1. Les opportunités et les menaces du libre échange
Les opportunités du libre échange :
· Facteur de croissance :
· Facteur de développement économique :
La division internationale du travail accroît l’efficacité des firmes, les poussent à améliorer leur compétitivité face à une concurrence accrue. Elles sont incitées à innover, à améliorer leur productivité, à développer la recherche afin de maintenir leur avantage concurrentiel. De plus, le libre échange a permis le développement des pays émergents bénéficiant des avantages coûts sur les pays industrialisés (B.R.I.C. : Brésil Russie Inde Chine).
La concurrence est devenue plus vive grâce à l’ouverture des frontières.
Cette pression concurrentielle favorise la baisse des prix des produits de consommation courante et profite ainsi aux consommateurs (Exemple les produits domestiques fabriqués en Chine et vendus en France).
Face à la vivacité de la concurrence des pays émergents (Chine par exemple) ayant des coûts du travail (salaires + cotisations sociales) très faibles en raison d’absence de protection sociale et de normes sociales, pratiquant le dumping social et le dumping monétaire, nos industries ont fermé ( textile, jouets, électroménager,
informatique…).
Et d’autres se sont délocalisées provoquant la désindustrialisation de certaines régions ou encore la disparition des filières industrielles (le textile en France dès la fin des années 9O par exemple.) et aggravant considérablement le chômage.
Sans normes sociales et monétaires mondiales minimales, le libre échange fausse la concurrence et menace gravement les modèles sociaux des pays industrialisés, plus particulièrement celui de la France disposant d’un « modèle unique au monde ».
Dans ce contexte international, notre modèle social devient de plus en plus coûteux et pèse sur la compétitivité prix des entreprises. Cette forme de compétitivité conduit les Etats à considérer les salaires comme des coûts et non comme la condition des débouchés. Il en va de même pour la protection sociale considérée à tort comme une charge grevant la compétitivité.
2. La réaction au libre échange : le protectionnisme
Devant de telles menaces provoquées par le libre échange, certains pays ont recours à des mesures protectionnistes, y compris les pays les plus « libéraux » comme les USA par exemple. Quelles sont ces mesures ? Et quelles sont les raisons et les risques de leur application ?
Définition du protectionnisme
Il ne doit pas être confondu avec l’autarcie qui correspond à l’absence totale d’échanges d’une Nation avec l’extérieur.
Il vise ainsi à favoriser la production nationale et à décourager la concurrence étrangère. Comment ?
Les instruments du protectionnisme
Les barrières tarifaires
Le protectionnisme tarifaire consiste à renchérir les importations grâce aux droits de douane ou encore par la TVA.
Les droits de douane : ce sont des taxes prélevées par l’Etat sur les marchandises lors de leur passage à la frontière. Ces barrières douanières consistent donc à renchérir les prix des produits importés. De telles mesures sont interdites au sein de l’Europe en raison de l’union économique entre les Etats européens qui a instauré, depuis 1993, un marché unique (acte unique signé en 1986) dans lequel les marchandises, les capitaux et les personnes circulent librement entre les pays membres de l’Europe. Cette libre circulation s’est renforcée avec l’entrée en vigueur de la monnaie unique, l’Euro (1999).
Elles pourraient toutefois être applicables au niveau de l’Europe si telle était la volonté politique des institutions européennes.
Les droits de douane ne peuvent augmenter, sauf pour des périodes limitées et sous condition que le pays procédant à ces hausses les justifie par le fait que la concurrence étrangère est déloyale et faussée. Mais qu’est-ce qu’une concurrence loyale et non faussée au niveau international ? L’O.M.C. (Organisation Mondiale du Commerce) fixe les grands principes de cette règle de concurrence commerciale, mais ne les fait jamais respecter à défaut de règles communes internationales dans les domaines de l’environnement et du social (Exemple du dumping social et monétaire de la Chine faussant la concurrence internationale).
