21 déc. 2008

La Crise en trois Actes...


Acte I Les causes - Acte II Les conséquences - Actes III Les solutions possibles

La crise financière que nous vivons actuellement est la crise la plus grave d’après
guerre. Les gouvernements sont inquiets et nous parlent de « crise des liquidités », et de récession voire même de risques de déflation.
Des milliards ont été débloqués et injectés dans l’économie pour sauver les banques de la faillite 360 Mds d’€ pour l’Europe, et 800Mds de $ pour les USA. Mais aujourd’hui c’est l’économie réelle qui à son tour est secouée par le séisme financier : crise dans les secteurs automobiles, BTP/IMMOBILIER, chômage en forte hausse…..crédit rare…
Les états réagissent, ils redeviennent tous interventionnistes à travers les différents plans de relance qu’ils mettent en œuvre.
Deux ans suffiront-ils pour sortir notre économie de ce cycle dépressif qui est parti de la finance ?
Mais quelles ont été les causes de cette crise ? Quels en sont les effets sur notre économie et comment s’en sortir, sont là des questions que nous nous posons tous. C’est à partir ces trois interrogations que nous vous présenterons la « crise en trois actes ».
















Dans notre imaginaire collectif le concept de « crise financière » est souvent flou. Si le citoyen pense intuitivement pouvoir en saisir les principaux traits, l’expérience montre que son approche des crises économiques reste souvent scolaire (crise de 1929) ou expérimentale (chocs pétroliers). De fait, parler de crise de liquidités, d’agences de cotations ou encore de titrisation, sont autant de termes abscons qui désorientent le citoyen pour qui une crise incomprise, n’en devient que plus terrible.

Les causes de la crise financière peuvent pourtant s’appréhender de façon simple. La recherche des causes structurelles de la crise mène à cette idée selon laquelle le système financier international portait en lui, les germes de son propre effondrement (I). La gestion du niveau du crédit par la banque centrale américaine permet de comprendre le basculement conjoncturel d’un état de dynamisme économique, à une situation faillite des marchés financiers (II).


1. Un marché financier porteur des germes de sa propre crise :

1.1 Sous-évaluation et transferts des risques ou comment ouvrir les vannes du crédit…


Les marchés financiers ne fonctionnent pas selon les règles des marchés classiques.

Sur un marché classique, la régulation se fait par les prix, selon la loi de l’offre et de la demande. Si les prix montent, les acheteurs se font plus rares, et cette raréfaction des acheteurs incite les offreurs à baisser leurs prix afin de reconquérir leurs clients initiaux. L’ajustement du marché classique des biens et des services se fait donc par le prix, qui y joue le rôle de régulateur.




Sur les marchés financiers, l’agent économique n’achète pas, il place ; ainsi, lorsque le prix d’un titre boursier augmente, sa demande augmente. Plus le prix d’un actif financier augmente, plus il attire d’acquéreurs ; et plus il attire d’acquéreurs, plus sa valeur sera tirée à la hausse. Le marché financier ne s’autorégule pas, sa croissance est théoriquement infinie, toutes choses égales par ailleurs, et si aucune crise ne survient.




En outre, contrairement à un marché classique, un prix trop élevé ne décourage pas le recours au crédit, mais l’encourage. Plus les prix d’un actif financier augmentent, plus l’investisseur a intérêt à recourir à l’emprunt pour se le procurer, et plus il emprunte, plus le prix des actifs financiers augmente.
Dans cette logique, les prix ne peuvent pas réguler le marché. Pire, ils sont partie prenante à ce cercle vicieux où la hausse des prix appelle l’augmentation des crédits, et où l’augmentation des crédits appelle la hausse des prix.

C’est donc le crédit qui est à l’origine de la crise financière actuelle, dans la mesure où l’octroi de crédit permet l’emballement du système financier.

