23 oct. 2012

Pour un choc de compétitivité segmentée !


 
Dans le contexte international actuel,  notre modèle social devient de plus en plus coûteux. Il pèse sur la compétitivité-prix des entreprises qui ont du mal à gagner des parts de marché : leur coût du travail est supérieur à celui de leurs concurrents étrangers. Nos entreprises sont alors tentées de considérer les salaires uniquement comme un coût, et non plus comme la condition des débouchés de leur production. La protection sociale est, elle aussi, victime de ce même préjugé et la voilà présumée, à tort, attentatoire à la compétitivité, sans qu’il ne soit envisagé un seul instant qu’elle puisse être une richesse nationale.
Face à la vivacité de la concurrence des pays émergents, et en particulier face à celle de la Chine qui affiche des coûts du travail très faibles et qui n’admet aucun mécanisme de protection sociale fut-il sommaire, nos industries des secteurs textile et de l’équipement ménager ont, dans leur écrasante majorité, fermé. D’autres, se sont délocalisées, provoquant la désindustrialisation de certaines régions où la disparition des filières industrielles a  considérablement aggravé le chômage et le déficit du commerce extérieur.
Le coût du travail serait, à lui seul, responsable du déclin industriel et de la hausse du chômage. Cette idée reçue conduit notre économie en quête de compétitivité dans une spirale conflictuelle qui oppose les producteurs et les salariés. Le chantage à la délocalisation comme mode de révision à la baisse des salaires ou des cotisations sociales, pourrait devenir l’alternative au chômage comme s’y sont résignés en période de croissance, ces salariés allemands que certains économistes ne cessent de donner en exemple.
Faudrait-il alors accepter, au nom de la compétitivité, une modération des salaires ou une précarité sociale pour maintenir l’emploi sur le territoire ? Cette recherche accrue de la compétitivité- prix par les entreprises à travers la dévalorisation du travail, tend à opposer les intérêts de ceux qui achètent aux intérêts de ceux qui produisent, oubliant au passage que ceux qui produisent et qui achètent sont les mêmes agents économiques dénommés autrement .


Ce choc de compétitivité  précarise le travail, incite les ménages à consommer moins cher,  obligeant ainsi les entreprises à leur tour, à produire encore moins cher en comprimant davantage leurs coûts salariaux pour rendre leurs produits plus compétitifs afin de satisfaire les besoins des consommateurs.
Elle constitue un cercle vicieux qui dresse les salariés contre les consommateurs ou autrement dit, les salariés contre eux-mêmes.


En omettant que les salariés sont aussi des consommateurs, ce cercle vicieux dans lequel les prix peu élevés conduisent à des salaires peu élevés qui entraînent une consommation timide et qui débouchent sur des délocalisations faute d’un niveau de consommation suffisant, est à l’œuvre.
 Il enclenche cet engrenage conflictuel où plus de compétitivité entraîne moins de débouchés pour les entreprises résidentes sur le territoire. Il appauvrit ainsi à la fois l’entreprise et les ménages. Quel paradoxe !
 
A cause de ses effets contradictoires, cette course à la compétitivité n’est plus adaptée à la situation économique actuelle, asphyxiée par l’austérité. Dans ce contexte économique, un tel choc, coûtera plus cher que ce qu’il ne rapporte à notre économie. Toute baisse des cotisations sociales est compensée par une hausse des impôts pénalisant le pouvoir d’achat.
La compétitivité-prix ne pourra sortir de cet engrenage,que si la baisse des charges du travail cible seulement les entreprises exposées à la concurrence internationale. Autrement dit, elle doit être calculée selon la situation des entreprises.
Car la compétitivité n’a pas le même sens pour toutes les firmes. Certaines d’entre elles, en fonction de leur environnement et de leurs stratégies, valorisent davantage leurs prix en cherchant à réduire leur coût du travail, alors que d’autres choisissent la qualité en valorisant le travail. C’est pourquoi, vouloir l’instaurer globalement  à l’ensemble des entreprises, ne ferait qu’aggraver ce rouage conflictuel au niveau de l’économie globale
 
La segmentation de la compétitivité, évitera ainsi une diminution générale des ressources de la protection sociale, permettra de maintenir les activités des entreprises face à la concurrence mondiale et donc compensera cette réduction des ressources de la sécurité sociale, en sauvant des emplois et en garantissant le niveau de la  demande.
Seul ce pacte contractuel  permettra de retrouver une compétitivité préservant à la fois notre protection sociale et la croissance, sans une nouvelle hausse des prélèvements obligatoires !



