27 oct. 2015

Rente ou rendement, c'est toute la question de la croissance et du chômage !

Rente ou rendement ?

  L'économie réelle est beaucoup plus taxée que l'économie financière virtuelle, c'est pourquoi il est devenu plus avantageux de placer ou de spéculer que d'investir ! La rente est donc préférée au rendement du capital technique par les détenteurs de capital  ne se souciant que du rendement à court terme. Ainsi peu d'investissements =>peu de croissance=>peu d'emploi=> inégalités de revenus qui se creusent de plus en plus. Alors pour plus de croissance et d'emploi, il faut taxer davantage l'économie financière virtuelle et moins l'économie réelle.
 
 
 




2 sept. 2015

Le partage du travail : une solution Rocardienne au chômage !


Chômage : la solution Rocard

Michel Rocard : "Travailler plus collectivement, mais moins individuellement. Voilà la solution" :

Le retour d’une proposition, la réduction du temps de travail, - aujourd’hui à contre-courant -, pour sortir de la crise du chômage. Michel Rocard, l’homme du “parler vrai”, fait un retour remarqué dans le débat public. Il le fait tel qu’en lui-même, c’est-à-dire en n’hésitant pas à sortir des sentiers battus et à aller sur les voies innovantes. Son nouveau cheval de bataille, avec son compère Pierre Larrouturou, un sujet devenu tabou en France, la réduction du temps du travail. Un processus qu’il envisage de façon radicale. “Pour résorber significativement notre chômage, passer aux 35 heures ne suffit pas. Ce sont les 32 heures ou moins qu’il faut viser”, affirme-t-il. A l’appui de sa démonstration, l’ex-Premier ministre met en avant le nombre total d’heures travaillées durant les Trente Glorieuses – 41 milliards – rapporté à la population active . Une nouvelle version du partage du travail ? Michel Rocard détourne le slogan sarkozyste du “travailler plus” : “Travailler plus, tous ensemble collectivement mais moins individuellement ! Voilà la solution.”Je n’aime pas le mot “crise”. En matière médicale, la crise, c’est le temps fort de la maladie. Employer ce mot laisse supposer qu’on tient pour anormal, surprenant et temporaire la phase dans laquelle on est, et qu’on espère possible un retour à la situation antérieure. Or il ne s’agit pas du tout de cela. Nous sommes devant des évolutions multiples différentes et cumulatives, dont on ne sortira pas sans tout changer. A l’avenir, les choses seront radicalement différentes dans tous les domaines : la nature, les objets, l’activité économique, le temps de travail, les emplois, etc. Parler de crise au singulier est une erreur. Je vous rappelle la phrase d’Henry Kissinger : “Depuis l’origine de l’Histoire (soit tout de même 6 000 ans!), jamais aucune génération n’a eu à faire face à autant de défis terribles et simultanés que l’actuelle génération.” Ce mot de défi est préférable à celui de crise. Et les défis sont nombreux, le premier, et pourtant l’un des moins commentés étant à mon sens la perte de la capacité des économies développées à assurer le plein-emploi.

