29 mars 2008

La baisse du chômage : une fausse joie ?

La baisse du chômage : une fausse joie ?

Le taux de chômage semble confirmer sa descente pour tomber récemment en dessous de la barre symbolique des 8% de la population active en 2008. Le plein emploi serait-il alors pour bientôt ?


Si pour certains l'heure est donc à l’optimisme, la conjoncture économique pourrait bien assombrir cette timide éclaircie, déjà voilée par la crise des crédits hypothécaires et les risques d’une récession mondiale attendue. Toute réjouissance prématurée devant la baisse du taux de chômage semble donc à écarter.
Mais s'il y a bien une baisse réelle du chômage en France en 2008, elle renvoie surtout à un retournement démographique depuis 2005, et s'explique aussi par une poussée substantielle des emplois précaires créés par une croissance encore très fragile. Ces deux phénomènes pourraient assombrir l’optimisme des chiffres du chômage.
Depuis 2007, il y a en effet davantage de salariés qui sortent du marché du travail que de jeunes qui y entrent, une tendance qui devrait se poursuivre pendant plusieurs années.
Désormais le chômage peut diminuer dès que l’emploi progresse contrairement aux situations dans le passé. Le volume d’emplois qui se dégage chaque année semblerait suffisant pour fournir du travail aux nouveaux arrivants dans la vie active.Et la croissance, bien qu’encore fébrile arrive à créer un volume d’emplois qui intègre ces nouveaux entrants sur le marché du travail.

Ce renversement démographique de la population active dû à des départs massifs à la retraite est une bonne nouvelle pour l’emploi.
Mais la question du financement des retraites n'en devient que plus inquiétante. La quantité d’emplois reste insuffisante pour supporter la charge des seniors retraités. Le rapport entre cotisants et retraités diminue fortement, et risque d’alourdir la charge financière qui pèse sur chaque cotisant. Celle-ci devrait d'ailleurs s’alourdir davantage, dès lors que les départts à la retraite des fonctionnaires ne seront remplacés qu'à raison d'un sur deux.

Cette baisse démographique du chômage met en péril le financement des retraites et accrédite l’allongement de la durée des annuités de cotisation à 41 ans d’ici 2012.
Mais en retardant ainsi les départs à la retraite, n’aggraverait-on pas aussi le chômage ?
Travailler plus longtemps pourrait bien ralentir la descente du taux de chômage et modifier l’effet d’aubaine du renversement démographique de la population active sur l’emploi.

De plus, aujourd’hui ce volume d’emplois créés, se compose pour une grande partie d’emplois de services de proximité à faible pouvoir d’achat. Ces nouveaux emplois précaires affaiblissent une grande partie de la consommation des ménages. Or faute de demande soutenue, les entreprises compriment leur coût du travail pour trouver des débouchés supplémentaires, et limitent ainsi les potentialités de hausse du pouvoir d’achat. Ce qui réduit les perspectives de croissance et aggrave le chômage. En outre, la précarité de ces nouveaux emplois accentue les inégalités sociales et accélère la paupérisation de tout un pan de la population active.
Peut-on légitimement se réjouir d’une baisse du chômage qui paupérise de plus en plus d’actifs ?

24 mars 2008

La régulation de l’économie par l’Etat

« L’Etat est devenu trop grand pour les petits problèmes et trop petit pour les grands problèmes »



L’activité économique repose sur les trois rouages suivants : Production-Répartition-Consommation. Ce sont les trois moteurs de notre économie. Parfois ils se dérèglent et peuvent être en panne. Très souvent il faut effectuer leur réglage.

Mais qui peut faire ce réglage de l’activité économique ?


Pour les économistes libéraux, ces trois rouages s’autorégulent par la main invisible : le Marché. Les déséquilibres ne sont pas durables, ils finissent finalement par se corriger eux-mêmes grâce à la concurrence et à la flexibilité des prix. Mais la réalité économique nous démontre que cette régulation par le marché n’est pas suffisante et reste purement théorique. D’où l’intervention de l’Etat pour régler les moteurs de notre économie.
Pour les économistes Keynésiens l’Etat doit intervenir dans les domaines économiques et sociaux. Cette intervention se fait par la politique économique.

L’intervention de l’Etat à travers sa politique économique ….

- Qu’est-ce que la politique économique et quels sont ses objectifs ?

La politique économique est l’ensemble des décisions, mesures prises par les pouvoirs publics (Gouvernement) pour orienter, influencer l’activité économique en vue d’atteindre certains objectifs.



- Les différentes formes de la politique économique :

La politique économique se compose d’une dimension conjoncturelle et une dimension structurelle.

La politique conjoncturelle est une politique à court terme visant à orienter l’activité économique vers le carré magique (N. KALDOR) : résumant la situation conjoncturelle d’un pays à partir de quatre indicateurs : le taux de croissance du PIB, le taux d’inflation, le taux de chômage et le solde de la balance des transactions courantes en % du PIB (commerce extérieur). Ces quatre indicateurs dont la représentation graphique constitue les quatre côtés d’un carré, correspondent aux quatre objectifs fondamentaux de la politique économique conjoncturelle.

La politique structurelle est au contraire une politique économique au long terme visant à modifier durablement la structure ou l'organisation de l'économie d'un pays ( comme la politique industrielle, de la recherche, politique de la concurrence, la réforme du contrat de travail...Privatisations...).


- La représentation des résultats de la politique économique conjoncturelle de la France en 2008 : un carré magique déformé...


Ce carré est qualifié de magique car l'expérience et les faits économiques prouvent qu'il est très difficile d'atteindre simultanément les quatre objectifs. Certains objectifs s'opposent comme l'inflation et le chômage par exemple : une baisse de l'inflation provoque une hausse du chômage et inversement.