29 sept. 2012

projet du Budget 2013

Le Budget de 2013 : Plus d'impôts et un peu moins de dépenses !

Ecoutez l'émission de France Inter : on n'arrête pas l'éco :

 

13 mai 2012

Croissance ou Rigueur : le dilemme européen !

Dans un contexte où une récession chasse l’autre avant même que la croissance ait pu repartir, les enseignements de la crise de 2008 semblent oubliés. La surenchère des plans d’austérité en a rapidement éclipsé une autre : celle de l’automne 2008 où les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro se rependaient en déclarations de bonne volonté sur les thèmes de la régulation des marchés financiers.

Tous expliquaient alors que le sauvetage des banques aurait pour contrepartie leur stricte régulation. En France, les revues économiques titraient sur la revanche de Keynes et même dans le monde financier on semblait moins perméable aux arguments des bienfaits de la dérégulation. Depuis, les traders ont retrouvé leurs bonus, les spéculateurs leur cupidité et les banques leurs profits. Les Etats, quant à eux, se sont terriblement endettés pour sauver une finance à la dérive et une croissance atone. Et voilà que les rescapés d’hier appellent aujourd’hui à l’austérité budgétaire et à la flexibilité du travail, sans même se soucier de la croissance de demain. Leur vision court-termiste précipite les Etats dans une spirale déflationniste dont aucun agent économique ne sortira indemne.

Naturellement, la réduction des déficits budgétaires à moyen terme est indispensable. Les Etats ne peuvent conserver indéfiniment des taux d’endettement élevés au point que la charge de la dette se hisse parmi leurs premiers postes de dépenses budgétaires. Mais la réduction des déficits ne peut être mise en œuvre efficacement que dans un contexte de croissance solide et stable.

L’Europe s’est engagée trop tôt dans le pari de l’austérité. Elle fait courir le risque d’étouffer la croissance et d’enliser l’économie dans un chômage de masse. Elle précipite son économie dans ce cercle vicieux où la rigueur appelle la rigueur. Et, où la dérèglementation sociale accentue la précarité sociale et attise les poussées extrémistes.

Neuf pays européens sont depuis entrés en récession, la France pourrait très vite rallonger la liste. A l’inverse, ce n’est qu’en pariant, sur une politique commune de croissance et de l’emploi souhaitée par la France, que les pays européens remettront les finances publiques en ordre et rétabliront la confiance des investisseurs. Le salut ne peut venir que d’un New-Deal européen permettant le retour de la croissance et de l’emploi, certainement pas en prenant le risque d’une austérité généralisée. Devant l’échec de l’austérité européenne, l’Europe souhaiterait enfin s’engager sur les chemins de la croissance. Cependant elle semble vouloir faire le choix d’une relance par la politique de l’offre, fondé sur ces postulats que l’assainissement comptable de l’Etat et que la dérèglementation du marché du travail, sont les conditions sine qua non à la reprise de toute croissance durable.
Or la récession qui gagne l’Espagne et le Royaume-Uni montre que ces postulats ne fonctionnent pas. La précarité ne peut pas garantir une croissance forte. La rigueur est incompatible avec le redémarrage de l’activité économique.
Aujourd’hui, l’Europe semble pourtant en suivre aveuglément les préconisations comme si l’offre pouvait à elle seule, être le seul moteur de la croissance.