Un chômage intolérable

Depuis maintenant 20 ans dans tous les pays développés, le chômage ne régresse plus. Il s’est stabilisé entre 5 et 10 % selon les structures sociales, les puissances syndicales, les habitudes des tribunaux en matière de licenciement, les comportements traditionnels patronaux, etc. A ce chômage s’ajoute la précarité. Contrats de durée de travail de quelques semaines, temps partiel non choisi… Les précaires sont deux fois plus nombreux que les chômeurs recensés. Il faut aussi compter les salariés dont les revenus sont inférieurs au seuil de pauvreté. Chômeurs + précaires + travailleurs pauvres (les catégories se recoupent parfois) englobent près d’un tiers de la population active dans les pays développés. Une situation fondamentalement choquante que l’on ne tolère que par habitude et qui est lourde de menace. La cause de l’expansion de ce sous- emploi tient principalement au ralentissement tendanciel de la croissance économique. Par paliers successifs, cette dernière ne cesse pas de décliner. Le taux de croissance du PIB qui était de 5 % dans les années des Trente Glorieuses est tombé successivement à 4 %, puis 3 % et en dessous de 2 % depuis l’entrée dans le XXIe siècle. Les marchés en forte expansion de l’après-guerre – l’automobile et les équipements blancs et bruns (télévision, machine à laver…) deviennent des marchés de renouvellement à croissance moindre et les marchés des nouveaux produits (téléphones mobiles, ordinateurs …) sont de taille inférieure. Dans le même temps la hausse du prélèvement actionnarial sur les résultats des entreprises (de 8 à 15 %) est venue ralentir la progression du pouvoir d’achat des salariés alors que ce dernier avait été la clé de la croissance pendant les Trente Glorieuses. Parallèlement, les gains de productivité ont considérablement gonflé. Avec l’informatique, les ordinateurs, les microprocesseurs et les robots, la productivité s’accélère d’un rythme de 2 à 5 % l’an. Un “choc” d’une ampleur considérable sur l’emploi que nous ne savons toujours pas gérer.

Une variable essentielle, la durée du travail

Face à un tel chômage et des perspectives de croissance aussi basses, il n’y a pas d’autre solution que de rouvrir la question de la durée du travail. La durée du travail est un des facteurs de l’équilibre du marché du travail. J’en appelle ici au grand Keynes et non à quelques prophètes barbus ou économistes en colère. En septembre 1930, en pleine crise, l’auteur de la Théorie générale pronostique qu’à la fin du siècle il suffira de 3 heures par jour - ou de 15 heures par semaine de travail salarié - pour que l’humanité subvienne à ses besoins ! Je fais partie de ceux qui ont intégré cette vision : il faut utiliser la variable du temps de travail pour se débarrasser du chômage.

Le problème est qu’en France, la durée du travail fait partie de ces sujets tabous qui lorsqu’on les aborde suscitent toutes sortes de débordements. Placez le sujet dans la conversation, l’intelligence, la nuance, la précaution disparaissent, le ton monte, on s’apostrophe, on cite des chiffres de partout sans vérifier s’ils sont comparables ou compatibles entre eux et on profère souvent des absurdités. De grâce cessons de nous quereller, et réfléchissons au sujet avec tranquillité. Que les pouvoirs publics et les syndicats n’en appellent d’abord plus à la loi pour traiter la question. Et que le monde patronal accepte ensuite l’idée que la durée du travail est un des facteurs de l’équilibre du marché du travail.

Le recours néfaste à la loi

Peu après la Deuxième Guerre mondiale en raison de l’effort de reconstruction autour de 2 000 heures, puis à partir des années 50 elle reprend son mouvement à la baisse si bien qu’à l’exception du Japon, partout en Europe et en Amérique du Nord, elle se situe désormais entre 1 700 et 1 600 heures. Or pour y parvenir, il n’y a qu’en France qu’on a eu recours à la loi car dans les autres pays, le processus a été “naturel” et négocié. La loi sur les 40 heures de 1936 a été tellement maladroite qu’elle a fait baisser la production. Elle ne sera d’ailleurs effective qu’à partir de 1948. Il y a eu ensuite l’épisode des 39 heures payées 40 en 1982. Une variation de moindre ampleur avec moins de dommages sauf celui d’avoir découragé les quelques patrons et syndicalistes qui s’apprêtaient à négocier. Puis survint la loi sur les 35 heures qui a provoqué un affrontement hautement politisé, avec une charge symbolique extrême entretenue par les médias. Quinze ans plus tard, on n’a toujours pas fait convenablement le bilan de cette loi et encore moins l’analyse de ce qui a été fait et pourquoi. Toutes les grandes entreprises françaises sont aux 35 heures, ou en dessous alors que la quasi-totalité des PME ont refusé d’y aller et sont restées à 37 ou 38 heures. Si bien qu’en raisonnant sur l’ensemble des salariés, y compris ceux travaillant à temps partiel, la durée moyenne de travail s’établit autour de 36,5-37 heures en France contre 33 heures en Allemagne, 32 en Grande-Bretagne et en dessous de 31 heures aux Etats-Unis à la fin 2012. Or ces 36,5-37 heures françaises sont corrollaires avec nos 5 millions de chômeurs, toutes catégories de demandeurs d’emploi confondues !