En revanche, si les bas prix à l’exportation de certains pays proviennent du non respect des droits sociaux élémentaires ou de pratiques industrielles destructrices de la planète, une taxe à l’entrée du type taxe sociale ou carbone, permettrait de sanctionner les pays irrespectueux et de faire progresser des règles bénéfiques au bien commun. L’égoïsme de chaque Nation ne fait pas l’intérêt de toutes les Nations. La crainte de la réciprocité empêche la mise en œuvre de telles taxes. Voilà, une fois de plus, la preuve que le libre échange comporte des effets pervers que l’on cherche à dissimuler au nom de la sacro sainte loi de la concurrence.
La TVA « sociale » : elle consiste à transférer sur les consommateurs des cotisations payées par les entreprises, pour financer la protection sociale par une hausse de la TVA, afin de restaurer la compétitivité- prix. Ce qui devrait permettre en théorie, de réduire le coût du travail, de renchérir les prix des produits importés et de baisser les prix des produits exportés, à condition, que cette baisse soit répercutée sur les prix de tous les produits.
Les barrières non tarifaires :
Le protectionnisme non tarifaire (protectionnisme dit « invisible ») vise à limiter les produits importés à partir de plusieurs mesures :
Les contingentements : quotas d’importations qui fixent des limites quantitatives maximales de marchandises importées. Ces mesures sont généralement interdites, mais elles demeurent tolérées lorsqu’elles font l’objet d’un accord bilatéral entre les Etats concernés (cela a été le cas de l’AMF Accord Multifibre Français pour le secteur du textile).
Les barrières techniques et réglementaires : les normes techniques, sanitaires ou des règles de sécurité et d’hygiène dissuasives, constituent des entraves aux produits importés, qui doivent les respecter pour pouvoir pénétrer sur le territoire. De même, des règles environnementales et administratives conçues de manière à empêcher l’accès de certains produits étrangers au marché national.
Les subventions à l’exportation : ces subventions, versées par l’Etat aux entreprises exportatrices, permettent à ces entreprises nationales de réduire artificiellement leurs coûts et donc d’abaisser leurs prix afin d’être plus compétitives (Exemple : Airbus, Boeing, le coton des USA).
Le dumping monétaire et le dumping social : le premier consiste à maintenir la parité d’une monnaie nationale à un cours artificiellement bas par rapport à d’autres devises pour être davantage compétitif. En effet, cette forme de dévaluation monétaire favorise provisoirement les exportations, devenues moins chères. Quant au second, il consiste à vendre à des prix très bas, en ne respectant ou n’appliquant aucune règle sociale, ou en accordant des salaires très faibles ou inférieurs au minimum vital (Exemple : la Chine et les autres pays émergents comme l’Inde…).
Les justifications et les risques du protectionnisme
Même, si la pensée libérale dominante aujourd’hui, est largement favorable au libre-échange, il semblerait, qu’à cause de la crise de 2O11, l’Europe verrouillée par une austérité généralisée, pourrait rétablir un protectionnisme.
Avec un déficit commercial qui a atteint les 7O milliards d’euros et celui de l’industrie qui a dépassé les 30 milliards d’euros en 2O11, la France vient de battre un record de déficits extérieurs. Elle pourrait être tentée par des mesures protectionnistes afin de se réindustrialiser et sauver des emplois. Alors, face à cette dégradation extérieure le recours au protectionnisme serait-il justifié ? Et quels pourraient en être les risques ?
Les justifications du protectionnisme
Le protectionnisme est justifié pour permettre le développement et la relocalisation des industries qui seraient menacées par la concurrence étrangère et qui pourraient se délocaliser, mettant ainsi en péril la croissance et l’emploi.
On peut retenir deux grandes raisons justifiant le recours au protectionnisme :
Les raisons économiques :
Protéger les industries ou les entreprises naissantes qui n’ont pas encore les moyens d’affronter la concurrence internationale, mais aussi celles, vieillissantes, qui sont en cours de restructuration et donc fragilisées.
Développer et renforcer les industries des pays et les ancrer sur le territoire.
Sauver et créer des emplois dans les secteurs concurrencés par des pays dont la main d’œuvre est peu coûteuse.
Reconquérir le marché intérieur et relocaliser les entreprises ou les aider à pénétrer un marché.
