21 déc. 2008

La Crise en trois Actes...


Acte I Les causes - Acte II Les conséquences - Actes III Les solutions possibles

La crise financière que nous vivons actuellement est la crise la plus grave d’après
guerre. Les gouvernements sont inquiets et nous parlent de « crise des liquidités », et de récession voire même de risques de déflation.
Des milliards ont été débloqués et injectés dans l’économie pour sauver les banques de la faillite 360 Mds d’€ pour l’Europe, et 800Mds de $ pour les USA. Mais aujourd’hui c’est l’économie réelle qui à son tour est secouée par le séisme financier : crise dans les secteurs automobiles, BTP/IMMOBILIER, chômage en forte hausse…..crédit rare…
Les états réagissent, ils redeviennent tous interventionnistes à travers les différents plans de relance qu’ils mettent en œuvre.
Deux ans suffiront-ils pour sortir notre économie de ce cycle dépressif qui est parti de la finance ?
Mais quelles ont été les causes de cette crise ? Quels en sont les effets sur notre économie et comment s’en sortir, sont là des questions que nous nous posons tous. C’est à partir ces trois interrogations que nous vous présenterons la « crise en trois actes ».
















Dans notre imaginaire collectif le concept de « crise financière » est souvent flou. Si le citoyen pense intuitivement pouvoir en saisir les principaux traits, l’expérience montre que son approche des crises économiques reste souvent scolaire (crise de 1929) ou expérimentale (chocs pétroliers). De fait, parler de crise de liquidités, d’agences de cotations ou encore de titrisation, sont autant de termes abscons qui désorientent le citoyen pour qui une crise incomprise, n’en devient que plus terrible.

Les causes de la crise financière peuvent pourtant s’appréhender de façon simple. La recherche des causes structurelles de la crise mène à cette idée selon laquelle le système financier international portait en lui, les germes de son propre effondrement (I). La gestion du niveau du crédit par la banque centrale américaine permet de comprendre le basculement conjoncturel d’un état de dynamisme économique, à une situation faillite des marchés financiers (II).


1. Un marché financier porteur des germes de sa propre crise :

1.1 Sous-évaluation et transferts des risques ou comment ouvrir les vannes du crédit…


Les marchés financiers ne fonctionnent pas selon les règles des marchés classiques.

Sur un marché classique, la régulation se fait par les prix, selon la loi de l’offre et de la demande. Si les prix montent, les acheteurs se font plus rares, et cette raréfaction des acheteurs incite les offreurs à baisser leurs prix afin de reconquérir leurs clients initiaux. L’ajustement du marché classique des biens et des services se fait donc par le prix, qui y joue le rôle de régulateur.




Sur les marchés financiers, l’agent économique n’achète pas, il place ; ainsi, lorsque le prix d’un titre boursier augmente, sa demande augmente. Plus le prix d’un actif financier augmente, plus il attire d’acquéreurs ; et plus il attire d’acquéreurs, plus sa valeur sera tirée à la hausse. Le marché financier ne s’autorégule pas, sa croissance est théoriquement infinie, toutes choses égales par ailleurs, et si aucune crise ne survient.




En outre, contrairement à un marché classique, un prix trop élevé ne décourage pas le recours au crédit, mais l’encourage. Plus les prix d’un actif financier augmentent, plus l’investisseur a intérêt à recourir à l’emprunt pour se le procurer, et plus il emprunte, plus le prix des actifs financiers augmente.
Dans cette logique, les prix ne peuvent pas réguler le marché. Pire, ils sont partie prenante à ce cercle vicieux où la hausse des prix appelle l’augmentation des crédits, et où l’augmentation des crédits appelle la hausse des prix.

C’est donc le crédit qui est à l’origine de la crise financière actuelle, dans la mesure où l’octroi de crédit permet l’emballement du système financier.

Dans une phase de croissance économique, les banques ont tout intérêt à prêter massivement. Plus une banque prête, plus elle fait travailler son capital, et plus elle accroît sa rentabilité sur fonds propres. Dans un système où les actionnaires des banques cherchent à maximiser leurs dividendes, les banques sont donc tenues de prêter autant que possible, même si cela implique qu’elles s’endettent elles-mêmes. Prêter massivement implique alors de réduire d’autant le capital en réserve pour garantir les crédits accordés. Aussi existe-t-il une ligne rouge, à savoir un stock de capital minimal immobilisé et en dessous duquel la banque ne peut accorder davantage de prêts.

Or, la gravité de la crise actuelle tient à ce que cette ligne rouge a été très largement franchie. Les banques ont prêté bien au-delà de ce qu’elles pouvaient garantir, afin de rentabiliser au maximum leur capital. En réalité, si le niveau de crédit a pu atteindre de tels sommets, au point de provoquer par la suite une terrible crise de liquidités, c’est grâce au développement de l’ingénierie financière qui a mis en place un système permettant à la fois de diluer et de transférer les risques liés au crédit. Ce système repose sur trois piliers.


Le premier pilier consiste à garantir la dette des acquéreurs d’actifs sur la valeur de marché, des actifs en question. En d’autres termes, la valeur du titre financier fait office d’assurance pour le banquier. Si le titre est stable et si sa valeur augmente de façon régulière, le banquier considère alors que c’est là une garantie solide. Dans cette logique, la dette et le risque de celui qui souscrit au crédit paraissent très faibles, puisque la valeur de ses actifs croît bien plus rapidement que le taux d’intérêt de son crédit. Attendu que le banquier prend pour indicateur les valeurs du marché, il est conduit à minimiser un risque pourtant bien réel !

Le second pilier de ce système, plus complexe, fait appel au mécanisme de l’assurance. Les banques s’achètent et se vendent entre elles, les risques liés aux crédits qu’elles détiennent à l’actif. Une banque A achète ainsi à une banque B une protection contre le risque d’un ou de plusieurs crédits inscrits à son bilan, moyennant des primes de montant variable, versées périodiquement. Le vendeur de protection augmente ses avoirs, et par là même sa capacité à prêter, sans que cela ne lui coûte rien, si, bien entendu, aucun accident de crédit n’a lieu. C’est donc là un mécanisme assurantiel dans sa forme la plus classique ; pour l’assureur, les primes reçues sont purs bénéfices, si aucun accident ne survient.

Le problème d’un tel système tient cependant, à ce que l’acheteur de risque n’est pas tenu de mettre en réserve un stock de capital destiné à garantir le prêt qu’il est supposé couvrir. Or, si un des emprunteurs de notre banque A venait à faire défaut, ce serait pourtant la banque B qui devrait acquitter en capital la valeur de son prêt… S’il s’agit d’un ou deux mauvais payeurs ça n’est pas très grave, la banque B trouve des liquidités ; s’il s’agit en revanche de milliers de mauvais payeurs, la banque B est ruinée, et elle entraine dans sa ruine, la banque A.

Pour la banque A, acheter une protection lui permet de se débarrasser du risque inhérent à son crédit, donc de réduire ses immobilisations de capital, et elle peut ainsi débloquer de nouveaux fonds, pour accorder de nouveaux crédits, crédits pour lesquels elle souscrira à une nouvelle protection et ainsi de suite. Pour la banque B, assurer un crédit d’une autre banque s’avère très risqué ; mais si elle parie à court terme sur une forte croissance, et des crédits, et des prix des actifs financiers, elle a tout intérêt à prendre ce risque.

Ce phénomène du transfert de risque a donc conduit à une véritable explosion du crédit et à une envolée du prix des actifs. Plus grave, il a aussi conduit à une diminution de la couverture en capital des banques


Le troisième pilier de ce système financier est celui du nouveau mode d’évaluation des risques liés au crédit. Jusqu’aux années 1990, pour accorder un crédit la banque regardait avec soin le dossier du candidat, ses revenus, ses autres crédits en cours, etc. Désormais, le banquier prend sa décision à partir de modèles mathématiques de risques de crédits qui, certes prennent toujours en compte les revenus de celui qui souscrit au crédit, mais qui y intègrent aussi pléthore d’autres paramètres, parmi lesquels la valeur des actifs financiers. Or, vu que les actifs financiers sont à la hausse, les banques ont tendance à sous-évaluer le risque, et à minimiser le stock de capital qu’elles vont conserver au passif pour couvrir le crédit en question. Les banques sont donc incitées à réduire leur montant de capital et à accroître leur volume de crédit.