Dans une phase de croissance économique, les banques ont tout intérêt à prêter massivement. Plus une banque prête, plus elle fait travailler son capital, et plus elle accroît sa rentabilité sur fonds propres. Dans un système où les actionnaires des banques cherchent à maximiser leurs dividendes, les banques sont donc tenues de prêter autant que possible, même si cela implique qu’elles s’endettent elles-mêmes. Prêter massivement implique alors de réduire d’autant le capital en réserve pour garantir les crédits accordés. Aussi existe-t-il une ligne rouge, à savoir un stock de capital minimal immobilisé et en dessous duquel la banque ne peut accorder davantage de prêts.

Or, la gravité de la crise actuelle tient à ce que cette ligne rouge a été très largement franchie. Les banques ont prêté bien au-delà de ce qu’elles pouvaient garantir, afin de rentabiliser au maximum leur capital. En réalité, si le niveau de crédit a pu atteindre de tels sommets, au point de provoquer par la suite une terrible crise de liquidités, c’est grâce au développement de l’ingénierie financière qui a mis en place un système permettant à la fois de diluer et de transférer les risques liés au crédit. Ce système repose sur trois piliers.


Le premier pilier consiste à garantir la dette des acquéreurs d’actifs sur la valeur de marché, des actifs en question. En d’autres termes, la valeur du titre financier fait office d’assurance pour le banquier. Si le titre est stable et si sa valeur augmente de façon régulière, le banquier considère alors que c’est là une garantie solide. Dans cette logique, la dette et le risque de celui qui souscrit au crédit paraissent très faibles, puisque la valeur de ses actifs croît bien plus rapidement que le taux d’intérêt de son crédit. Attendu que le banquier prend pour indicateur les valeurs du marché, il est conduit à minimiser un risque pourtant bien réel !

Le second pilier de ce système, plus complexe, fait appel au mécanisme de l’assurance. Les banques s’achètent et se vendent entre elles, les risques liés aux crédits qu’elles détiennent à l’actif. Une banque A achète ainsi à une banque B une protection contre le risque d’un ou de plusieurs crédits inscrits à son bilan, moyennant des primes de montant variable, versées périodiquement. Le vendeur de protection augmente ses avoirs, et par là même sa capacité à prêter, sans que cela ne lui coûte rien, si, bien entendu, aucun accident de crédit n’a lieu. C’est donc là un mécanisme assurantiel dans sa forme la plus classique ; pour l’assureur, les primes reçues sont purs bénéfices, si aucun accident ne survient.

Le problème d’un tel système tient cependant, à ce que l’acheteur de risque n’est pas tenu de mettre en réserve un stock de capital destiné à garantir le prêt qu’il est supposé couvrir. Or, si un des emprunteurs de notre banque A venait à faire défaut, ce serait pourtant la banque B qui devrait acquitter en capital la valeur de son prêt… S’il s’agit d’un ou deux mauvais payeurs ça n’est pas très grave, la banque B trouve des liquidités ; s’il s’agit en revanche de milliers de mauvais payeurs, la banque B est ruinée, et elle entraine dans sa ruine, la banque A.

Pour la banque A, acheter une protection lui permet de se débarrasser du risque inhérent à son crédit, donc de réduire ses immobilisations de capital, et elle peut ainsi débloquer de nouveaux fonds, pour accorder de nouveaux crédits, crédits pour lesquels elle souscrira à une nouvelle protection et ainsi de suite. Pour la banque B, assurer un crédit d’une autre banque s’avère très risqué ; mais si elle parie à court terme sur une forte croissance, et des crédits, et des prix des actifs financiers, elle a tout intérêt à prendre ce risque.