7 mai 2012

Compétitivité : un engrenage conflictuel

Dans le contexte international actuel, notre modèle social devient de plus en plus coûteux et pèse sur la compétitivité-prix des entreprises qui ont du mal à gagner des parts de marché avec des coûts de travail supérieurs à leurs concurrents étrangers. Elles sont alors tentées de considérer les salaires uniquement comme un coût, et non plus comme la condition des débouchés de leur production.
La protection sociale est, elle aussi, victime du même préjugé qui la présume, à tort, attentatoire à la compétitivité, sans envisager un seul instant qu’elle puisse être une richesse nationale.

Face à la vivacité de la concurrence des pays émergents, et en particulier face à celle de la Chine qui affiche des coûts du travail très faibles, n’admet aucun mécanisme de protection sociale fut-il sommaire et pratique le dumping monétaire, nos industries des secteurs du textile et de l’équipement ménager ont toutes fermé. D’autres, se sont délocalisées, provoquant la désindustrialisation de certaines régions où la disparition des filières industrielles a considérablement aggravé le chômage et le déficit du commerce extérieur.
Le coût du travail serait, à lui seul, responsable du déclin industriel et de la hausse du chômage.
Cette idée reçue conduit notre économie en quête de compétitivité dans une spirale conflictuelle qui oppose les producteurs et les salariés. Le chantage à la délocalisation comme mode de révision à la baisse des salaires, pourrait alors devenir l’alternative au chômage.
Faudrait-il alors accepter, au nom de la compétitivité, une modération des salaires ou une précarité sociale pour maintenir l’emploi sur le territoire ?
Cette recherche accrue de la compétitivité- prix par les entreprises à travers la dévalorisation du travail, tend à opposer les intérêts de ceux qui achètent aux intérêts de ceux qui produisent, oubliant au passage que ceux qui produisent et qui achètent sont les mêmes agents économiques dénommés autrement.
Les entreprises appartenant à des grandes enseignes qui veulent maintenir leur marge et satisfaire des clients dont les revenus sont comprimés en raison de la compétitivité, achètent des produits étrangers pour ensuite les distribuer sur le marché intérieur si bien que le « Made in China » se substitue progressivement au « Made in France ».
Les consommateurs n’auraient d’autre choix, pour maintenir leur pouvoir d’achat, que de préférer des produits importés aux produits fabriqués en France, certes de meilleure qualité, mais plus chers.
Cette substitution est désormais devenue une évidence dans un contexte où la production domestique a soit disparu, soit été fortement réduite. Les consommateurs sont contraints d’acheter des produits délocalisés au détriment de l’emploi en France. En consommant ces produits importés moins chers, les salariés, en tant que consommateurs, contribuent à la suppression de leurs propres emplois sans même sans s’en rendre compte.
Cette course effrénée à la compétitivité précarise le travail, incite les ménages à consommer moins cher, obligeant ainsi les entreprises à produire encore moins cher en comprimant davantage leurs coûts salariaux pour satisfaire les besoins des ménages.
Elle constitue un cercle vicieux qui dresse les salariés contre les consommateurs ou autrement dit, les salariés contre eux-mêmes.
En omettant que les salariés sont aussi des consommateurs, ce cercle vicieux dans lequel les prix peu élevés conduisent à des salaires peu élevés qui entraînent une consommation timide et qui débouche sur des délocalisations faute d’un niveau de consommation suffisant, est à l’oeuvre.
Il enclenche cet engrenage conflictuel où plus de compétitivité entraîne moins de débouchés. Quel paradoxe !

A cause de ses effets contradictoires, cette compétitivité n’est plus adaptée à la gravité de la situation économique. Car, sans normes sociales et monétaires mondiales minimales, le libre échange fausse la concurrence et menace gravement les modèles sociaux des Etats industrialisés, et plus particulièrement celui de la France.
Au contraire, la compétitivité-prix ne sera efficace économiquement et socialement, que si elle se fonde sur une concurrence équitable à défaut de règles sociales communes entre les Etats.
Cependant, ces règles seront longues à construire et n’auront de vertus, que si parallèlement sont mises en œuvre au niveau national des politiques publiques stimulant le rouage de la compétitivité hors-prix basée sur la qualité, l’innovation et la formation.
Alors pourquoi ne pas préférer cet engrenage structurel au conflictuel ?