Il existe deux grands types de politique économique conjoncturelle : une politique de relance (France en 1982) et une politique de rigueur. La politique de relance, d'inspiration Keynésienne, priviligie les objectifs de lutte contre le chômage et de stimulation de la croissance grâce à une politique budgétaire visant à soutenir la demande au prix d'un déficit budgétaire. Cependant en voulant atteindre ces deux objectifs, cette politique déforme le "carré" car elle favorise l'inflation et détériore le commerce extérieur. La politique de rigueur quant à elle priviligie la lutte contre l'inflation ( politique monétaire de la Banque Centrale Européenne) , l'équilibre budgétaire et la réduction du déficit de la balance commerciale. En voulant atteindre ces deux objectifs, cette politique freine la croissance ainsi que les emplois durables et donc modifie ce "carré". Mais dans un contexte de mondialisation de l'économie les gouvernements ont-ils encore suffisamment de marges de manoeuvre pour conduire la politique économique?






21 mars 2008

Faut-il craindre l'inflation ?


La flambée du prix du pétrole, des céréales et du lait dans une conjoncture secouée par la crise financière des crédits hypothécaires, fait valser les étiquettes des produits de consommation courante. Dans ce contexte, l’inflation pourrait bien resurgir en 2008. En effet, le taux d’inflation, en ce début d’année, se situe autour de 3,3%, niveau jamais atteint depuis 1992 même si l'on est bien loin des taux de 10% dans les années 80 .
Cette poussée de fièvre inflationniste reste encore contenue, mais elle pourrait bien vite s’étendre à l’ensemble des produits. Alors faut-il craindre un retour de l’inflation ? Si oui, quels pourraient en être les risques ?
Il n’y a pas lieu de s’inquiéter tant que la hausse généralisée et durable des prix n’enclenche pas les trois rouages suivants.
La hausse actuelle des prix est plutôt liée au rouage de la demande à l’égard de certains produits. La poussée des prix des matières premières et des produits agricoles, s'explique par un niveau de demande bien supérieur à l'offre, et provoque selon les mécanismes du marché un ajustement des prix à la hausse. Ce rouage ne porte, pour le moment que sur le quart de l’ensemble du panier de produits pris en compte par l’INSEE pour calculer l’indice des prix.
Cette fièvre inflationniste reste faible, car les deux autres rouages de l’inflation ne sont pas activés. Celui de la quantité de monnaie en circulation semble être bien contrôlé par la Banque Centrale Européenne grâce à ses taux d’intérêt élevés.
Quant au troisième, celui de la progression des salaires, il est au point mort. Il est donc peu probable qu’il amplifie, par son mécanisme, la fameuse spirale hausse des salaires-hausse des prix qui provoque l’inflation par les coûts.

Alors pourquoi s’inquiéter d’un retour de l’inflation ?

Il y a pourtant, quelques craintes à avoir. La première raison est que cette petite fièvre s’est déclenchée à un mauvais moment. L’état de santé de notre économie est encore fébrile : une croissance du PIB qui a du mal à dépasser les 2%, un déficit du commerce extérieur qui s’aggrave de plus en plus, un taux de chômage qui peine à descendre en dessous de la barre des 8%, un pouvoir d’achat toujours en berne et une dette publique qui dépasse les 64% du PIB.

Elle arrive en outre au moment où la crise financière immobilière oblige désormais les banques à limiter leurs crédits. Ce qui va freiner les investissements des ménages et donc ralentir l’activité économique globale.
De plus, elle vient aggraver la dégradation du pouvoir d’achat des ménages. En effet, le pouvoir d’achat étant déjà très peu progressif, la moindre hausse des prix, aussi mesurée soit-elle, amplifie encore plus la douleur. Les victimes sont les ménages aux revenus moyens, les fonctionnaires, les retraités dont les pensions sont revalorisées avec du retard, et les salariés d’entreprises exposées à la concurrence étrangère ou à une forte élasticité de la demande par rapport aux prix. Certains ménages sont donc obligés de réduire leurs dépenses alimentaires pour pouvoir finir leur fin de mois, d’autres puisent dans leur épargne pour maintenir leur niveau de vie. C’est une petite fièvre, certes, qui malheureusement dans ce contexte, accentue davantage les inégalités sociales et développe un sentiment réel d’injustice par rapport aux profits records de certains entrepreneurs du CAC40.
Mais le risque majeur, c’est que cette situation pourrait brider le moteur de la consommation qui jusqu’à présent, est le seul à tirer la croissance.
La crainte de l’inflation renforce la vigilance monétaire de la Banque Centrale Européenne afin d’éviter tout dérapage des prix et des anticipations inflationnistes. Elle continue de maintenir des taux d’intérêt élevés malgré un euro fort ( lien sur l'euro fort) et une récession économique annoncée.
Ce regain d’inflation empêche toute distribution supplémentaire de pouvoir d’achat de peur de généraliser la hausse des prix et d’activer le troisième rouage de l’inflation. La lutte contre l’inflation redeviendrait ainsi la priorité économique au détriment de la croissance et de l’emploi.
Mais doit-on accepter moins de croissance et d'emploi pour faire baisser la fièvre inflationniste, ou au contraire, avoir un peu d'inflation pour moins de chômage et plus de croissance?
Faudrait-il craindre davantage l’inflation que le chômage... ?
PS : voir sur la barre latérale du blog le petit diaporama sur l'inflation. Plus vidéo (lien) flêche précédente au dessus de la barre d'adresse pour retourner au blog)