Pour la semaine de 4 jours

L’idée qu’autour d’un horaire déterminé – que ce soit 36, 35 ou 32 heures - on réaliserait instantanément le plein-emploi – et qu’on pourrait donc s’arrêter là – est une idée idiote. Je suis moins à la recherche d’un chiffre symbole que d’un processus intelligent, négocié et accepté pour pousser à la baisse aussi loin qu’il le faudrait. Or il se trouve que pour résorber significativement notre chômage, passer aux 35 heures ne suffit pas. De plus, une demi-heure de moins de travail par jour ne présente pas de réel avantage pour un travailleur qui consacre souvent beaucoup plus de temps à son trajet domicile-travail. Ce qui peut avoir de l’intérêt, c’est de disposer d’une journée complète de libre. S’occuper des enfants, bricoler, se cultiver, ca peut compter et ça soulage une famille. C’est cette double idée qui nous a conduit – Pierre Larroturou et moi-même – à accepter la symbolisation autour de la semaine de 4 jours (4 jours à 8 huit heures font 32 heures). Mais ces 32 heures n’ont pas plus de vertus symboliques que les 35 heures. Il se trouve tout simplement que ce chiffre est en meilleure correspondance avec notre niveau de chômage à combattre et avec un modèle d’application plus facile que celui des 4 journées de travail.

Travailler plus mais tous ensemble

D’ores et déjà, environ 400 grosses PME ont choisi d’être à 32 heures pour leur plus grand bénéfice car en général l’usine tourne 6 jours, ou au moins 5 et demi et avec au global plus de personnel au travail. Ce schéma n’est en rien malthusien puisqu’il vise au contraire à accroître le nombre global d’heures travaillées. “Travailler plus pour gagner plus !” Jamais Sarkozy, pas plus d’ailleurs que ses ministres, n’ont précisé si cette formule s’appliquait au niveau individuel ou à l’échelon collectif. Du temps des années de forte croissance des années 60 et du début 70, la population active salariée travaillait de l’ordre de 41 milliards d’heures de travail. Aujourd’hui, avec 5 millions de demandeurs d’emploi, le nombre d’heures fournies n’est plus que de 37 milliards. Ce sont ces heures perdues qu’il faut retrouver. Pour revenir au plein-emploi et à ces 41 milliards d’heures, un simple calcul permet de déterminer la durée du travail idoine. Ce n’est pas ma faute si l’arithmétique fait que tous ensemble veut dire qu’on tombe à 32 heures, sinon moins !

Travailler beaucoup plus mais, tous ensemble collectivement et moins individuellement, voilà la solution. Je suis prêt à en discuter avec tous ceux qui acceptent les chiffres à la base de ce raisonnement.

www.lenouveleconomiste.fr

9 mai 2015

Réformer l'entreprise pour sortir de la crise !

Voir  Le Monde 7 mai 2015 (lien)