Ce nouveau système qui régit les banques d’affaires est donc particulièrement dangereux dans la mesure où celui qui accorde le crédit n’en supporte plus le risque. En outre, celui qui accorde le crédit, n’a aucune raison d’évaluer correctement le risque, car non seulement cela coûte cher, mais en outre il sait qu’il va le transférer ! Ce système repose donc sur une logique où le volume de crédit prime sur la qualité des prêts.

Ce même système a été appliqué de façon massive au marché de l’immobilier américain…

1.2 La question des subprime

Le subprime désigne un crédit hypothécaire accordé à un emprunteur jugé à risque et gagé sur la valeur de son bien immobilier.

Les banques d’affaires américaines ont massivement racheté des crédits immobiliers pariant sur une augmentation constante du marché immobilier. Ces prêts sont ensuite regroupés en pools, c'est-à-dire en lots, de 1000 ou 2000 crédits et convertis en actif financiers. Regrouper des crédits entre eux était censé permettre, en vertu de la loi des grands nombres, d’obtenir des titres au rendement globalement moins variable que des crédits pris individuellement. C’est ce que l’on appelle la titrisation. Ces titres sont ensuite proposés comme placements à des investisseurs.

Le système des subprime était en fait une mécanique bien huilée.

En bas de la chaîne, se trouvaient les courtiers qui démarchaient les citoyens américains pour leur proposer des crédits hypothécaires. Le citoyen américain issu des classes populaires, désireux d’accéder à la propriété, souvent peu au fait des subtilités du crédit immobilier, était ainsi confronté jour et nuit à des représentants de commerce qui lui envoyaient des publicités dans sa boite aux lettres, le démarchaient par téléphone et allaient même jusqu’à frapper à sa porte le dimanche pour lui proposer des crédits immobiliers à des taux extrêmement attractifs. S’il souscrivait, son crédit lui était accordé dans l’heure, et il emménageait dans les trois jours ! Face à cela, il lui fallait faire preuve d’une force morale toute particulière, pour ne pas céder.

Les crédits ainsi contractés étaient ensuite revendus aux banques d’affaires moyennant commissions. Ces banques, regroupaient les crédits hypothécaires en pools, et les revendaient sous forme de titres financiers sur les marchés, en prenant une commission. Tout en haut de la chaîne se trouvaient les investisseurs, attirés par des titres au rendement substantiel, sans d’ailleurs jamais se demander pourquoi ces titres qui présentaient le même risque que des obligations, offraient un rendement pourtant supérieur… La titrisation permettait donc aux banques de transférer la créance à un investisseur et d’accorder ainsi de nouveaux crédits…


Un tel système avait donc des allures d’usine à gaz, car tout reposait sur une hausse continue, et du niveau des crédits, et des valeurs des titres ; la hausse du niveau des crédits entrainant la hausse des valeurs des titres et inversement.

2. Le basculement dans la crise

2.1 Les années 2000-2004 ou la politique expansionniste de la Fed


Au lendemain de la crise asiatique de 1997, les Etats-Unis ont connu une crise boursière d’ampleur moyenne qui a eu pour conséquence de mettre en difficulté les entreprises qui avaient fortement investi, au cours des années 1990, dans les Technologies de l’Information et de la Communication (cf. bulle Internet). La Banque Centrale américaine s’était alors engagée dans une politique délibérément expansive pour désendetter ces entreprises. Alan Greenspan a donc maintenu les taux d’intérêt à un niveau historiquement bas, aux environs de 1%.

Le taux d’intérêt étant particulièrement bas, le recours au crédit était facilité et il s’est donc fortement accru, entrainant dans son sillage les actifs financiers. Cette explosion du crédit a ainsi permis une expansion massive du marché de l’immobilier. Dans un système où la valeur des actifs dépend massivement du nombre de crédits accordés et inversement, et où le risque est dilué, les banques ont naturellement accordé des prêts immobiliers de plus en plus risqués ; au pire pensaient-elles la valeur du bien immobilier couvrirait le défaut de paiement de l’emprunteur.

L’expansion du crédit a ainsi permis une hausse spectaculaire du marché de l’immobilier aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, où les prix ont augmenté de plus de 60% depuis 1998.

Un tel système fonctionnait parfaitement jusqu’à ce que, à partir de mai 2004, la Fed remonte lentement ses taux directeurs.

2.2 La remontée des taux directeurs comme élément déclencheur de la crise

Le basculement ne s’est pas fait en une journée, et ce, pour plusieurs raisons. D’une part, les taux directeurs sont remontés progressivement, en raison des risques inflationnistes qui pesaient sur l’économie américaine. D’autre part, les pays asiatiques, mais aussi la Chine et les Etats du golfe, ont continué à placer leurs excédents commerciaux aux Etats-Unis. Les marchés américains ne craignaient donc pas la crise de liquidités et le flux du crédit était toujours approvisionné. L’expansion du crédit a ainsi continué pour un temps.

A partir de 2006, la poursuite d’une politique de hausse des taux d’intérêt révèle les premières failles du système. Les crédits subprime étant accordés à taux variables, cela impliquait de renégocier le taux du contractant au bout de trois ans. Les premiers défauts de paiement se font donc sentir et réduisent d’autant les stocks de liquidités des banques. De plus, les taux d’intérêts étant plus élevés, le crédit se renchérit et cesse progressivement d’augmenter. La baisse du niveau des crédits a alors entrainé une baisse progressive de la valeur des titres financiers et ainsi de suite. Face à ces premiers signes avant-coureurs de 2006, le système s’est engagé dans une logique de fuite en avant comme un malade qui nierait sa propre maladie. La titrisation s’est poursuivie et les agences de notations continuaient à noter les titres adossés aux subprime comme des titres sûrs pour attirer de nouveaux investisseurs et ce jusqu’au printemps 2007, où il était devenu impossible de nier l’évidence.


Les agences de notation ont alors déclassé les titres, les investisseurs ont cessé d’acheter, les prix des titres financiers ont chuté et tous les acteurs du système ont réalisé à ce moment là qu’ils s’étaient surexposés. Les liquidités viennent à manquer, les premières faillites apparaissent et les banques de second rang s’effondrent une à une comme des dominos.

Les banques plus solides, quant à elles, ont dans un premier temps affiché des pertes record (dernier trimestre 2007 et premier et second trimestre 2008) avant qu’en septembre 2008 elles ne fassent savoir qu’elles n’avaient plus assez de capital pour faire face à tous les défauts de crédit. Le 15 septembre 2008, le « lâchage » et la faillite de Lehman Brothers ont donné le coup d’envoi à la crise financière mondiale que nous connaissons aujourd’hui…


ACTE II....



































































La crise en trois actes : Acte II






LES CONSEQUENCES DE LA CRISE FINANCIERE








I- LES CONSEQUENCES AU NIVEAU MONDIAL


A- LES CONSEQUENCES FINANCIERES

Le FMI a qualifié la crise actuelle de « choc financier le plus dangereux depuis les années 30 ».
Cette crise financière touche d’abord les banques, qui fournissent à l’économie son oxygène, le CREDIT.

Les banques ne se font plus confiance et n’arrivent donc plus à se financer entre elles, ce qui assèche le crédit aux Etats-Unis et dans le monde entier.

RATIONNEMENT DU CREDIT (« credit crunch ») :

En effet, les banques se sont endettées massivement, en distribuant des crédits et actuellement elles doivent donc se recapitaliser et en même temps réduire les crédits distribués. Donc il y a moins de crédits distribués aux ménages et aux entreprises, et les banquiers sont plus réticents à prêter, surtout sans apport personnel pour des crédits immobiliers. Actuellement les jeunes ménages désirant un prêt immobilier sont les plus touchés et les taux d’intérêt ont eu plutôt tendance à remonter, malgré les baisses récentes des taux de la BCE (taux BCE au 5/12/08 = 2,5 %).