20 mars 2012

Libre échange ou protectionnisme ?

L’approche libérale du commerce international prétend que chaque pays a intérêt à se rallier au libre échange et en ressort toujours gagnant. Or la réalité économique a souvent démenti cette vision idyllique. L’ouverture des frontières représente à la fois des opportunités et des menaces pour les économies et, plus particulièrement, pour l’économie Française. Lesquelles ?



















1. Les opportunités et les menaces du libre échange
Les opportunités du libre échange :

· Facteur de croissance :

L’ouverture des frontières offre de nouveaux débouchés aux entreprises pouvant ainsi exporter davantage, accroître leur production et leurs profits. L’essor des exportations accroît le PIB et le niveau des emplois (exemple de l’économie allemande et de la Chine).


· Facteur de développement économique :
La division internationale du travail accroît l’efficacité des firmes, les poussent à améliorer leur compétitivité face à une concurrence accrue. Elles sont incitées à innover, à améliorer leur productivité, à développer la recherche afin de maintenir leur avantage concurrentiel. De plus, le libre échange a permis le développement des pays émergents bénéficiant des avantages coûts sur les pays industrialisés (B.R.I.C. : Brésil Russie Inde Chine).



· Facteur de concurrence entre les pays :
La concurrence est devenue plus vive grâce à l’ouverture des frontières.
Cette pression concurrentielle favorise la baisse des prix des produits de consommation courante et profite ainsi aux consommateurs (Exemple les produits domestiques fabriqués en Chine et vendus en France).



Les menaces du libre échange :




Facteur de désindustrialisation et de chômage :






Face à la vivacité de la concurrence des pays émergents (Chine par exemple) ayant des coûts du travail (salaires + cotisations sociales) très faibles en raison d’absence de protection sociale et de normes sociales, pratiquant le dumping social et le dumping monétaire, nos industries ont fermé ( textile, jouets, électroménager,
informatique…).
Et d’autres se sont délocalisées provoquant la désindustrialisation de certaines régions ou encore la disparition des filières industrielles (le textile en France dès la fin des années 9O par exemple.) et aggravant considérablement le chômage.



Facteur de dégradation sociale :



Sans normes sociales et monétaires mondiales minimales, le libre échange fausse la concurrence et menace gravement les modèles sociaux des pays industrialisés, plus particulièrement celui de la France disposant d’un « modèle unique au monde ».
Dans ce contexte international, notre modèle social devient de plus en plus coûteux et pèse sur la compétitivité prix des entreprises. Cette forme de compétitivité conduit les Etats à considérer les salaires comme des coûts et non comme la condition des débouchés. Il en va de même pour la protection sociale considérée à tort comme une charge grevant la compétitivité.

2. La réaction au libre échange : le protectionnisme

Devant de telles menaces provoquées par le libre échange, certains pays ont recours à des mesures protectionnistes, y compris les pays les plus « libéraux » comme les USA par exemple. Quelles sont ces mesures ? Et quelles sont les raisons et les risques de leur application ?

Définition du protectionnisme


C’est une politique économique qui se caractérise par la mise en place par un pays, d’obstacles au développement des échanges extérieurs.
Il ne doit pas être confondu avec l’autarcie qui correspond à l’absence totale d’échanges d’une Nation avec l’extérieur.
Il vise ainsi à favoriser la production nationale et à décourager la concurrence étrangère. Comment ?

