Il
existe deux façons de la faire progresser.
La
première consiste à produire plus avec la même quantité de travail au moindre
coût au risque de mettre en péril le climat, d’épuiser les ressources
naturelles, au risque d’appauvrir d’année en année la biodiversité dans les
espèces animales et végétales, ou encore de précariser davantage le travail et
d’aggraver les inégalités.
La
seconde consiste à produire et à consommer autrement en préservant
l’environnement naturel et la biodiversité, en développant les énergies
renouvelables, en encourageant la recherche et le développement ainsi que la formation
professionnelle et la qualité du travail. Créer des emplois, des richesses
durables, répartir les revenus de manière plus équitable, et consommer moins
mais mieux, grâce à une croissance fondée sur la qualité plutôt que sur la
quantité, est une solution rendue possible aujourd’hui. Produire des produits
biologiques, des voitures propres, des biens durables et recyclables nécessite
plus de travail, crée de nouveaux emplois et permet de produire des richesses
sans compromettre l’équilibre environnemental.
Désormais,
satisfaire nos besoins sans compromettre ceux de la génération future, implique
de passer d’une économie fondée sur « l’avoir
plus » à une économie fondée sur « l’être
mieux ». Autrement dit, passer d’un modèle productiviste dominé par le
court terme à un modèle du bien être, dans lequel l’activité économique serait
basée sur la qualité des biens et sur les ressources humaines donc sur le
« toujours mieux » plutôt
que sur le « toujours plus ».
Notre
économie sous l’influence du toujours
plus, continue de privilégier le premier modèle de production en activant
les rouages d’une croissance des quantités plutôt que ceux d’une croissance de
la qualité. Ce type de croissance fige ainsi pour plusieurs décennies
l’économie réelle sur le temps présent afin d’accroître la rentabilité à court
terme au détriment de l’investissement et de l’environnement. Cette logique de
production en négligeant la valeur ajoutée de la qualité et de celle du bien
être sur la société, conduit son propre modèle économique dans un cycle de croissance
générant plus d’externalités négatives que d’externalités positives. De plus,
en différant les investissements préparant la transition écologique, elle
retarde la recherche et l’innovation capables d’amorcer cette mutation dans
laquelle le paradigme « c’est en étant
mieux que l’on vit mieux » trouve tout son sens. Or, aujourd’hui, dans ce
contexte, l’engagement des Etats reste trop souvent restreint par l’influence
de certaines multinationales et de certains lobbies industriels trop préoccupés
par les rendements immédiats.
Cependant,
malgré les différents sommets et accords
internationaux : Copenhague, COP 21 …COP 23, malgré les dénonciations au
grand jour des risques sur la santé publique de l’utilisation des pesticides
comme le glyphosate et malgré les alertes récurrentes des scientifiques sur le
dérèglement climatique, il faudra en revenir à ce vieil adage « aux grands maux les grands remèdes ».
Il faut profiter de l’émergence de la prise
de conscience citoyenne sur les enjeux environnementaux qui se dessine
aujourd’hui, pour en finir avec le culte de la croissance quantitative et
s’orienter vers une croissance qualitative source de bien-être grâce aux
nouvelles technologies.
C’est une autre vision du progrès, qu’il faut
désormais mettre au service de l’économie durable et solidaire où « l’être» prime sur « l’avoir ». Cette orientation nécessite de nouvelles règles de
fonctionnement de notre économie. Elle suppose une révolution radicale de nos
modes de production et de consommation. Cela impose des changements
substantiels dans notre manière de produire, de consommer, de travailler et de
répartir les richesses. Les institutions publiques nationales ou européennes ainsi
que les entreprises sont les seules à pouvoir agir sur les trois rouages de
l’activité économique (Production-Répartition-Consommation)
pour provoquer l’accélération de ce changement structurel. L’idée qu’en vivant
autrement on peut vivre mieux pourrait ainsi se concrétiser progressivement
dans les actes de la vie quotidienne. Construire cette nouvelle économie exige
un projet capable de restaurer la confiance en l’avenir en fédérant les États à
un niveau supranational. Cette ambition fait aujourd’hui défaut en Europe
malgré certaines avancées. La gravité et la rapidité du dérèglement de notre
environnement naturel offrent aux États européens l’opportunité de construire
cette nouvelle croissance pour la génération future. L’Union Européenne pourrait ainsi servir de modèle pour
le reste du monde, en s’engageant dans cette voie où « l’être » prime sur « l’avoir ».
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