Les PME ont des problèmes de financement de leur trésorerie, d’autant plus qu’elles sont déjà endettées (baisse de l’autofinancement cette année).

CRISE DE LIQUIDITES ET RESTRUCTURATION BANCAIRE :

Pour les pays industrialisés

Dès la faillite retentissante de la banque d’investissement Lehman Brothers aux E-Unis, on assiste à toutes les interventions publiques possibles pour éviter l’effondrement du système bancaire mondial et de l’ensemble de l’économie.
Il faudra un mois pour stabiliser la situation malgré les milliers de milliards de $ déboursés sans que l’on soit sûr que le système soit complètement assaini.
En fait la décision de laisser couler Lehman a été le déclencheur des difficultés de toutes les autres banques dans le monde (effet domino).
Les banques sont alors dans un double piège :

- une incapacité à se financer à court et moyen terme (crise de liquidités) ;
- une incapacité à trouver des investisseurs qui n’ont plus confiance (crise de capital).
-
En même temps, la dépréciation de leurs actifs entraîne des pertes en capital sans compter la chute de leurs cours de bourse, bref leur existence est menacée.
Deux jours après Lehman, des banques britanniques font faillite et sont nationalisées par l’Etat ou rachetées par des concurrentes.

Devant cette situation, le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson lance un PLAN (Plan Paulson) d’urgence (18 septembre 2008) : l’Etat américain propose 700 milliards de $ pour racheter les créances « pourries » détenues par les banques. Le plan prévoit aussi que l’Etat puisse entrer au capital des banques ; que la procédure d’aide des banques soit encadrée démocratiquement et que les rémunérations des dirigeants soient réduites (pas de parachutes dorés). Ce plan, après de longues discussions et des refus de vote, sera finalement accepté et voté début octobre.

En même temps le gouverneur de la réserve fédérale américaine commence à baisser les taux d’intérêt (ils sont passés de 5,25 % à 1 % actuellement).
Les autres banques centrales des pays développés réagissent aussi en injectant des milliards de $ et d’€ dans les banques pour qu’elles se refinancent ; en octobre elles se concertent pour baisser ensemble leur taux directeur.

En octobre, Paulson a débloqué 250 milliards de $ pour recapitaliser les banques américaines, d’autres pays comme la Suisse, l’Inde, l’Australie… établissent des plans d’intervention dans leurs banques : total = 3 000 milliards de $ pour sauver le système bancaire mondial.

Actuellement, les banques d’affaires de Wall Street ont disparu, mais d’autres banques américaines ont fusionné et sont devenues des poids lourds de la finance (Bank of America et JP Morgan).

Mais ce sauvetage des banques a un coût : l’économie américaine est surendettée et il y aura des ajustements à faire.

En ce qui concerne la situation européenne, la 1ère place financière mondiale est Londres et il est donc vital pour les Britanniques que le système financier mondial retrouve son dynamisme, ce qui explique la rapidité du sauvetage des banques par le gouvernement britannique.
Les banques anglaises ont donc été sauvées de justesse de la faillite et ont été nationalisées, ce qui aurait été impensable à l’époque de Mme Thatcher !!!
La crise entraîne une restructuration du paysage bancaire européen avec des regroupements : la BNP a repris FORTIS (belge et néerlandaise) et devient ainsi le n° 1 européen, mais sans prétendre pour autant dominer la finance mondiale qui va certainement rester influencée par les Etats-Unis.

On pourrait croire, comme le ministre allemand des finances, que les E-Unis vont « perdre leur statut de superpuissance financière » ; en fait, les décisions prises aux E-Unis vont certainement continuer à influencer celles qui seront prises dans le reste du monde (voir la réunion du G20 du 15/11). Et le dollar reste la monnaie dominante de la finance mondiale, avec un taux de change qui résiste à la crise.

Pour les pays émergents : ils sont aussi touchés par la crise financière : les Bourses asiatiques ont connu de gros plongeons et la bulle spéculative de l’immobilier chinois est en train d’exploser (prix et ventes en chute libre) ; le dégonflement de la bulle immobilière se cumule au coup de frein sur les exportations et les investissements qui leur sont liés.

Les pays de l’Europe centrale et orientale sont très vulnérables, car ils dépendent de capitaux extérieurs pour leur économie : ils risquent le retrait des investisseurs : la Hongrie par exemple et l’Ukraine. Avec l’Islande, ces pays ont conclu des accords de prêts auprès du FMI, ainsi que le Pakistan et la Biélorussie. La Roumanie et la Bulgarie, les derniers rentrés dans l’UE, sont aussi en difficulté (déficits très importants, dette extérieure forte).

LE SCANDALE « MADOFF »

C’est une fraude « pyramidale » : les investisseurs d’hier sont rémunérés avec les dépôts de leurs successeurs et non avec les produits de leurs placements, ce qui offrait aux épargnants des intérêts très supérieurs à ceux du marché.
Le responsable de cette arnaque estimée à 37 milliards d’€ (50 milliards de $) est l’ex-président du Nasdaq, ex-membre de la SEC gendarme de la Bourse américaine !! Les premiers escroqués sont le gratin de la finance et les très grosses fortunes.
Déjà mise en cause pour ne pas avoir anticipé la crise des « subprime », la SEC est au premier rang des accusés (enquête en cours) ; en attendant, plusieurs banques européennes sont parmi les victimes de cette escroquerie (BNP, Natixis, Santander).

ENDETTEMENT DES ETATS

Où trouver tout cet argent nécessaire au sauvetage bancaire et au soutien de l’économie ?
Réponse : en empruntant sur les marchés financiers, en émettant des bons du Trésor aux E-Unis, ou des Obligations assimilables du Trésor (OAT) en France que peuvent acheter les investisseurs du monde entier. En zone euro, 30 % de titres seront lancés en plus en 2009 par rapport à 2008. Pour le moment, les investisseurs se ruent sur les dettes souveraines ou garanties par les états car il y a moins de risque de pertes.
Ces titres souverains sont si demandés que leur rendement (taux d’intérêt à payer) s’effondre : les états empruntent pour pas cher (2,5 % à cinq ans en France). Mais le risque est que les états soient obligés de s’endetter encore pour d’autres plans de sauvetage et de relance si l’économie ne redémarre pas ; et la charge de la dette s’alourdirait encore pour les générations futures.

B- LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES

En fait, la panique financière a fortement accéléré un ralentissement économique qui existait déjà avec le prix du pétrole et des matières premières en forte hausse.

► BAISSE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE MONDIALE : RECESSION

La plupart des économies européennes sont entrées en RECESSION (baisse du PIB) en cette fin d’année ; et les perspectives pour 2009 ne sont guère optimistes : il y aurait une reprise à la fin de l’année prochaine au plus tôt, les plus pessimistes ne voient pas de retour à la croissance avant la fin de l’année 2010. Dernière prévision au 17/12/2008 : la récession durerait 18 mois : le FMI prévoit la plus importante récession de l’après-guerre dans les pays développés.

Chiffres des prévisions : croissance zone euro 2009 = - 0,5 % ; E-Unis = - 0,9 %
Exemple : ventes de voitures neuves en Europe : - 25,8 % en novembre 2008.

La crainte la plus forte : c’est la DEFLATION : « mouvement de baisse des prix généralisé, durable et qui se transmet aux anticipations des agents » (INSEE) ce qui serait dévastateur de l’avis général des économistes : prévoyant une baisse des prix, les consommateurs diffèrent leurs achats, aggravant le repli de l’activité ; l’effet est accentué par l’impact sur l’endettement des agents (situation du Japon années 90).

En France actuellement, le risque de déflation est encore jugé minime par la plupart des économistes ; en effet, il reste un « noyau dur » d’inflation en excluant les produits à prix volatils (énergie, alimentaire frais, tarifs publics) qui est à un niveau élevé : hausse de 0,1 % en novembre, 1,9 % sur un an.

