7 sept. 2024

Déficit budgétaire


 

Déficit public : « ne pas mettre toutes les dépenses dans le même panier et accepter d’augmenter certains impôts ».

Les dépenses publiques sont évaluées à partir de leurs coûts, c'est-à-dire à partir du niveau des prélèvements obligatoires (impôts+cotisations sociales) et jamais à partir de la richesse qu'elles créent et nous procurent. Et, la baisse des impôts aggravant le déficit, semblerait insuffisante pour stimuler l’offre. A partir de ce postulat, la combinaison de trois actions pourrait rendre efficace la diminution du déficit public.

Devant l’envolée du déficit budgétaire s’élevant à 5,6% du PIB en 2024 selon Bercy,  le diagnostic est sans appel. Un chiffre très supérieur à celui qui était prévu par la loi de finances pour 2024. La dette publique quant à elle, s’est établie à  plus de 3000 Md€ en 2024. Les dépenses sont trop élevées par rapport aux recettes qui sont insuffisantes. Des recettes fiscales très insuffisantes à cause d’une croissance trop faible, démontrant ainsi les limites d’une politique de l’offre intransigeante.

Les dépenses de l’État pour faire face à la crise sanitaire, puis pour contrer les conséquences de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages, combinées avec une baisse des impôts et avec un ralentissement de la croissance économique en 2023, ont contribué à creuser le déficit budgétaire. Cette trilogie économique est donc la cause principale du déficit public. Les Pouvoirs Publics se refusant au nom d’un dogme économique d’agir sur les recettes, ont choisi de diminuer la progression des dépenses publiques pour parvenir à réduire le déficit budgétaire autour de 3% du PIB d’ici 2027.

Ce choix bien que justifié par l’ampleur de la dette publique, semblerait risqué pour notre économie puisque ces dépenses sont une richesse, pas une charge pour notre économie.

 Réduire le déficit public par une diminution des dépenses publiques sans agir sur les recettes fiscales,  est un risque pour notre économie…

 En effet les dépenses de l’État se divisent en deux catégories très différentes l’une de l’autre. Celles assurant la production non marchande de notre économie se composant des dépenses de fonctionnement notamment celles qui permettent de rémunérer le travail des enseignants, des personnels soignants et des policiers, et des dépenses d’investissements publics préparant  la transition écologique par exemple.

Et celles qui opèrent à des transferts de ressources entre les acteurs économiques sous forme de prestations sociales ou de revenus sociaux. Les premières servent à produire des biens et des services publics nécessaires au développement de notre activité économique. C’est pourquoi il serait plus judicieux de les considérer comme des dépenses d’investissement comme le préconisent les économistes de la croissance endogène, plutôt que de fonctionnement. Quant aux secondes, elles servent à garantir notre protection sociale et notre bien-être.

Or, lorsque que l’on annonce que les dépenses publiques absorbent 57,3% du PIB, aucune distinction n’est faite entre ces deux catégories de dépenses. Ces dépenses sont évaluées à partir de leurs coûts c'est-à-dire à partir du niveau des prélèvements obligatoires (impôts+cotisations sociales) et jamais à partir de la richesse qu’elles créent et qu’elles nous procurent. Ce qui renforce l’idée que les dépenses publiques représentent une charge qu’il faut réduire pour parvenir à stabiliser le déficit autour de 3%. De plus, les dépenses publiques sont avec la consommation, l’investissement et les exportations, une des composantes du PIB. Les réduire, c’est donc diminuer la croissance et c’est donc moins de recettes fiscales. En outre, si on diminue les dépenses sociales, on fragilise notre protection sociale au risque d’aggraver les inégalités sociales et la pauvreté.

Alors comment faire des économies tout en préservant à la fois l’État Providence et la croissance économique ?

 … Or, réduire le  déficit en  dépensant mieux, en  imposant moins le travail mais mieux  le capital et en incitant les entreprises à accroître les salaires, semblerait beaucoup moins risqué.

 Il conviendrait de dépenser davantage et mieux dans certains secteurs publics considérés comme indispensables à la croissance et au bien-être tels que la recherche et le développement, l’éducation, la santé, la sécurité et la transition énergétique.

Et, au contraire dépenser moins dans tous les autres secteurs en externalisant certaines tâches.

Il conviendrait aussi d’imposer moins le travail et d’imposer mieux le capital en  supprimant certaines niches fiscales, en luttant  réellement contre l’évasion fiscale et en augmentant  davantage la taxe sur les transactions financières spéculatives ne produisant aucune richesse réelle.

L’État pourrait également conditionner les allègements fiscaux et les cotisations sociales patronales à l’augmentation du niveau des rémunérations afin d’inciter les entreprises à valoriser davantage le travail que le capital dans le partage de la valeur ajoutée.

Ce qui permettrait d’inciter les entreprises à accroître les revenus du travail sans amoindrir leur compétitivité. Ces dernières pourraient ainsi augmenter les salaires au moindre coût.

L’État quant à lui, augmenterait ses recettes fiscales grâce à la croissance économique, lui évitant ainsi de creuser les déficits par des baisses d’impôts et de programmer pour 2025 de nouveau une diminution des dépenses publiques mettant en danger notre protection sociale et notre activité économique.

La combinaison de ces trois actions permettrait ainsi de réduire le déficit budgétaire tout en préservant notre protection sociale, nos services publics et la croissance économique.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

refuser d'augmenter les impôts dans ce contexte est une position dogmatique très dangereuse pour le budget et donc pour notre économie. La politique de l'offre est efficace que si il y a une demande soutenue.