Ce phénomène du transfert de risque a donc conduit à une véritable explosion du crédit et à une envolée du prix des actifs. Plus grave, il a aussi conduit à une diminution de la couverture en capital des banques


Le troisième pilier de ce système financier est celui du nouveau mode d’évaluation des risques liés au crédit. Jusqu’aux années 1990, pour accorder un crédit la banque regardait avec soin le dossier du candidat, ses revenus, ses autres crédits en cours, etc. Désormais, le banquier prend sa décision à partir de modèles mathématiques de risques de crédits qui, certes prennent toujours en compte les revenus de celui qui souscrit au crédit, mais qui y intègrent aussi pléthore d’autres paramètres, parmi lesquels la valeur des actifs financiers. Or, vu que les actifs financiers sont à la hausse, les banques ont tendance à sous-évaluer le risque, et à minimiser le stock de capital qu’elles vont conserver au passif pour couvrir le crédit en question. Les banques sont donc incitées à réduire leur montant de capital et à accroître leur volume de crédit.

Ce nouveau système qui régit les banques d’affaires est donc particulièrement dangereux dans la mesure où celui qui accorde le crédit n’en supporte plus le risque. En outre, celui qui accorde le crédit, n’a aucune raison d’évaluer correctement le risque, car non seulement cela coûte cher, mais en outre il sait qu’il va le transférer ! Ce système repose donc sur une logique où le volume de crédit prime sur la qualité des prêts.

Ce même système a été appliqué de façon massive au marché de l’immobilier américain…

1.2 La question des subprime

Le subprime désigne un crédit hypothécaire accordé à un emprunteur jugé à risque et gagé sur la valeur de son bien immobilier.

Les banques d’affaires américaines ont massivement racheté des crédits immobiliers pariant sur une augmentation constante du marché immobilier. Ces prêts sont ensuite regroupés en pools, c'est-à-dire en lots, de 1000 ou 2000 crédits et convertis en actif financiers. Regrouper des crédits entre eux était censé permettre, en vertu de la loi des grands nombres, d’obtenir des titres au rendement globalement moins variable que des crédits pris individuellement. C’est ce que l’on appelle la titrisation. Ces titres sont ensuite proposés comme placements à des investisseurs.

Le système des subprime était en fait une mécanique bien huilée.

En bas de la chaîne, se trouvaient les courtiers qui démarchaient les citoyens américains pour leur proposer des crédits hypothécaires. Le citoyen américain issu des classes populaires, désireux d’accéder à la propriété, souvent peu au fait des subtilités du crédit immobilier, était ainsi confronté jour et nuit à des représentants de commerce qui lui envoyaient des publicités dans sa boite aux lettres, le démarchaient par téléphone et allaient même jusqu’à frapper à sa porte le dimanche pour lui proposer des crédits immobiliers à des taux extrêmement attractifs. S’il souscrivait, son crédit lui était accordé dans l’heure, et il emménageait dans les trois jours ! Face à cela, il lui fallait faire preuve d’une force morale toute particulière, pour ne pas céder.

Les crédits ainsi contractés étaient ensuite revendus aux banques d’affaires moyennant commissions. Ces banques, regroupaient les crédits hypothécaires en pools, et les revendaient sous forme de titres financiers sur les marchés, en prenant une commission. Tout en haut de la chaîne se trouvaient les investisseurs, attirés par des titres au rendement substantiel, sans d’ailleurs jamais se demander pourquoi ces titres qui présentaient le même risque que des obligations, offraient un rendement pourtant supérieur… La titrisation permettait donc aux banques de transférer la créance à un investisseur et d’accorder ainsi de nouveaux crédits…


Un tel système avait donc des allures d’usine à gaz, car tout reposait sur une hausse continue, et du niveau des crédits, et des valeurs des titres ; la hausse du niveau des crédits entrainant la hausse des valeurs des titres et inversement.

2. Le basculement dans la crise

2.1 Les années 2000-2004 ou la politique expansionniste de la Fed


Au lendemain de la crise asiatique de 1997, les Etats-Unis ont connu une crise boursière d’ampleur moyenne qui a eu pour conséquence de mettre en difficulté les entreprises qui avaient fortement investi, au cours des années 1990, dans les Technologies de l’Information et de la Communication (cf. bulle Internet). La Banque Centrale américaine s’était alors engagée dans une politique délibérément expansive pour désendetter ces entreprises. Alan Greenspan a donc maintenu les taux d’intérêt à un niveau historiquement bas, aux environs de 1%.