La déflation est redoutée, surtout aux E-Unis où la désinflation est très rapide.
Face à cette menace, la Réserve fédérale américaine a décidé d’abaisser ses taux directeurs entre 0 et0,25 %, c’est le plus bas niveau historique. Cette décision vise à rassurer les marchés au moment où le recul de l’inflation s’accélère.
Pour éviter la déflation en Europe, il faut que la BCE baisse rapidement ses taux d’intérêt, (2,5 % dans la zone euro).

MONDIALISATION DE LA CRISE

Les pays du Sud n’échapperont pas à la crise qui se propage par plusieurs canaux : les exportations : baisse de la croissance du commerce mondial ; la chute du prix des produits de base fragilise les exportateurs de matières premières. Toute l’Afrique et la majorité des pays d’Amérique latine ont leurs revenus extérieurs qui diminuent fortement.

La Russie, les pays de l’Europe de l’Est sont fortement touchés par la crise, on l’a vu au niveau financier ; la production a baissé de 9 % en Russie au mois de novembre et la baisse des cours du pétrole accentue les difficultés économiques.

Au niveau financier, il y a une plus grande méfiance des investisseurs envers les pays du Sud.

Le Japon est aussi touché avec une restructuration et des suppressions d’emploi dans l’automobile et dans le secteur hi-fi avec Sony .

II- LES CONSEQUENCES DE LA CRISE AU NIVEAU NATIONAL







A- LES CONSEQUENCES FINANCIERES

Pour les agents économiques : il s’agit principalement d’une baisse des crédits distribués aux ménages et aux entreprises. Les banques sont plus frileuses pour accorder leurs crédits et ont augmenté le taux d’intérêt pour les clients peu sûrs. Ce problème peut accentuer les difficultés des PME et TPE.
Une autre conséquence est la chute des cours de la Bourse qui entraîne une perte d’actifs pour les entreprises.

La récession va provoquer de nombreuses faillites d’entreprises qui vont fabriquer de nouvelles pertes bancaires. On peut donc craindre que la récession se nourrisse d’elle-même : l’insolvabilité des entreprises peut déclencher une nouvelle panique bancaire.

Pour l’Etat : augmentation de la dette publique, puisqu’il faut emprunter pour financer les mesures de relance économique et les aides aux entreprises en difficulté. Le remboursement de la dette est le 2e poste du budget de l’état après l’éducation.

B- LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES

→ AU NIVEAU MICRO-ECONOMIQUE (pour les agents économiques)

Pour les PME, l’assèchement du crédit leur fait courir un risque réel de faillite. Les entreprises de tous les secteurs sont concernées, malgré le plan français de soutien aux banques qui ne produit pas encore tous ses effets ; plus des trois quarts des banques avaient déjà durci leurs critères d’attribution de crédit aux entreprises au 3e trimestre.
Les entreprises renoncent donc à leurs projets d’investissement et d’embauches.

Les grandes entreprises sont pénalisées par leur fort niveau d’endettement (chute du taux d’autofinancement à 51 %) dû à l’effet de levier (rentabilité supérieure au taux d’intérêt), ce qui leur a permis ces dernières années de doubler les dividendes versés aux actionnaires.
Avec la récession actuelle, la chute des profits menace l’investissement, car les entreprises vont préférer satisfaire leurs actionnaires et différer leur décision d’investir.

Cette situation défavorable des entreprises a des répercussions sur l’ensemble de l’économie.

→ AU NIVEAU MACRO-ECONOMIQUE

HAUSSE DU CHOMAGE :
Prévisions : en zone euro : 8,6 % en 2009 (7,4 en 08) ; E-Unis : 7,3 % (5,7 en O8). Chiffre actuel en Fr ance : 7,3 %.

La baisse de l’activité dans certains secteurs comme l’automobile et le bâtiment entraîne du chômage partiel, des fermetures d’entreprises et des délocalisations. Les usines Peugeot ne produiront pas pendant un mois (du jamais vu depuis 1912), d’autres tournent au ralenti ; ceci se répercute sur tous les sous-traitants très nombreux dans ces 2 secteurs d’activité (Michelin…).
La dégradation des perspectives d’activité provoque aussi une baisse des embauches et les plus touchés restent les jeunes.
Cette hausse du chômage entraîne une baisse des revenus des ménages.

BAISSE DE LA CONSOMMATION ET DE L’INVESTISSEMENT

La hausse des prix du pétrole, des matières 1ères et des produits alimentaires au 1er semestre 2008 avait déjà entraîné une baisse des revenus et du pouvoir d’achat des ménages ; ce qui provoque systématiquement une baisse de la consommation.
Celle-ci représente en effet 65 à 70 % du PIB, la baisse de la consommation va donc entraîner une stagnation ou une baisse du PIB.

Des ménages travaillant dans le secteur privé sont touchés par une baisse des revenus (chômage ou chômage partiel) ; d’autres craignent pour leur emploi.
Cet état d’esprit incite peu à consommer ; les premiers postes touchés dans le budget familial sont donc les dépenses jugées moins prioritaires : loisirs, tourisme etc.

Les banques prêtent moins, donc les ménages consomment moins et achètent moins de logements ; les prix immobiliers chutent, les portefeuilles d’actions chutent (- 45 % en France) si bien que les ménages se sentent aussi moins riches = revenus en baisse, les ménages ne sont pas incités à consommer ; et encore ce sont les Américains les plus touchés par ces « effets de richesse » car eux n’ont pas épargné contrairement aux Français ; et le montant de leur retraite par capitalisation a baissé de 20 % depuis 15 mois.

Les entreprises anticipant une baisse de la demande annulent leurs projets d’investissements : VEOLIA vient d’annoncer un plan de réduction de ses investissements en même temps qu’une hausse de 10 % du dividende versé à ses actionnaires !

Avec le développement durable, il faut espérer que la crise permettra de relancer l’activité dans l’écologie et les économies d’énergie, que ce soit dans le bâtiment ou dans l’automobile.

► CRISE DE L’IMMOBILIER

Autre secteur touché fortement par la crise : l’IMMOBILIER. La baisse des prix a commencé et certains promoteurs sont en redressement judiciaire, les acheteurs potentiels préfèrent attendre que la baisse s’accentue, ce qui est prévu en 2009. Avec la flambée des prix, le nombre d’agences immobilières avait augmenté de + 10 000 agences en 10 ans ; beaucoup d’entre elles sont en difficulté.
Le secteur du BTP est donc frappé par la crise et il est prévu une chute du nombre de logements construits avec des suppressions d’emplois ; l’Etat français va apporter son aide à ce secteur économique.

Conclusion :
On voit donc bien le risque de « cercle vicieux dépressif » dans l’économie mondiale ; un spécialiste des prévisions, qui craint le risque de déflation, juge que « ce qui va se passer dans les 6 prochains mois sur le prix des actifs –immobilier et entreprises- est décisif » (X. Timbeau OFCE, Le Monde 17/12/08).

L’intervention des Etats est donc indispensable pour soutenir la demande globale par leurs propres dépenses, garantir les crédits et recapitaliser les banques.


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9 oct. 2008

Crise financière et récession


Après la tempête financière, le calme économique ? ( interview B. MARIS cliquez sur la caméra pour visionner la vidéo)


« Qui sème le vent récolte la tempête » dit l’adage…mais est-ce au contribuable de récolter les fruits d’une crise financière que seule la folie spéculative d’une poignée de financiers a contribué à semer ?
Les espoirs d’une reprise économique pour l’année 2009 en Europe et en France semblent perdus, à en croire les derniers chiffres de l’INSEE pour qui l’accroissement durable de la production globale prévue pour 2009 serait largement inférieur à 1%.




L’activité économique est donc entrée dans une phase de récession.
Soumis à de multiples chocs conjoncturels et structurels depuis le début de l’année 2008 : crise financière, crise immobilière, énergétique et agricoles, les trois rouages de la croissance se sont déréglés et bridés.