Les instruments du protectionnisme

Pour protéger le marché national et réindustrialiser l’économie, plusieurs instruments existent et peuvent être mis en œuvre. Certains sont condamnés et ne peuvent être mis en application à l’échelle européenne en raison du marché unique européen. D’autres, moins visibles, sont largement utilisés. Deux formes peuvent être distinguées :

Les barrières tarifaires

Le protectionnisme tarifaire consiste à renchérir les importations grâce aux droits de douane ou encore par la TVA.
Les droits de douane : ce sont des taxes prélevées par l’Etat sur les marchandises lors de leur passage à la frontière. Ces barrières douanières consistent donc à renchérir les prix des produits importés. De telles mesures sont interdites au sein de l’Europe en raison de l’union économique entre les Etats européens qui a instauré, depuis 1993, un marché unique (acte unique signé en 1986) dans lequel les marchandises, les capitaux et les personnes circulent librement entre les pays membres de l’Europe. Cette libre circulation s’est renforcée avec l’entrée en vigueur de la monnaie unique, l’Euro (1999).
Elles pourraient toutefois être applicables au niveau de l’Europe si telle était la volonté politique des institutions européennes.
Les droits de douane ne peuvent augmenter, sauf pour des périodes limitées et sous condition que le pays procédant à ces hausses les justifie par le fait que la concurrence étrangère est déloyale et faussée. Mais qu’est-ce qu’une concurrence loyale et non faussée au niveau international ? L’O.M.C. (Organisation Mondiale du Commerce) fixe les grands principes de cette règle de concurrence commerciale, mais ne les fait jamais respecter à défaut de règles communes internationales dans les domaines de l’environnement et du social (Exemple du dumping social et monétaire de la Chine faussant la concurrence internationale).
En revanche, si les bas prix à l’exportation de certains pays proviennent du non respect des droits sociaux élémentaires ou de pratiques industrielles destructrices de la planète, une taxe à l’entrée du type taxe sociale ou carbone, permettrait de sanctionner les pays irrespectueux et de faire progresser des règles bénéfiques au bien commun. L’égoïsme de chaque Nation ne fait pas l’intérêt de toutes les Nations. La crainte de la réciprocité empêche la mise en œuvre de telles taxes. Voilà, une fois de plus, la preuve que le libre échange comporte des effets pervers que l’on cherche à dissimuler au nom de la sacro sainte loi de la concurrence.
La TVA « sociale » : elle consiste à transférer sur les consommateurs des cotisations payées par les entreprises, pour financer la protection sociale par une hausse de la TVA, afin de restaurer la compétitivité- prix. Ce qui devrait permettre en théorie, de réduire le coût du travail, de renchérir les prix des produits importés et de baisser les prix des produits exportés, à condition, que cette baisse soit répercutée sur les prix de tous les produits.
Les barrières non tarifaires :

Le protectionnisme non tarifaire (protectionnisme dit « invisible ») vise à limiter les produits importés à partir de plusieurs mesures :

Les contingentements : quotas d’importations qui fixent des limites quantitatives maximales de marchandises importées. Ces mesures sont généralement interdites, mais elles demeurent tolérées lorsqu’elles font l’objet d’un accord bilatéral entre les Etats concernés (cela a été le cas de l’AMF Accord Multifibre Français pour le secteur du textile).

Les barrières techniques et réglementaires : les normes techniques, sanitaires ou des règles de sécurité et d’hygiène dissuasives, constituent des entraves aux produits importés, qui doivent les respecter pour pouvoir pénétrer sur le territoire. De même, des règles environnementales et administratives conçues de manière à empêcher l’accès de certains produits étrangers au marché national.

Les subventions à l’exportation : ces subventions, versées par l’Etat aux entreprises exportatrices, permettent à ces entreprises nationales de réduire artificiellement leurs coûts et donc d’abaisser leurs prix afin d’être plus compétitives (Exemple : Airbus, Boeing, le coton des USA).

Le dumping monétaire et le dumping social : le premier consiste à maintenir la parité d’une monnaie nationale à un cours artificiellement bas par rapport à d’autres devises pour être davantage compétitif. En effet, cette forme de dévaluation monétaire favorise provisoirement les exportations, devenues moins chères. Quant au second, il consiste à vendre à des prix très bas, en ne respectant ou n’appliquant aucune règle sociale, ou en accordant des salaires très faibles ou inférieurs au minimum vital (Exemple : la Chine et les autres pays émergents comme l’Inde…).
Les justifications et les risques du protectionnisme

Même, si la pensée libérale dominante aujourd’hui, est largement favorable au libre-échange, il semblerait, qu’à cause de la crise de 2O11, l’Europe verrouillée par une austérité généralisée, pourrait rétablir un protectionnisme.
Avec un déficit commercial qui a atteint les 7O milliards d’euros et celui de l’industrie qui a dépassé les 30 milliards d’euros en 2O11, la France vient de battre un record de déficits extérieurs. Elle pourrait être tentée par des mesures protectionnistes afin de se réindustrialiser et sauver des emplois. Alors, face à cette dégradation extérieure le recours au protectionnisme serait-il justifié ? Et quels pourraient en être les risques ?