Le taux d’intérêt étant particulièrement bas, le recours au crédit était facilité et il s’est donc fortement accru, entrainant dans son sillage les actifs financiers. Cette explosion du crédit a ainsi permis une expansion massive du marché de l’immobilier. Dans un système où la valeur des actifs dépend massivement du nombre de crédits accordés et inversement, et où le risque est dilué, les banques ont naturellement accordé des prêts immobiliers de plus en plus risqués ; au pire pensaient-elles la valeur du bien immobilier couvrirait le défaut de paiement de l’emprunteur.

L’expansion du crédit a ainsi permis une hausse spectaculaire du marché de l’immobilier aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, où les prix ont augmenté de plus de 60% depuis 1998.

Un tel système fonctionnait parfaitement jusqu’à ce que, à partir de mai 2004, la Fed remonte lentement ses taux directeurs.

2.2 La remontée des taux directeurs comme élément déclencheur de la crise

Le basculement ne s’est pas fait en une journée, et ce, pour plusieurs raisons. D’une part, les taux directeurs sont remontés progressivement, en raison des risques inflationnistes qui pesaient sur l’économie américaine. D’autre part, les pays asiatiques, mais aussi la Chine et les Etats du golfe, ont continué à placer leurs excédents commerciaux aux Etats-Unis. Les marchés américains ne craignaient donc pas la crise de liquidités et le flux du crédit était toujours approvisionné. L’expansion du crédit a ainsi continué pour un temps.

A partir de 2006, la poursuite d’une politique de hausse des taux d’intérêt révèle les premières failles du système. Les crédits subprime étant accordés à taux variables, cela impliquait de renégocier le taux du contractant au bout de trois ans. Les premiers défauts de paiement se font donc sentir et réduisent d’autant les stocks de liquidités des banques. De plus, les taux d’intérêts étant plus élevés, le crédit se renchérit et cesse progressivement d’augmenter. La baisse du niveau des crédits a alors entrainé une baisse progressive de la valeur des titres financiers et ainsi de suite. Face à ces premiers signes avant-coureurs de 2006, le système s’est engagé dans une logique de fuite en avant comme un malade qui nierait sa propre maladie. La titrisation s’est poursuivie et les agences de notations continuaient à noter les titres adossés aux subprime comme des titres sûrs pour attirer de nouveaux investisseurs et ce jusqu’au printemps 2007, où il était devenu impossible de nier l’évidence.


Les agences de notation ont alors déclassé les titres, les investisseurs ont cessé d’acheter, les prix des titres financiers ont chuté et tous les acteurs du système ont réalisé à ce moment là qu’ils s’étaient surexposés. Les liquidités viennent à manquer, les premières faillites apparaissent et les banques de second rang s’effondrent une à une comme des dominos.

Les banques plus solides, quant à elles, ont dans un premier temps affiché des pertes record (dernier trimestre 2007 et premier et second trimestre 2008) avant qu’en septembre 2008 elles ne fassent savoir qu’elles n’avaient plus assez de capital pour faire face à tous les défauts de crédit. Le 15 septembre 2008, le « lâchage » et la faillite de Lehman Brothers ont donné le coup d’envoi à la crise financière mondiale que nous connaissons aujourd’hui…


ACTE II....



































































La crise en trois actes : Acte II






LES CONSEQUENCES DE LA CRISE FINANCIERE








I- LES CONSEQUENCES AU NIVEAU MONDIAL


A- LES CONSEQUENCES FINANCIERES

Le FMI a qualifié la crise actuelle de « choc financier le plus dangereux depuis les années 30 ».
Cette crise financière touche d’abord les banques, qui fournissent à l’économie son oxygène, le CREDIT.

Les banques ne se font plus confiance et n’arrivent donc plus à se financer entre elles, ce qui assèche le crédit aux Etats-Unis et dans le monde entier.