Le rouage du commerce extérieur qui pendant longtemps a tiré la croissance grâce aux exportations soutenues, se trouve sérieusement enrayé aujourd’hui, et son déficit dépasse les 48 milliards d’euros. La hausse de l’euro et la faiblesse de la compétitivité de nos entreprises en sont les principales causes.
Ce rouage fragilisé par la crise financière des USA, faute de demande suffisante, entraine alors dans son sillage les deux autres que sont l’investissement et la consommation.
L’investissement sous la pression de la hausse des taux d’intérêt est promis à un affaiblissement certain. La double crise financière et immobilière venue d’Outre-Atlantique provoque un surenchérissement du crédit et freine les investissements, plus particulièrement ceux de l’immobilier.
Or, les difficultés du marché immobilier, par effet de déversement, se propagent aux autres secteurs d’activité ce qui n’augure rien de bon en matière de lutte contre le chômage dont une nouvelle augmentation en 2009 retarderait la reprise économique qu’attendent l’ensemble des agents économiques.
La consommation, seul rouage à pouvoir tirer la croissance dans la conjoncture actuelle, s’est progressivement essoufflée et semble au point mort en cette fin d’année 2008.
Verrouillée par un pouvoir d’achat toujours en berne, il est peu probable, qu’elle puisse à elle seule, soutenir le redémarrage de la croissance économique en France.

La course effrénée au profit financier, dénuée de toute régulation étatique, n’est pas créatrice de richesses économiques. Les marchés spéculatifs sont au fond peu soucieux d’un développement économique qui les alimente pourtant.La libéralisation financière a créé une finance opaque, complexe, où les banques ne contrôlent plus l'offre de monnaie et de titres. or l'absence de confiance amenuise le volume de crédits accordés, ce qui ralentit la croissance. La magie de la main invisible trouve aujourd'hui ses limites et le "miracle du marché"semble avoir abandonné les pontes de la finance internationale.
Mais cette crise sonne-t-elle pour autant la fin du libéralisme financier débridé ?


L’Etat intervient à nouveau pour sauver le système bancaire afin de préserver l’économie réelle et rétablir au plus vite la confiance. Mais le coût de ces opérations ne devrait-il pas être aussi supporté par les spéculateurs cupides dont les activités spéculatives pourraient bien reprendre, une fois le calme économique revenu ?

Au plus fort de la tempête, les Etats ont aujourd’hui l’opportunité de mettre en œuvre des politiques européennes communes capables d’enrayer cette crise économique et financière.

Dans une telle conjoncture, un plan de relance européen semble s’imposer à court terme. Les 27 Etats membres ou les 15 adhérents à l’euro, pourraient alors considérer l’opportunité d’un partage de la valeur ajoutée plus favorable aux salariés.
Un tel partage ne peut en revanche être efficient que si l’on réduit la fiscalité des entreprises proportionnellement aux augmentations de salaires qu’elles accordent. L’augmentation salariale n’entraverait alors en rien la compétitivité des entreprises européennes qui pourraient ainsi augmenter les salaires sans en supporter le coût.

Stimulée par une baisse globale de la fiscalité, la hausse généralisée des salaires à l’échelle européenne, relancerait l’activité économique selon un mécanisme d’effet multiplicateur. Le surcroît de demande profiterait ainsi à l’ensemble des acteurs économiques, et le niveau de vie des salariés européens s’améliorerait grâce à une augmentation de la part de valeur ajoutée qui leur serait allouée.
Le surcroît de consommation concourait alors à une augmentation substantielle des recettes liées à la TVA. Les entreprises augmenteraient leurs marges sans modifier leurs prix du fait de carnets de commandes enfin remplis. Les actionnaires conserveraient leur part de dividendes, et les banques reconstitueraient leurs avoirs grâce à des dépôts supplémentaires et qui sauraient garantir de nouveau les crédits.
Seule une demande soutenue au niveau européen peut créer le climat de confiance favorable à l’essor de l’investissement et de la consommation nécessaire pour faire redémarrer la croissance.

Mais pérenniser et forger une confiance européenne ne peut faire l’économie de mesures structurelles pour enrayer la crise financière.
Il est donc particulièrement urgent de réglementer et d’encadrer strictement, par des mécanismes européens, les marchés financiers dont l’objet doit rester le service de l’économie réelle.
Une nouvelle organisation financière européenne pourrait voir le jour.

Construite sur les mêmes principes que l’euro par la mise en place de critères de convergences financiers qui restent à définir, elle permettrait ainsi d’orienter l’épargne vers l’activité économique.

27 juin 2008

Toisième Choc Pétrolier : un électrochoc ? ( cliquez sur le titre pour voir la vidéo)


La flambée du prix du pétrole, dans une conjoncture secouée par la crise des crédits hypothécaires, fait valser les étiquettes des produits de consommation courante.
Cette poussée de fièvre inflationniste pourrait bien vite s’étendre à l’ensemble des produits et aggraver la dégradation du pouvoir d’achat dans un contexte où le baril pourrait atteindre le seuil des 160 $ voire davantage, selon les mouvements spéculatifs des marchés financiers.

Faut-il alors craindre un troisième choc pétrolier ? Si oui, quelles pourraient en être les menaces et les opportunités pour notre économie ?

Cette flambée de l’or noir résulte avant tout d’un accroissement de la demande, bien supérieure à l’offre, amplifié par une spéculation profiteuse. Cette hausse est ainsi de plus en plus douloureuse pour des millions de ménages dont les fins de mois deviennent difficiles. Leurs dépenses de transport sont devenues leur deuxième poste budgétaire et certains sont obligés de réduire leurs dépenses alimentaires en fin de mois, quand d’autres puisent dans leur épargne pour maintenir leur niveau de vie. La situation est tout aussi dramatique pour les entrepreneurs qui consomment de plus en plus de carburant pour faire tourner leurs camions, leurs tracteurs ou leurs bateaux. Ces secteurs d’activité sont touchés de plein fouet par cette fièvre noire qui menace leur activité. Une telle hausse asphyxie leur rentabilité et fragilise les emplois dans un environnement devenu de plus en plus concurrentiel.
Il y a donc urgence à endiguer cette poussée inflationniste exogène qui dégrade rapidement le pouvoir d’achat des ménages modestes, et affaiblit considérablement les activités économiques dépendantes de l’or noir.

Or devant une telle conjoncture l’Etat a –t-il les moyens d’atténuer la fièvre inflationniste ?
Dans l’urgence, l’Etat ne peut que rendre la fièvre moins douloureuse pour les acteurs économiques les plus vulnérables. Il est capable d’atténuer l’ampleur du choc ou de le rendre plus supportable en détaxant le carburant pour certains agents économiques et en exonérant les charges sociales proportionnellement à la hausse du prix du pétrole pour les professions durement touchées. Mais cela suppose de pouvoir cibler les ménages et les entrepreneurs les plus touchés par la crise pétrolière.
Le gouvernement a d’ailleurs mis en place un projet de redistribution du surplus de la TVA sur l’essence qui pourrait se généraliser en Europe, octroie des aides fiscales aux salariés éloignés de leur lieu de travail.
Mais face à une fièvre mondiale, l’Etat disposera-t-il suffisamment de moyens pour alléger durablement ce poids inflationniste ? Pourra-t-il maintenir de telles aides sans compromettre les engagements à long terme sur les énergies alternatives ?
En cherchant à réduire les menaces de ce troisième choc, il ne faudrait pas en limiter aussi ses opportunités. L’urgence ne doit pas nous faire oublier l’avenir !
Car au-delà de l’urgence, la hausse du prix du pétrole est un signal. Il faut tout de même se rendre à l’évidence qu’en 2050 il n’y aura plus de pétrole.
Les deux chocs pétroliers de 1973 et de 1979 ont induits des changements importants dans le secteur du nucléaire par exemple, mais n’ont pas permis de modifier nos normes de consommation et de production.
Or, ce troisième choc pourrait créer l’électrochoc capable de nous inciter à changer nos manières de consommer et de produire. Cela demandera beaucoup de temps et sera difficile, car les pays émergents auront du mal à renoncer à leur stratégie économique dans une période de pleine croissance.
Pourtant, aujourd’hui, il y a urgence à poursuivre et à amplifier nos efforts dans la recherche de produits substituables au pétrole.
Le troisième choc pétrolier pourra-t-il déclencher des électrochocs politiques, industriels et culturels ?