Les justifications du protectionnisme

Le protectionnisme est justifié pour permettre le développement et la relocalisation des industries qui seraient menacées par la concurrence étrangère et qui pourraient se délocaliser, mettant ainsi en péril la croissance et l’emploi.


Friedrich LIST (1789-1846) : économiste allemand, à travers la théorie du protectionnisme éducatif démontre les limites et les dangers du libre échange ainsi que de la spécialisation internationale qui en découle. Il développe l’idée selon laquelle l’Etat doit mettre en place des mesures protectionnistes pour protéger les industries naissantes de la concurrence, le temps nécessaire qu’elles construisent leurs avantages comparatifs afin d’affronter la concurrence internationale.
On peut retenir deux grandes raisons justifiant le recours au protectionnisme :

Les raisons économiques :

Protéger les industries ou les entreprises naissantes qui n’ont pas encore les moyens d’affronter la concurrence internationale, mais aussi celles, vieillissantes, qui sont en cours de restructuration et donc fragilisées.

Développer et renforcer les industries des pays et les ancrer sur le territoire.

Sauver et créer des emplois dans les secteurs concurrencés par des pays dont la main d’œuvre est peu coûteuse.

Reconquérir le marché intérieur et relocaliser les entreprises ou les aider à pénétrer un marché.

Rendre l’échange plus équitable car le libre échange ne profite pas équitablement à tous les pays. L’échange entre les pays développés et les pays en développement est très souvent inégal. Les termes de l’échange des PVD (Pays en Voie de Développement) « pays pauvres » se dégradent par rapport aux pays « riches ». Ils sont obligés de produire et d’exporter plus
pour pouvoir importer la même quantité. Les gains de l’échange tant vantés par les tenants du libre échange, au lieu d’être mutuels ne profitent qu’à un seul.

Le protectionnisme est donc nécessaire, malgré le dogme du libre échange, qui cherche toujours à le bannir. Il ne peut cependant à lui seul être un projet d’ensemble. Il n’est qu’un moyen et non une finalité. Il n’est qu’un instrument d’une politique économique qui doit chercher à développer l’industrie du pays et pérenniser son modèle social. C’est pourquoi le protectionnisme se justifie aussi pour des raisons non économiques.

Les raisons sociales et juridiques :

Défendre les intérêts particuliers de certains agents économiques comme, par exemple ceux des agriculteurs.

Préserver le modèle social : le protectionnisme peut être un moyen de maintenir le modèle social performant d’un pays qui serait concurrencé par des pays à bas salaires, dans lesquels il n’y a aucune protection sociale. La concurrence nivèle toujours par le bas lorsqu’il s’agit d’améliorer la compétitivité- prix, y compris les progrès sociaux, car elle considère la protection sociale comme une charge et non comme une richesse (c’est le cas de la France qui doit faire face à des concurrents y compris au sein de l’Europe ayant une protection sociale très rudimentaire voire inexistante et pouvant casser les prix.).

Protéger les consommateurs : grâce au respect des normes de sécurité, d’hygiène ou environnementales, mais aussi grâce au principe de précaution, certains produits ne peuvent pénétrer sur le territoire ou se voir interdits (OGM…).