RATIONNEMENT DU CREDIT (« credit crunch ») :

En effet, les banques se sont endettées massivement, en distribuant des crédits et actuellement elles doivent donc se recapitaliser et en même temps réduire les crédits distribués. Donc il y a moins de crédits distribués aux ménages et aux entreprises, et les banquiers sont plus réticents à prêter, surtout sans apport personnel pour des crédits immobiliers. Actuellement les jeunes ménages désirant un prêt immobilier sont les plus touchés et les taux d’intérêt ont eu plutôt tendance à remonter, malgré les baisses récentes des taux de la BCE (taux BCE au 5/12/08 = 2,5 %).

Les PME ont des problèmes de financement de leur trésorerie, d’autant plus qu’elles sont déjà endettées (baisse de l’autofinancement cette année).

CRISE DE LIQUIDITES ET RESTRUCTURATION BANCAIRE :

Pour les pays industrialisés

Dès la faillite retentissante de la banque d’investissement Lehman Brothers aux E-Unis, on assiste à toutes les interventions publiques possibles pour éviter l’effondrement du système bancaire mondial et de l’ensemble de l’économie.
Il faudra un mois pour stabiliser la situation malgré les milliers de milliards de $ déboursés sans que l’on soit sûr que le système soit complètement assaini.
En fait la décision de laisser couler Lehman a été le déclencheur des difficultés de toutes les autres banques dans le monde (effet domino).
Les banques sont alors dans un double piège :

- une incapacité à se financer à court et moyen terme (crise de liquidités) ;
- une incapacité à trouver des investisseurs qui n’ont plus confiance (crise de capital).
-
En même temps, la dépréciation de leurs actifs entraîne des pertes en capital sans compter la chute de leurs cours de bourse, bref leur existence est menacée.
Deux jours après Lehman, des banques britanniques font faillite et sont nationalisées par l’Etat ou rachetées par des concurrentes.

Devant cette situation, le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson lance un PLAN (Plan Paulson) d’urgence (18 septembre 2008) : l’Etat américain propose 700 milliards de $ pour racheter les créances « pourries » détenues par les banques. Le plan prévoit aussi que l’Etat puisse entrer au capital des banques ; que la procédure d’aide des banques soit encadrée démocratiquement et que les rémunérations des dirigeants soient réduites (pas de parachutes dorés). Ce plan, après de longues discussions et des refus de vote, sera finalement accepté et voté début octobre.

En même temps le gouverneur de la réserve fédérale américaine commence à baisser les taux d’intérêt (ils sont passés de 5,25 % à 1 % actuellement).
Les autres banques centrales des pays développés réagissent aussi en injectant des milliards de $ et d’€ dans les banques pour qu’elles se refinancent ; en octobre elles se concertent pour baisser ensemble leur taux directeur.

En octobre, Paulson a débloqué 250 milliards de $ pour recapitaliser les banques américaines, d’autres pays comme la Suisse, l’Inde, l’Australie… établissent des plans d’intervention dans leurs banques : total = 3 000 milliards de $ pour sauver le système bancaire mondial.

Actuellement, les banques d’affaires de Wall Street ont disparu, mais d’autres banques américaines ont fusionné et sont devenues des poids lourds de la finance (Bank of America et JP Morgan).

Mais ce sauvetage des banques a un coût : l’économie américaine est surendettée et il y aura des ajustements à faire.

En ce qui concerne la situation européenne, la 1ère place financière mondiale est Londres et il est donc vital pour les Britanniques que le système financier mondial retrouve son dynamisme, ce qui explique la rapidité du sauvetage des banques par le gouvernement britannique.
Les banques anglaises ont donc été sauvées de justesse de la faillite et ont été nationalisées, ce qui aurait été impensable à l’époque de Mme Thatcher !!!
La crise entraîne une restructuration du paysage bancaire européen avec des regroupements : la BNP a repris FORTIS (belge et néerlandaise) et devient ainsi le n° 1 européen, mais sans prétendre pour autant dominer la finance mondiale qui va certainement rester influencée par les Etats-Unis.