L’électrochoc politique semble s’être amorcé par les mesures urgentes envisagées dans chaque pays pour faire face à la flambée du prix du baril. L’ampleur de la dégradation de l’environnement naturel et économique est telle, que les scientifiques et les économistes tirent depuis quelques années le signal d’alarme.
Or, la question n’est plus seulement scientifique et économique, elle est dès à présent politique. Elle implique des choix dans le fonctionnement des rouages de notre économie et dans nos modes de vie. C’est là que la volonté politique, à l’égard des générations futures, devrait tracer et imposer les voies d’une nouvelle forme de croissance économique au service de l’homme ! La France s’y oriente à travers le Grenelle de l’environnement, mais la voie tracée sera longue. L’Europe pourrait bien être capable d’impulser un tel changement au sein de ses pays membres en vertu de sa souveraineté institutionnelle, et ensuite, convaincre les Etats-Unis et la Chine de s’y engager rapidement car il en va de l’avenir de chacun. A cet égard, contraint par cette fièvre de l’or noir, un engagement plus ferme des pouvoirs politiques, permettrait de minimiser l’influence des spéculateurs davantage soucieux du baromètre de la bourse que de l’avenir de l’humanité. Cet engagement politique est indispensable pour provoquer d’autres électrochocs.
Depuis les deux chocs pétroliers, de gros efforts industriels ont été entrepris mais n’ont pas su s’inscrire dans la durée. Or, sous la pression inflationniste, voici désormais l’opportunité d’accélérer la mise en œuvre d’une politique industrielle pérenne : la production de la voiture propre, le ferroutage, les énergies solaires, les matériaux durables, les transports ferroviaires dans les zones rurales, les innovations dans le bio…
Soumise à une volonté politique ferme et unitaire, cette reconversion pourrait enfin faire sauter les verrous des lobbies pétroliers.
Cette succession d’électrochocs trace les voies d’un développement durable, et pourrait même en déclencher un autre dans nos comportements. Le pétrole va se raréfier à nouveau et coûter encore plus cher.
Il faudra bien se résigner à changer nos habitudes de consommation car c’est une question de survie économique pour des populations entières ainsi que pour les générations futures.Notre égoïsme déclenchera-t-il alors cet électrochoc humaniste ?

11 juin 2008

Concurrence : vice ou vertu !

concurrence : vice ou vertu ?
La flambée du prix du pétrole et des produits céréaliers, fait valser les étiquettes des produits de consommation courante. L’inflation serait-elle de retour ? Cette poussée de fièvre inflationniste se situe autour de 3,3% en France, niveau jamais atteint depuis 1992 même si l’on est bien loin des taux dépassant les 10% dans les années 80. Cette fièvre pourrait bien vite s’étendre à l’ensemble des produits et aggraver la dégradation du pouvoir d’achat.
Alors faut-il renforcer la concurrence pour la faire baisser ? Est-ce vraiment un bon moyen de faire gagner du pouvoir d’achat aux ménages ?

L'exemple de la hausse des cours des produits céréaliers résulte d'un accroissement de la demande, bien supérieure à l'offre. Il est donc peu probable que l'intensification de la concurrence entre les grandes enseignes commerciales soit suffisante pour atténuer cette fièvre inflationniste. Dans un contexte de crise des crédits hypothécaires et de croissance en berne, une telle hausse des prix sera difficile à enrayer. C’est pourquoi on peut douter des vertus d’une concurrence plus libre et plus intense.
En outre lorsqu’il y a peu d’offreurs sur un espace commercial, la concurrence est moins vive et les unités commerciales ne sont pas incitées à baisser leur prix. Au contraire, lorsqu’ils sont nombreux, leur compétition s’intensifie et les amène à réduire leur prix pour gagner ou conserver leurs parts de marché. Il en va de leur intérêt. C’est la loi du plus fort qui régit la libre concurrence. Celui qui pourra baisser ses prix par rapport à ses concurrents sera ainsi récompensé par le marché, et l’autre qui ne le pourra pas sera sanctionné. La concurrence profite ainsi aux entreprises les plus fortes qui font gagner du pouvoir d’achat aux consommateurs avec des prix faibles.
Or la loi Raffarin en réglementant l’urbanisme commercial afin de protéger les petits commerces de moins de 300m², a freiné l’essor du nombre de maxidiscounts.
Elle a amoindri la compétition entre les vendeurs devenus moins nombreux pour écouler leurs produits que se disputent les acheteurs. Cette réglementation a conduit à moins de concurrence entre les distributeurs et, aujourd’hui empêche les baisses de prix tant espérées. D’où la nécessité de la supprimer pour restaurer une concurrence plus libre et plus vive capable d’endiguer cette inflation. Mais comment peut-on faire autant d’éloge à une concurrence excessive ?

La libre concurrence est gage d’efficacité économique en théorie, mais elle fait plus de mal que de bien en pratique. Une multitude d’unités commerciales et de Hard discounts n’est pas synonyme de concurrence réelle, bien au contraire !
La plupart des enseignes commerciales sont intégrées dans un réseau commercial composé de plusieurs formats : des hypermarchés, des supermarchés, des supérettes et des hardiscounts, et par ce maillage, occupent des zones entières du territoire commercial local. (c’est le cas par exemple du réseau Carrefour qui comprend : les hypers Carrefour, les supermarchés Champion, les supérettes Shopi, les points de vente Huit à Huit et les hardsicounts E.D.).

Cette atomicité déguisée de l’offre commerciale maquille en réalité la baisse des prix entre ces mêmes enseignes à travers leurs assortiments différents, leurs promotions respectives plus fréquentes et, fausse donc les règles de la concurrence, car étant de la même maison elles ne peuvent pas vraiment s’affronter. Ce développement des réseaux des unités commerciales, qui a été le moyen de préserver leur avantage concurrentiel face à une concurrence exacerbée, constitue aujourd’hui des quasi-monopoles.
Apparaît alors le « paradoxe de la concurrence » : où la concurrence engendre son contraire.
Plus de concurrence conduit finalement à moins de concurrence en éliminant de la compétition les entreprises les plus vulnérables et aggrave ainsi le chômage. Or moins d’emploi, c’est aussi moins de pouvoir d’achat. Elle favorise aussi les mouvements de concentration grâce au développement des réseaux et des fusions entre entreprises et réduit ainsi la concurrence à quelques offreurs qui imposent leurs conditions de prix aux petits producteurs.
Dans cette logique de marché concurrentiel déréglementé, où chacun poursuit son propre intérêt, les distributeurs pourraient être amenés à développer davantage les produits d’importation plutôt que les produits français pour conserver leurs marges en vendant moins cher, ce qui n’est pas sans risque pour l’emploi et la qualité des produits.
De plus une concurrence accrue incite les entreprises à réduire leurs coûts salariaux, donc à précariser davantage le travail et à modérer encore plus la progression des salaires. Ainsi le gain marginal obtenu par la baisse des prix est atténué par l’effet négatif sur le niveau de salaire qu’elle induit. Le gain de pouvoir d’achat n’est dans ce cas qu’une illusion.
Face à une poussée inflationniste exogène, le renforcement de la concurrence reste un remède impuissant et inapproprié dont les effets secondaires peuvent être dangereux. Car son intensité pourrait désactiver le moteur de la consommation en affaiblissant davantage les salaires, ce qui mettrait en péril la croissance déjà fragilisée et l’emploi encore bien timide.
Le retour d’une concurrence plus forte dans une conjoncture économique instable ne ferait-il pas craindre le risque d’une stagflation ?

13 avr. 2008

Sécurité sociale : un déficit chronique

La Santé : « sous ordonnance publique ou privée » ?

Notre système de santé est menacé par le virus du « déficit chronique de la sécurité sociale».
Pour le sauver faut-il lui prescrire un traitement public ou privé ?