Ces pratiques protectionnistes doivent permettre la mise en œuvre des politiques industrielles s’appuyant sur des stratégies de différenciation par la qualité des produits, encourageant le développement de l’innovation, la recherche et développement, ainsi que la compétence professionnelle valorisant désormais le travail, considéré comme la condition des débouchés et non plus comme un coût. Le protectionnisme éducatif ne peut sauver (comme l’a bien évoqué Denis CLERC dans un article de la revue Alternatives économiques Hors série n°92) l’économie d’un pays que s’il permet de construire ou de solidifier les bases de la production. Si non, il pourrait faire plus de mal que de bien. Serait-il une arme dangereuse ?
Pour les libéraux, les effets du protectionnisme sont globalement néfastes pour les économies.
Alors quels sont les risques du protectionnisme ?
Les risques du protectionnisme

La tentation protectionniste est grande afin d’enrayer le déclin industriel ou de réduire le déficit extérieur. Mais les risques doivent être mesurés. Quels sont ces risques ? Et qui les encourt ?
Des risques pour l’économie nationale :

Le protectionnisme freinant les échanges et, de fait la concurrence, ralentit l’innovation et la recherche. Il devient ainsi un frein au développement économique et pénalise la croissance.
Face à moins de concurrence, le système productif vieillit et prend du retard technologique. Et, à long terme, pénalise la compétitivité hors prix et menace l’emploi qualifié.
Devant de tels obstacles aux échanges, les autres pays pourraient prendre des mesures de rétorsion à leur tour, ce qui réduirait les échanges entre les Nations et contribuerait à un ralentissement de la croissance.
Des risques pour les entreprises :

Moins de débouchés extérieurs, donc diminution de l’activité car les carnets de commandes sont moins remplis. Les entreprises peuvent voir leurs profits baisser ainsi que leurs investissements. Les entreprises sont moins incitées à innover face à une concurrence affaiblie.

Des risques pour les consommateurs :

Les produits importés sont plus coûteux. Ils provoquent une perte du pouvoir d’achat des ménages les plus fragiles, accentuent les inégalités entre ceux qui ont une propension forte à consommer et ceux qui ont une propension forte à épargner.
Le choix de consommation des consommateurs se trouve limité sur le marché.









15 janv. 2012

T V A sociale : instrument de compétitivité risqué !



L’année 2012 commence aussi mal que s’est terminée l’année 2011. La récession guette notre économie, le chômage atteint la barre des 10% de la population active, la désindustrialisation s’accélère et le déficit du commerce extérieur ne cesse de poursuivre sa dégradation, atteignant désormais les 70 Milliards d’euros. Face à ces maux économiques, l’idée d’alléger le coût du travail en finançant la protection sociale par une hausse de la TVA, fait son retour sur la scène politique. Notre protection sociale trop coûteuse, serait à l’origine de la perte de compétitivité de nos entreprises, les empêchant d’exporter, de produire en France et d’embaucher.