On pourrait croire, comme le ministre allemand des finances, que les E-Unis vont « perdre leur statut de superpuissance financière » ; en fait, les décisions prises aux E-Unis vont certainement continuer à influencer celles qui seront prises dans le reste du monde (voir la réunion du G20 du 15/11). Et le dollar reste la monnaie dominante de la finance mondiale, avec un taux de change qui résiste à la crise.

Pour les pays émergents : ils sont aussi touchés par la crise financière : les Bourses asiatiques ont connu de gros plongeons et la bulle spéculative de l’immobilier chinois est en train d’exploser (prix et ventes en chute libre) ; le dégonflement de la bulle immobilière se cumule au coup de frein sur les exportations et les investissements qui leur sont liés.

Les pays de l’Europe centrale et orientale sont très vulnérables, car ils dépendent de capitaux extérieurs pour leur économie : ils risquent le retrait des investisseurs : la Hongrie par exemple et l’Ukraine. Avec l’Islande, ces pays ont conclu des accords de prêts auprès du FMI, ainsi que le Pakistan et la Biélorussie. La Roumanie et la Bulgarie, les derniers rentrés dans l’UE, sont aussi en difficulté (déficits très importants, dette extérieure forte).

LE SCANDALE « MADOFF »

C’est une fraude « pyramidale » : les investisseurs d’hier sont rémunérés avec les dépôts de leurs successeurs et non avec les produits de leurs placements, ce qui offrait aux épargnants des intérêts très supérieurs à ceux du marché.
Le responsable de cette arnaque estimée à 37 milliards d’€ (50 milliards de $) est l’ex-président du Nasdaq, ex-membre de la SEC gendarme de la Bourse américaine !! Les premiers escroqués sont le gratin de la finance et les très grosses fortunes.
Déjà mise en cause pour ne pas avoir anticipé la crise des « subprime », la SEC est au premier rang des accusés (enquête en cours) ; en attendant, plusieurs banques européennes sont parmi les victimes de cette escroquerie (BNP, Natixis, Santander).

ENDETTEMENT DES ETATS

Où trouver tout cet argent nécessaire au sauvetage bancaire et au soutien de l’économie ?
Réponse : en empruntant sur les marchés financiers, en émettant des bons du Trésor aux E-Unis, ou des Obligations assimilables du Trésor (OAT) en France que peuvent acheter les investisseurs du monde entier. En zone euro, 30 % de titres seront lancés en plus en 2009 par rapport à 2008. Pour le moment, les investisseurs se ruent sur les dettes souveraines ou garanties par les états car il y a moins de risque de pertes.
Ces titres souverains sont si demandés que leur rendement (taux d’intérêt à payer) s’effondre : les états empruntent pour pas cher (2,5 % à cinq ans en France). Mais le risque est que les états soient obligés de s’endetter encore pour d’autres plans de sauvetage et de relance si l’économie ne redémarre pas ; et la charge de la dette s’alourdirait encore pour les générations futures.

B- LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES

En fait, la panique financière a fortement accéléré un ralentissement économique qui existait déjà avec le prix du pétrole et des matières premières en forte hausse.

► BAISSE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE MONDIALE : RECESSION

La plupart des économies européennes sont entrées en RECESSION (baisse du PIB) en cette fin d’année ; et les perspectives pour 2009 ne sont guère optimistes : il y aurait une reprise à la fin de l’année prochaine au plus tôt, les plus pessimistes ne voient pas de retour à la croissance avant la fin de l’année 2010. Dernière prévision au 17/12/2008 : la récession durerait 18 mois : le FMI prévoit la plus importante récession de l’après-guerre dans les pays développés.

Chiffres des prévisions : croissance zone euro 2009 = - 0,5 % ; E-Unis = - 0,9 %
Exemple : ventes de voitures neuves en Europe : - 25,8 % en novembre 2008.