Aujourd’hui, à la suite du ralentissement de la croissance et de nos comportements influencés par le faux sentiment de gratuité des soins, notre système de santé se trouve confronté à des dépenses excessives par rapport aux ressources, et donc à un déficit inquiétant qui menace son mode de financement.
Notre système de santé est soumis à deux pressions contradictoires :
L’une est l’exigence de soigner tous les individus quelles que soient leurs conditions sociales, car la santé est un droit fondamental dont bénéficie chaque citoyen. L’autre est la nécessité de contenir l’accroissement des dépenses de santé financées par les cotisations sociales, car elles alourdissent le poids des prélèvements obligatoires sur notre économie.
Plus ce droit s’applique, plus les dépenses qu’il occasionne exigent des ressources supplémentaires. Cette course effrénée des dépenses de santé aggravée par le vieillissement de la population, par les coûts des technologies médicales, par une offre privée de soins et de médicaments, finit par assécher les sources de financement public, et par provoquer des déficits récurrents.
Pour les réduire faut-il accroître les cotisations ou freiner les dépenses ? Faut-il transférer une partie de ces dépenses à la charge des individus ? Ou encore, faut-il rationaliser l’offre des
soins ?

Le problème qui se pose alors est celui du mode de régulation de la santé publique. L’Etat doit-il considérer que protéger, soigner les citoyens est une fonction régalienne et, qu’à ce titre, il doit réguler, gérer le système de santé dans le sens de l’intérêt général ? La santé représente un droit qui doit être protégé et doit rester dans le domaine non marchand.

Ce système de répartition de l’assurance sociale qui est le nôtre depuis 1945 fait partie de notre histoire et représente une richesse sociale unique au monde qu’il faut préserver. Il repose sur la solidarité et sur la séparation entre le risque et la cotisation de l’assuré. Les cotisations assises sur les revenus du travail financent les prestations maladie. Ce financement demandé à chacun est lié à son revenu et non au risque contrairement à l’assurance privée. Or, la progression des dépenses de santé depuis quelques années menace ce droit en créant des déficits. Pour le préserver et le pérenniser, il faut sans cesse accroître l’effort social de la Nation.
En période de faible croissance, dans une économie mondialisée, cet effort se trouve rapidement limité. Il semble difficile à l’Etat de demander toujours plus d’effort social dans une telle conjoncture.
Pourtant, il pourrait rendre cet effort moins douloureux en modifiant l’assiette de son financement et l’étendre à l’ensemble des revenus grâce à la fiscalité. Cette fiscalisation des ressources issues du travail et du capital se substituant ainsi aux cotisations sociales, permettrait d’une part de mieux sensibiliser, de mieux associer les prescripteurs de la santé, les entreprises et les salariés aux résultats de la protection sociale. L’effort social serait moins lourd à supporter puisqu’il serait mieux réparti sur l’ensemble des revenus. Cela contribuerait à forger un ciment social autour de notre système de soin dans l’intérêt de tous. Elle responsabiliserait davantage nos comportements trop égoïstes à l’égard des dépenses de santé car ce bien de chacun est aussi le bien de tous.
D’autre part, l’impôt santé en remplaçant les cotisations sociales, réduit le coût du travail et encourage l’emploi, ce qui augmente les ressources sans fragiliser la compétitivité de nos entreprises grâce à un effet d’économie d’échelle. Alors, pourquoi n’agir que sur les dépenses ? Ne serait-ce pas là une voie structurelle à explorer pour garantir l’avenir de notre système de protection sociale pour les générations futures ? Notre Santé doit-elle rester un droit, ou doit-elle devenir progressivement une marchandise ?
Inversement, l’Etat doit-il renoncer à cette ordonnance publique de la santé pour des raisons économiques et politiques, et donc abandonner progressivement la santé aux règles de la concurrence dictées par le marché ? La voie semblerait être déjà plus ou moins tracée avec les franchises médicales et le regroupement de l’offre hospitalière territoriale liée aux économies en personnel.
Dans cette orientation libérale soumise à la culture du marché, le droit à la santé pourrait se transformer en un bien économique marchand régi par la loi de l’offre et de la demande. Cette gestion de la santé reposerait alors sur les règles de l’assurance privée et non plus sur la solidarité. Chaque individu s’assurerait contre les risques de maladie en fonction des tarifs de garantie offerts sur le marché de la santé. Dans ce cas, le marché se substituerait à l’Etat, et en désocialisant les dépenses de santé, transfèrerait la prise en charge collective des soins vers l’assurance privée.

Soumis à la concurrence et aux logiques du profit, les offreurs seraient amenés à différencier le prix de la santé en fonction de l’âge et de l’état de santé de leurs clients. Ils adapteraient leurs offres en fonction de la santé des malades. Donc, plus le risque serait important, plus le prix serait élevé. Le prix des soins serait proportionnel à la gravité de la maladie. Ainsi, les ménages disposant de revenus élevés bénéficieraient de meilleurs soins que ceux disposant de revenus modestes. Les premiers pourraient en payer le prix, les autres bénéficieraient d’une santé en solde.
Les citoyens sont-ils prêts à accepter la charge individuelle de cette ordonnance privée ? Ne serait-il pas immoral de la transmette à nos enfants ?

29 mars 2008

La baisse du chômage : une fausse joie ?

La baisse du chômage : une fausse joie ?

Le taux de chômage semble confirmer sa descente pour tomber récemment en dessous de la barre symbolique des 8% de la population active en 2008. Le plein emploi serait-il alors pour bientôt ?


Si pour certains l'heure est donc à l’optimisme, la conjoncture économique pourrait bien assombrir cette timide éclaircie, déjà voilée par la crise des crédits hypothécaires et les risques d’une récession mondiale attendue. Toute réjouissance prématurée devant la baisse du taux de chômage semble donc à écarter.
Mais s'il y a bien une baisse réelle du chômage en France en 2008, elle renvoie surtout à un retournement démographique depuis 2005, et s'explique aussi par une poussée substantielle des emplois précaires créés par une croissance encore très fragile. Ces deux phénomènes pourraient assombrir l’optimisme des chiffres du chômage.
Depuis 2007, il y a en effet davantage de salariés qui sortent du marché du travail que de jeunes qui y entrent, une tendance qui devrait se poursuivre pendant plusieurs années.
Désormais le chômage peut diminuer dès que l’emploi progresse contrairement aux situations dans le passé. Le volume d’emplois qui se dégage chaque année semblerait suffisant pour fournir du travail aux nouveaux arrivants dans la vie active.Et la croissance, bien qu’encore fébrile arrive à créer un volume d’emplois qui intègre ces nouveaux entrants sur le marché du travail.

Ce renversement démographique de la population active dû à des départs massifs à la retraite est une bonne nouvelle pour l’emploi.
Mais la question du financement des retraites n'en devient que plus inquiétante. La quantité d’emplois reste insuffisante pour supporter la charge des seniors retraités. Le rapport entre cotisants et retraités diminue fortement, et risque d’alourdir la charge financière qui pèse sur chaque cotisant. Celle-ci devrait d'ailleurs s’alourdir davantage, dès lors que les départts à la retraite des fonctionnaires ne seront remplacés qu'à raison d'un sur deux.

Cette baisse démographique du chômage met en péril le financement des retraites et accrédite l’allongement de la durée des annuités de cotisation à 41 ans d’ici 2012.
Mais en retardant ainsi les départs à la retraite, n’aggraverait-on pas aussi le chômage ?
Travailler plus longtemps pourrait bien ralentir la descente du taux de chômage et modifier l’effet d’aubaine du renversement démographique de la population active sur l’emploi.

De plus, aujourd’hui ce volume d’emplois créés, se compose pour une grande partie d’emplois de services de proximité à faible pouvoir d’achat. Ces nouveaux emplois précaires affaiblissent une grande partie de la consommation des ménages. Or faute de demande soutenue, les entreprises compriment leur coût du travail pour trouver des débouchés supplémentaires, et limitent ainsi les potentialités de hausse du pouvoir d’achat. Ce qui réduit les perspectives de croissance et aggrave le chômage. En outre, la précarité de ces nouveaux emplois accentue les inégalités sociales et accélère la paupérisation de tout un pan de la population active.
Peut-on légitimement se réjouir d’une baisse du chômage qui paupérise de plus en plus d’actifs ?