La TVA, impôt injuste mais très rentable, présente alors de nouvelles possibilités de financement.
De prime abord, la TVA n’a rien de social en soi. L’épithète sociale, n’est là que pour rappeler qu’elle pourrait financer la sécurité sociale en se substituant aux cotisations sociales. Le principe est d’augmenter la TVA pour financer la protection sociale et de diminuer en contrepartie les charges sociales des entreprises. Il s’agit donc d’abaisser le coût du travail en finançant notre modèle social par la consommation. Or un tel transfert cherchant à restaurer la compétitivité prix des entreprises françaises, comporte des risques non négligeables qui pourraient limiter son efficacité dans une période de crise. Augmenter le taux normal de TVA de 1.6 points tout en diminuant les cotisations sociales doit permettre de réduire le coût du travail et de rétablir la compétitivité des entreprises exportatrices produisant sur le territoire français, à condition que cette baisse soit entièrement répercutée sur les prix des biens et services. Or l’exemple du secteur de la restauration en 2010 tend à prouver le contraire. Les entreprises choisissent parfois de maintenir leurs prix et de renforcer leurs marges. Dès lors ne faudrait-il pas conditionner les allègements des charges sociales à une baisse obligatoire des prix afin de préserver le pouvoir d’achat des ménages ? Compte tenu des écarts de coûts du travail entre la France et les pays émergents pratiquant le dumping social ou le dumping monétaire, la hausse de la TVA ne suffira pas, malgré le renchérissement des produits importés, à décourager les délocalisations, si ce n’est alors qu’au prix de taux de TVA exorbitants. Pour que le surcroît de compétitivité des entreprises nationales sur le marché domestique soit vérifié, il faudrait qu’il y ait un vrai tissu industriel domestique. Or la France n'a pratiquement plus d'industrie dans les secteurs : du textile, de l'équipement de la maison, ou encore dans l'électroménager. La plupart de ces produits viennent de Chine car nos entreprises ont fermé leurs portes depuis la fin des années 1990 ! Depuis le taux de pénétration des importations dans la demande intérieure n'a cessé de s'élever et la hausse de la TVA ne fera que pénaliser les ménages les plus fragiles par la hausse des prix des produits de consommation courante.
Contrairement à la baisse des charges, la répercussion de la TVA sur la hausse du niveau des prix est immédiate. Elle contribuerait ainsi, à court terme, à une hausse généralisée des prix et à une perte du pouvoir d’achat des ménages les plus fragiles. Et de fait, elle réduirait la consommation dans une période où les entreprises cherchent de la croissance sur le marché domestique. Elle accentuerait les inégalités entre les ménages qui ont une forte propension moyenne à consommer et ceux qui ont une forte propension moyenne à épargner. Cet affaiblissement de la consommation dans un contexte d'austérité généralisée, pourrait aggraver le chômage, le temps que nos exportations couvrent nos importations. Mais faut-il sacrifier le pouvoir d'achat aujourd'hui pour que notre industrie soit plus compétitive demain ?
L’effet "social " de la TVA reste encore trop incertain dans une croissance atone. Certes, elle peut avoir un effet positif sur le déficit du commerce extérieur au même titre qu'une dévaluation monétaire, mais ne règle pas le problème de fond de manque de compétitivité de notre économie.

Améliorer la compétitivité prix par la baisse du coût du travail afin de freiner les importations chinoises ou celles de l’Europe de l’Est, est un combat inégal, à moins que ne soit aussi intégré dans le calcul de la compétitivité prix, le coût du capital. L’accroissement de 5 points de la part des dividendes versée aux actionnaires ces dernières années, a aussi amoindri la compétitivité, obligeant les gandes entreprises à augmenter leurs prix pour maintenir leurs marges. N'a-t-on pas d'autres solutions possibles qu'une TVA sociale dès lors qu'il s'agit d'améliorer la compétitivité de nos entreprises et de financer autrement la protection sociale ? Par ailleurs, une telle dévaluation fiscale néglige la deuxième dimension de la compétitivité, celle de la qualité, qualifiée de compétitivité hors prix qui reste encore un atout de notre économie. C’est sur celle-ci, que doit se fonder la politique industrielle pour mieux affronter la concurrence. L’élaboration d’une stratégie industrielle de différenciation par la qualité de nos produits s’appuyant sur le développement de l’innovation, de la recherche, de la formation et de l’éducation semble être une arme économique et sociale de longue portée plus sûre, plus efficace pour lutter contre le dumping social tout en préservant le pouvoir d'achat. En effet, si les exportations des produits français deviennent plus riches en innovation technologique, les importateurs deviendront moins sensibles aux prix. La compétitivité hors prix, en valorisant le travail, contribuerait à la recomposition et à la relocalisation de nos usines, contrairement à la compétitivité prix qui le précarise pour rendre plus performantes nos entreprises. La compétitivité de notre industrie ne peut pas se réduire à une course effrénée à la baisse des prix et à celle du coût du travail. Au contraire, l'avenir industriel doit se construire sur une compétitivité par la qualité, l'innovation et la compétence professionnelle avec des salaires conséquents permettant d'acheter français. C'est le développement du producteur/entrepreneur qui doit être valorisé avant celui de l'actionnaire. Or, la TVA "sociale" en ne s'interessant qu'au second pourrait fragiliser la relocalisation industrielle.

Faut-il une TVA sociale ? Entretien avec Thomas... par alternativeseconomiques