La crainte la plus forte : c’est la DEFLATION : « mouvement de baisse des prix généralisé, durable et qui se transmet aux anticipations des agents » (INSEE) ce qui serait dévastateur de l’avis général des économistes : prévoyant une baisse des prix, les consommateurs diffèrent leurs achats, aggravant le repli de l’activité ; l’effet est accentué par l’impact sur l’endettement des agents (situation du Japon années 90).

En France actuellement, le risque de déflation est encore jugé minime par la plupart des économistes ; en effet, il reste un « noyau dur » d’inflation en excluant les produits à prix volatils (énergie, alimentaire frais, tarifs publics) qui est à un niveau élevé : hausse de 0,1 % en novembre, 1,9 % sur un an.

La déflation est redoutée, surtout aux E-Unis où la désinflation est très rapide.
Face à cette menace, la Réserve fédérale américaine a décidé d’abaisser ses taux directeurs entre 0 et0,25 %, c’est le plus bas niveau historique. Cette décision vise à rassurer les marchés au moment où le recul de l’inflation s’accélère.
Pour éviter la déflation en Europe, il faut que la BCE baisse rapidement ses taux d’intérêt, (2,5 % dans la zone euro).

MONDIALISATION DE LA CRISE

Les pays du Sud n’échapperont pas à la crise qui se propage par plusieurs canaux : les exportations : baisse de la croissance du commerce mondial ; la chute du prix des produits de base fragilise les exportateurs de matières premières. Toute l’Afrique et la majorité des pays d’Amérique latine ont leurs revenus extérieurs qui diminuent fortement.

La Russie, les pays de l’Europe de l’Est sont fortement touchés par la crise, on l’a vu au niveau financier ; la production a baissé de 9 % en Russie au mois de novembre et la baisse des cours du pétrole accentue les difficultés économiques.

Au niveau financier, il y a une plus grande méfiance des investisseurs envers les pays du Sud.

Le Japon est aussi touché avec une restructuration et des suppressions d’emploi dans l’automobile et dans le secteur hi-fi avec Sony .

II- LES CONSEQUENCES DE LA CRISE AU NIVEAU NATIONAL







A- LES CONSEQUENCES FINANCIERES

Pour les agents économiques : il s’agit principalement d’une baisse des crédits distribués aux ménages et aux entreprises. Les banques sont plus frileuses pour accorder leurs crédits et ont augmenté le taux d’intérêt pour les clients peu sûrs. Ce problème peut accentuer les difficultés des PME et TPE.
Une autre conséquence est la chute des cours de la Bourse qui entraîne une perte d’actifs pour les entreprises.

La récession va provoquer de nombreuses faillites d’entreprises qui vont fabriquer de nouvelles pertes bancaires. On peut donc craindre que la récession se nourrisse d’elle-même : l’insolvabilité des entreprises peut déclencher une nouvelle panique bancaire.

Pour l’Etat : augmentation de la dette publique, puisqu’il faut emprunter pour financer les mesures de relance économique et les aides aux entreprises en difficulté. Le remboursement de la dette est le 2e poste du budget de l’état après l’éducation.

B- LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES

→ AU NIVEAU MICRO-ECONOMIQUE (pour les agents économiques)

Pour les PME, l’assèchement du crédit leur fait courir un risque réel de faillite. Les entreprises de tous les secteurs sont concernées, malgré le plan français de soutien aux banques qui ne produit pas encore tous ses effets ; plus des trois quarts des banques avaient déjà durci leurs critères d’attribution de crédit aux entreprises au 3e trimestre.
Les entreprises renoncent donc à leurs projets d’investissement et d’embauches.

Les grandes entreprises sont pénalisées par leur fort niveau d’endettement (chute du taux d’autofinancement à 51 %) dû à l’effet de levier (rentabilité supérieure au taux d’intérêt), ce qui leur a permis ces dernières années de doubler les dividendes versés aux actionnaires.
Avec la récession actuelle, la chute des profits menace l’investissement, car les entreprises vont préférer satisfaire leurs actionnaires et différer leur décision d’investir.