Rendre l’échange plus équitable car le libre échange ne profite pas équitablement à tous les pays. L’échange entre les pays développés et les pays en développement est très souvent inégal. Les termes de l’échange des PVD (Pays en Voie de Développement) « pays pauvres » se dégradent par rapport aux pays « riches ». Ils sont obligés de produire et d’exporter plus
pour pouvoir importer la même quantité. Les gains de l’échange tant vantés par les tenants du libre échange, au lieu d’être mutuels ne profitent qu’à un seul.
Le protectionnisme est donc nécessaire, malgré le dogme du libre échange, qui cherche toujours à le bannir. Il ne peut cependant à lui seul être un projet d’ensemble. Il n’est qu’un moyen et non une finalité. Il n’est qu’un instrument d’une politique économique qui doit chercher à développer l’industrie du pays et pérenniser son modèle social. C’est pourquoi le protectionnisme se justifie aussi pour des raisons non économiques.
Les raisons sociales et juridiques :
Défendre les intérêts particuliers de certains agents économiques comme, par exemple ceux des agriculteurs.
Préserver le modèle social : le protectionnisme peut être un moyen de maintenir le modèle social performant d’un pays qui serait concurrencé par des pays à bas salaires, dans lesquels il n’y a aucune protection sociale. La concurrence nivèle toujours par le bas lorsqu’il s’agit d’améliorer la compétitivité- prix, y compris les progrès sociaux, car elle considère la protection sociale comme une charge et non comme une richesse (c’est le cas de la France qui doit faire face à des concurrents y compris au sein de l’Europe ayant une protection sociale très rudimentaire voire inexistante et pouvant casser les prix.).
Protéger les consommateurs : grâce au respect des normes de sécurité, d’hygiène ou environnementales, mais aussi grâce au principe de précaution, certains produits ne peuvent pénétrer sur le territoire ou se voir interdits (OGM…).
Ces pratiques protectionnistes doivent permettre la mise en œuvre des politiques industrielles s’appuyant sur des stratégies de différenciation par la qualité des produits, encourageant le développement de l’innovation, la recherche et développement, ainsi que la compétence professionnelle valorisant désormais le travail, considéré comme la condition des débouchés et non plus comme un coût. Le protectionnisme éducatif ne peut sauver (comme l’a bien évoqué Denis CLERC dans un article de la revue Alternatives économiques Hors série n°92) l’économie d’un pays que s’il permet de construire ou de solidifier les bases de la production. Si non, il pourrait faire plus de mal que de bien. Serait-il une arme dangereuse ?
Pour les libéraux, les effets du protectionnisme sont globalement néfastes pour les économies.
Alors quels sont les risques du protectionnisme ?
Les risques du protectionnisme
La tentation protectionniste est grande afin d’enrayer le déclin industriel ou de réduire le déficit extérieur. Mais les risques doivent être mesurés. Quels sont ces risques ? Et qui les encourt ?
Des risques pour l’économie nationale :
Le protectionnisme freinant les échanges et, de fait la concurrence, ralentit l’innovation et la recherche. Il devient ainsi un frein au développement économique et pénalise la croissance.
Face à moins de concurrence, le système productif vieillit et prend du retard technologique. Et, à long terme, pénalise la compétitivité hors prix et menace l’emploi qualifié.
Devant de tels obstacles aux échanges, les autres pays pourraient prendre des mesures de rétorsion à leur tour, ce qui réduirait les échanges entre les Nations et contribuerait à un ralentissement de la croissance.
Des risques pour les entreprises :
Moins de débouchés extérieurs, donc diminution de l’activité car les carnets de commandes sont moins remplis. Les entreprises peuvent voir leurs profits baisser ainsi que leurs investissements. Les entreprises sont moins incitées à innover face à une concurrence affaiblie.
Des risques pour les consommateurs :
Les produits importés sont plus coûteux. Ils provoquent une perte du pouvoir d’achat des ménages les plus fragiles, accentuent les inégalités entre ceux qui ont une propension forte à consommer et ceux qui ont une propension forte à épargner.
Le choix de consommation des consommateurs se trouve limité sur le marché.
2 commentaires:
Bonjour,
Pourriez-vous me communiquer une adresse mail? Je voudrais vous inviter à participer à un débat en ligne sur l'avenir du chèque.
http://www.newsring.fr/economie/742-pour-ou-contre-la-fin-du-cheque/reperes
Merci !
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