L’entreprise est devenue aujourd’hui, à travers le C.I.C.E. (Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi) ou encore à travers le pacte de responsabilité et la recherche d’un nouveau dialogue social, la cible des politiques économiques conjoncturelles gouvernementales fondées sur l’offre. Elle est considérée  désormais  comme l’acteur économique principal pouvant sortir notre économie de la crise de l’emploi et de la faible croissance. L’enjeu est de taille, la réforme qui en découle l’est tout autant !
Notre économie dispose d’une pensée sur le marché, mais n’a pas de pensée de l’entreprise. En effet, l’entreprise n’a pas d’existence propre en droit ni en économie. Elle n’existe qu’à travers les personnes. Soit elle se confond avec la personne physique, dans ce cas on parle d’entreprise individuelle. Elle n’existe donc qu’à travers son créateur et fait partie de son patrimoine personnel. Soit elle est une personne morale, dans ce cas elle est une société. Or le droit des sociétés ignore le concept même d’entreprise.  D’où ce paradoxe : les salariés qui sont pourtant les parties prenantes essentielles de l’entreprise, sont étrangères au contrat de société. Paradoxe encore, si l’on se tourne vers le droit du travail, ce n’est pas l’entreprise qui passe les contrats de travail mais la société. Cette ambiguïté a rendu possible la financiarisation de l’entreprise qui s’est fortement développée à partir des années 80 grâce à la libéralisation des marchés financiers et à leur globalisation. Cette transformation de la propriété économique qui s’est tournée progressivement vers l’actionnariat, a modifié la gouvernance de la grande entreprise dans laquelle les intérêts des actionnaires priment sur ceux des salariés. Elle a aussi modifié son mode de direction, en faisant des dirigeants de simples mandataires des actionnaires. Ces gestionnaires sont désormais contraints de valoriser  les actifs financiers avant les actifs productifs, ce qui ralentit les investissements et l’innovation, et donc freine la croissance et l’emploi dans notre économie. La relation entre l’investissement et la finance s’étant inversée. Des investissements sont abandonnés, non parce qu’ils ne sont pas rentables mais parce qu’ils ne sont pas suffisamment rentables pour les actionnaires. En introduisant ainsi les mécanismes de marché dans l’entreprise, cette financiarisation réduit peu à peu ses finalités économiques, sociales et environnementales à la seule maximisation du profit à court terme.
De plus, cette introduction a modifié les liens de coordination dans les  entreprises, car dans la logique de la financiarisation, la gestion de la grande entreprise ne reconnait que les individus et non les personnes. A la différence de l’individu, la personne ne peut pas être dissociée des relations qu’elle crée. En dissociant ainsi l’individu de la personne, ces modes de gestion réduisent l’intelligence collective de l’entreprise et transforment son ciment social en une somme d’individus. En privilégiant ainsi davantage l’individu plutôt que la personne, le travail ne devient plus qu’une variable d’ajustement. Dès lors, il est plus facile pour l’entreprise soucieuse de sa flexibilité, de se séparer des individus que des personnes. Il est aussi plus facile pour elle, de réduire le coût du travail afin d’améliorer la compétitivité plutôt que de valoriser la connaissance.
Dans ce contexte, le choix d’une politique de l’offre centrée sur l’entreprise ne peut réussir à rétablir la croissance et à créer des emplois durables qu’à la condition que soit mise en œuvre une réforme structurelle de celle-ci et plus particulièrement de la grande entreprise.  Cette nouvelle conception de l’entreprise  pourrait reposer sur trois rouages.
Le premier est celui de la production. L’entreprise doit redevenir le lieu où l’on produit la richesse économique. Cette fonction principale doit pouvoir s’exercer à travers ses finalités économiques, sociales et environnementales, à partir  desquelles les dirigeants sélectionnent les moyens de financement en fonction des investissements et non l’inverse. Ce renversement de la relation entre l’investissement  et la finance nécessite une séparation stricte entre les actionnaires-investisseurs et les actionnaires-spéculateurs où seuls les premiers ayant contribué à la production percevraient les dividendes.
Le second est celui de la répartition de la richesse. La distribution des revenus entre le travail et le capital ne doit plus être une répartition conflictuelle dans laquelle l’un doit affaiblir l’autre pour se développer. Il faut bien au contraire, réconcilier l’économique et le social par une nouvelle approche du travail qui doit être appréhendé comme une ressource et non plus comme un coût. La valeur travail doit donc reposer sur la reconnaissance des compétences des salariés. Ce compromis ne pourrait se faire que par l’institutionnalisation d’un dialogue social fondé sur un équilibre entre ces deux facteurs de production.
Et le  troisième rouage est le rouage territorial. Afin de pouvoir exercer son rôle d’acteur économique principal, l’entreprise doit ancrer ses activités sur le territoire grâce à un regroupement sur le même territoire d’un réseau de compétences associant des entreprises, des écoles, des universités, des laboratoires de recherche et des services publics participant mutuellement à son essor. Ce lien territorial dissuaderait ainsi les délocalisations. L’engrenage de ces trois rouages devrait faire naître une nouvelle gouvernance en s’inspirant des sociétés coopératives et tracer les perspectives d’une institutionnalisation de l’entreprise au service de l’économie !