Cette situation défavorable des entreprises a des répercussions sur l’ensemble de l’économie.

→ AU NIVEAU MACRO-ECONOMIQUE

HAUSSE DU CHOMAGE :
Prévisions : en zone euro : 8,6 % en 2009 (7,4 en 08) ; E-Unis : 7,3 % (5,7 en O8). Chiffre actuel en Fr ance : 7,3 %.

La baisse de l’activité dans certains secteurs comme l’automobile et le bâtiment entraîne du chômage partiel, des fermetures d’entreprises et des délocalisations. Les usines Peugeot ne produiront pas pendant un mois (du jamais vu depuis 1912), d’autres tournent au ralenti ; ceci se répercute sur tous les sous-traitants très nombreux dans ces 2 secteurs d’activité (Michelin…).
La dégradation des perspectives d’activité provoque aussi une baisse des embauches et les plus touchés restent les jeunes.
Cette hausse du chômage entraîne une baisse des revenus des ménages.

BAISSE DE LA CONSOMMATION ET DE L’INVESTISSEMENT

La hausse des prix du pétrole, des matières 1ères et des produits alimentaires au 1er semestre 2008 avait déjà entraîné une baisse des revenus et du pouvoir d’achat des ménages ; ce qui provoque systématiquement une baisse de la consommation.
Celle-ci représente en effet 65 à 70 % du PIB, la baisse de la consommation va donc entraîner une stagnation ou une baisse du PIB.

Des ménages travaillant dans le secteur privé sont touchés par une baisse des revenus (chômage ou chômage partiel) ; d’autres craignent pour leur emploi.
Cet état d’esprit incite peu à consommer ; les premiers postes touchés dans le budget familial sont donc les dépenses jugées moins prioritaires : loisirs, tourisme etc.

Les banques prêtent moins, donc les ménages consomment moins et achètent moins de logements ; les prix immobiliers chutent, les portefeuilles d’actions chutent (- 45 % en France) si bien que les ménages se sentent aussi moins riches = revenus en baisse, les ménages ne sont pas incités à consommer ; et encore ce sont les Américains les plus touchés par ces « effets de richesse » car eux n’ont pas épargné contrairement aux Français ; et le montant de leur retraite par capitalisation a baissé de 20 % depuis 15 mois.

Les entreprises anticipant une baisse de la demande annulent leurs projets d’investissements : VEOLIA vient d’annoncer un plan de réduction de ses investissements en même temps qu’une hausse de 10 % du dividende versé à ses actionnaires !

Avec le développement durable, il faut espérer que la crise permettra de relancer l’activité dans l’écologie et les économies d’énergie, que ce soit dans le bâtiment ou dans l’automobile.

► CRISE DE L’IMMOBILIER

Autre secteur touché fortement par la crise : l’IMMOBILIER. La baisse des prix a commencé et certains promoteurs sont en redressement judiciaire, les acheteurs potentiels préfèrent attendre que la baisse s’accentue, ce qui est prévu en 2009. Avec la flambée des prix, le nombre d’agences immobilières avait augmenté de + 10 000 agences en 10 ans ; beaucoup d’entre elles sont en difficulté.
Le secteur du BTP est donc frappé par la crise et il est prévu une chute du nombre de logements construits avec des suppressions d’emplois ; l’Etat français va apporter son aide à ce secteur économique.

Conclusion :
On voit donc bien le risque de « cercle vicieux dépressif » dans l’économie mondiale ; un spécialiste des prévisions, qui craint le risque de déflation, juge que « ce qui va se passer dans les 6 prochains mois sur le prix des actifs –immobilier et entreprises- est décisif » (X. Timbeau OFCE, Le Monde 17/12/08).

L’intervention des Etats est donc indispensable pour soutenir la demande globale par leurs propres dépenses, garantir les crédits et recapitaliser les banques.


ACTE III.... Retour Acte I (menu)