24 mars 2008

La régulation de l’économie par l’Etat

« L’Etat est devenu trop grand pour les petits problèmes et trop petit pour les grands problèmes »



L’activité économique repose sur les trois rouages suivants : Production-Répartition-Consommation. Ce sont les trois moteurs de notre économie. Parfois ils se dérèglent et peuvent être en panne. Très souvent il faut effectuer leur réglage.

Mais qui peut faire ce réglage de l’activité économique ?


Pour les économistes libéraux, ces trois rouages s’autorégulent par la main invisible : le Marché. Les déséquilibres ne sont pas durables, ils finissent finalement par se corriger eux-mêmes grâce à la concurrence et à la flexibilité des prix. Mais la réalité économique nous démontre que cette régulation par le marché n’est pas suffisante et reste purement théorique. D’où l’intervention de l’Etat pour régler les moteurs de notre économie.
Pour les économistes Keynésiens l’Etat doit intervenir dans les domaines économiques et sociaux. Cette intervention se fait par la politique économique.

L’intervention de l’Etat à travers sa politique économique ….

- Qu’est-ce que la politique économique et quels sont ses objectifs ?

La politique économique est l’ensemble des décisions, mesures prises par les pouvoirs publics (Gouvernement) pour orienter, influencer l’activité économique en vue d’atteindre certains objectifs.



- Les différentes formes de la politique économique :

La politique économique se compose d’une dimension conjoncturelle et une dimension structurelle.

La politique conjoncturelle est une politique à court terme visant à orienter l’activité économique vers le carré magique (N. KALDOR) : résumant la situation conjoncturelle d’un pays à partir de quatre indicateurs : le taux de croissance du PIB, le taux d’inflation, le taux de chômage et le solde de la balance des transactions courantes en % du PIB (commerce extérieur). Ces quatre indicateurs dont la représentation graphique constitue les quatre côtés d’un carré, correspondent aux quatre objectifs fondamentaux de la politique économique conjoncturelle.

La politique structurelle est au contraire une politique économique au long terme visant à modifier durablement la structure ou l'organisation de l'économie d'un pays ( comme la politique industrielle, de la recherche, politique de la concurrence, la réforme du contrat de travail...Privatisations...).


- La représentation des résultats de la politique économique conjoncturelle de la France en 2008 : un carré magique déformé...


Ce carré est qualifié de magique car l'expérience et les faits économiques prouvent qu'il est très difficile d'atteindre simultanément les quatre objectifs. Certains objectifs s'opposent comme l'inflation et le chômage par exemple : une baisse de l'inflation provoque une hausse du chômage et inversement.

Il existe deux grands types de politique économique conjoncturelle : une politique de relance (France en 1982) et une politique de rigueur. La politique de relance, d'inspiration Keynésienne, priviligie les objectifs de lutte contre le chômage et de stimulation de la croissance grâce à une politique budgétaire visant à soutenir la demande au prix d'un déficit budgétaire. Cependant en voulant atteindre ces deux objectifs, cette politique déforme le "carré" car elle favorise l'inflation et détériore le commerce extérieur. La politique de rigueur quant à elle priviligie la lutte contre l'inflation ( politique monétaire de la Banque Centrale Européenne) , l'équilibre budgétaire et la réduction du déficit de la balance commerciale. En voulant atteindre ces deux objectifs, cette politique freine la croissance ainsi que les emplois durables et donc modifie ce "carré". Mais dans un contexte de mondialisation de l'économie les gouvernements ont-ils encore suffisamment de marges de manoeuvre pour conduire la politique économique?






21 mars 2008

Faut-il craindre l'inflation ?


La flambée du prix du pétrole, des céréales et du lait dans une conjoncture secouée par la crise financière des crédits hypothécaires, fait valser les étiquettes des produits de consommation courante. Dans ce contexte, l’inflation pourrait bien resurgir en 2008. En effet, le taux d’inflation, en ce début d’année, se situe autour de 3,3%, niveau jamais atteint depuis 1992 même si l'on est bien loin des taux de 10% dans les années 80 .
Cette poussée de fièvre inflationniste reste encore contenue, mais elle pourrait bien vite s’étendre à l’ensemble des produits. Alors faut-il craindre un retour de l’inflation ? Si oui, quels pourraient en être les risques ?
Il n’y a pas lieu de s’inquiéter tant que la hausse généralisée et durable des prix n’enclenche pas les trois rouages suivants.
La hausse actuelle des prix est plutôt liée au rouage de la demande à l’égard de certains produits. La poussée des prix des matières premières et des produits agricoles, s'explique par un niveau de demande bien supérieur à l'offre, et provoque selon les mécanismes du marché un ajustement des prix à la hausse. Ce rouage ne porte, pour le moment que sur le quart de l’ensemble du panier de produits pris en compte par l’INSEE pour calculer l’indice des prix.
Cette fièvre inflationniste reste faible, car les deux autres rouages de l’inflation ne sont pas activés. Celui de la quantité de monnaie en circulation semble être bien contrôlé par la Banque Centrale Européenne grâce à ses taux d’intérêt élevés.
Quant au troisième, celui de la progression des salaires, il est au point mort. Il est donc peu probable qu’il amplifie, par son mécanisme, la fameuse spirale hausse des salaires-hausse des prix qui provoque l’inflation par les coûts.

Alors pourquoi s’inquiéter d’un retour de l’inflation ?

Il y a pourtant, quelques craintes à avoir. La première raison est que cette petite fièvre s’est déclenchée à un mauvais moment. L’état de santé de notre économie est encore fébrile : une croissance du PIB qui a du mal à dépasser les 2%, un déficit du commerce extérieur qui s’aggrave de plus en plus, un taux de chômage qui peine à descendre en dessous de la barre des 8%, un pouvoir d’achat toujours en berne et une dette publique qui dépasse les 64% du PIB.

Elle arrive en outre au moment où la crise financière immobilière oblige désormais les banques à limiter leurs crédits. Ce qui va freiner les investissements des ménages et donc ralentir l’activité économique globale.
De plus, elle vient aggraver la dégradation du pouvoir d’achat des ménages. En effet, le pouvoir d’achat étant déjà très peu progressif, la moindre hausse des prix, aussi mesurée soit-elle, amplifie encore plus la douleur. Les victimes sont les ménages aux revenus moyens, les fonctionnaires, les retraités dont les pensions sont revalorisées avec du retard, et les salariés d’entreprises exposées à la concurrence étrangère ou à une forte élasticité de la demande par rapport aux prix. Certains ménages sont donc obligés de réduire leurs dépenses alimentaires pour pouvoir finir leur fin de mois, d’autres puisent dans leur épargne pour maintenir leur niveau de vie. C’est une petite fièvre, certes, qui malheureusement dans ce contexte, accentue davantage les inégalités sociales et développe un sentiment réel d’injustice par rapport aux profits records de certains entrepreneurs du CAC40.
Mais le risque majeur, c’est que cette situation pourrait brider le moteur de la consommation qui jusqu’à présent, est le seul à tirer la croissance.
La crainte de l’inflation renforce la vigilance monétaire de la Banque Centrale Européenne afin d’éviter tout dérapage des prix et des anticipations inflationnistes. Elle continue de maintenir des taux d’intérêt élevés malgré un euro fort ( lien sur l'euro fort) et une récession économique annoncée.
Ce regain d’inflation empêche toute distribution supplémentaire de pouvoir d’achat de peur de généraliser la hausse des prix et d’activer le troisième rouage de l’inflation. La lutte contre l’inflation redeviendrait ainsi la priorité économique au détriment de la croissance et de l’emploi.
Mais doit-on accepter moins de croissance et d'emploi pour faire baisser la fièvre inflationniste, ou au contraire, avoir un peu d'inflation pour moins de chômage et plus de croissance?
Faudrait-il craindre davantage l’inflation que le chômage... ?
PS : voir sur la barre latérale du blog le petit diaporama sur l'inflation. Plus vidéo (lien) flêche précédente au dessus de la barre d'adresse pour retourner au blog)