où le « toujours
plus » prime sur le « toujours
mieux ». Nous nous sommes habitués à rechercher le bien-être dans la
croissance intensive. Nous y sommes tellement habitués que nous croyons qu’il
est impossible de vivre autrement.
…C’est
pourquoi une nouvelle croissance est nécessaire pour faire face au dérèglement
climatique…
Or aujourd’hui, face à ce risque climatique qui met en péril toute l’humanité, nous devons aller plus loin et plus vite. Il y a urgence !
L’ampleur de la dégradation de l’environnement est telle que la question n’est plus seulement scientifique, elle est dès à présent, politique voire sociétale. Elle nécessite des changements substantiels dans le fonctionnement des économies, des changements dans nos modes de production et de consommation. La nature ne doit plus être considérée en économie, comme un simple facteur de production au même titre que le capital et le travail. Le changement climatique ne doit plus être envisagé seulement comme une externalité négative de notre modèle de croissance. Il doit être désormais pris en compte dans l’activité économique afin d’évaluer et de percevoir réellement la gravité du risque environnemental.
Il doit servir de critère de convergence pour conduire la politique de
croissance des pays. Intégrer cette contrainte écologique dans les politiques
publiques, permettrait à chaque gouvernement de retrouver sa capacité à
orienter l’activité économique dans l’intérêt général plutôt que de la gérer
sous la pression de divers lobbys industriels servant des intérêts privés et se
souciant peu du bien public mondial qu’est notre planète.
Le principal enjeu consiste aujourd’hui à construire un nouveau modèle
de croissance permettant de satisfaire nos besoins sans compromettre ceux de la
génération future. Un nouveau modèle ayant pour finalité l’épanouissement de
l’humanité comme le préconise Kate Raworth dans sa théorie du Donut.
Tel est le défi qui doit être relevé dès à présent.
Préparer l’avenir des générations futures, implique de tracer les voies
de cette nouvelle forme de croissance économique faisant de l’enjeu climatique
et de la justice sociale une priorité absolue des politiques économiques. A cet
égard, les Pouvoirs publics de chaque pays doivent mettre en œuvre un programme
d’investissements publics ambitieux garantissant leur engagement immédiat et définitif
dans la transition écologique.
Cette planification écologique inciterait ainsi les entreprises à
investir massivement à leur tour dans les énergies renouvelables ou encore à
investir au moindre risque dans de nouvelles activités économiques respectueuses
de l’environnement. Elle les encouragerait à développer le progrès
technologique préservant la nature pour le bien être de tous. Cette action
collective est essentielle pour transformer notre économie afin qu’elle puisse
continuer à prospérer sans être obligée d’affaiblir la planète. C’est pourquoi,
nous avons tous intérêt à agir collectivement pour endiguer le dérèglement
climatique.
… mais
elle se heurte au dilemme du « toujours plus ».
Cependant, notre modèle économique fondé sur l’homo economicus, nous fait croire que le bonheur individuel dépend du « toujours plus » plutôt que du « toujours mieux ». C’est pourquoi nous avons tous, également intérêt pour maximiser notre bien-être individuel à court terme, à perpétuer nos habitudes de consommation et de production dévoreuses d’énergies fossiles.Face à ce dilemme de la croissance, que les économistes qualifient de « dilemme du prisonnier », les États privilégient leur propre intérêt à celui de la planète.Or, tant qu’ils resteront cantonnés dans leurs choix individuels et tant qu’ils n’auront pas dépassé le dogme d’une croissance infinie du P.I.B., leurs engagements pris lors des sommets mondiaux, ne seront pas à la hauteur des enjeux climatiques.Il est désormais capital que les États repensent leur modèle de croissance et de répartition pour relever ce défi du XXIième siècle !