26 avr. 2015

Investissement : les chefs d'entreprise ne décident plus !

 
L’entreprise est devenue plus que jamais l’acteur principal pour sortir notre économie du chômage et de la faible croissance. Le dynamisme de l’économie française dépend désormais des décisions des chefs d’entreprise. Ils détiennent les clés de la relance économique par l’augmentation de leurs capacités de production et doivent faire preuve d’une grande audace pour l’anticiper.
Leur audace pourrait être payante car  la conjoncture semble favorable pour relever le défi de l’investissement.  Toutes les conditions influençant les décisions d’investir sont mutuellement réunies.
Quelques indicateurs conjoncturels favorables à l’investissement
Le retour de la croissance de l’économie française s’amorce peu à peu grâce à la baisse du prix du pétrole et à la dépréciation de l’euro. Cette diminution du prix du pétrole redonne du pouvoir d’achat aux ménages malgré la modération de leurs salaires depuis 2012. La consommation en France reste toutefois maintenue à la hausse. Ce sursaut conjoncturel de demande profite aux entreprises. Elles sont les grandes gagnantes de cette situation. La baisse des tarifs pétroliers,  l’allègement fiscal lié au CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) et au pacte de responsabilité dont les premiers effets se font ressentir, ont contribué à faire baisser leurs coûts de production, améliorant ainsi leurs marges et leur compétitivité. De plus, la dépréciation de l’euro vient renforcer la compétitivité de celles qui exportent, voyant ainsi leurs carnets de commandes se remplir de nouveau.  A cela, s’ajoute une diminution des taux d’intérêt sur les emprunts leur permettant d’accéder aux crédits à des conditions avantageuses.
Cependant ces déterminants économiques et financiers ne sont pas toujours suffisants pour relancer l’investissement. Les chefs d’entreprise n’ont pas toujours le pouvoir de décider d’investir ou encore celui de décider librement d’anticiper la demande. La décision d’investir ne leur appartient pas pleinement lorsqu’ils dirigent soit des grandes entreprises ou soit des PME. Leur choix d’investir est relatif.
l’investissement sous tutelle financière…
En effet depuis la fin des années 80, la financiarisation des entreprises s’est fortement développée grâce à la libéralisation des marchés financiers et à leur globalisation. Cette transformation de la propriété économique qui s’est tournée progressivement vers l’actionnariat, a modifié la gouvernance des grandes entreprises en faisant des dirigeants de simples mandataires des actionnaires. Ces gestionnaires dirigeants  sont désormais contraints de valoriser  les actifs financiers avant les actifs productifs. Aujourd’hui les grandes entreprises consacrent deux fois plus d’argent aux versements de dividendes qu’aux investissements. En sacrifiant ainsi leurs investissements au profit des actionnaires, elles ralentissent la modernisation de leur processus de production, diminuent leur productivité et perdent leur compétitivité.
Quant aux PME échappant à cette gouvernance, elles ont actuellement l’opportunité d’investir en recourant au crédit à des faibles taux. Encore faut-il que cette opportunité soit acceptée et amplifiée par les banques, ce qui n’est pas toujours le cas. Aujourd’hui, les banques encore endettées et  traumatisées par la crise financière de 2008, restent encore trop réticentes  pour accorder des crédits, préférant les placements aux investissements, jugeant ces derniers trop risqués et peu rentables dans une  phase de reprise économique. N’ayant qu’une vision microéconomique et ne pouvant pas mesurer l’effet multiplicateur de l’investissement sur l’ensemble de l’économie, elles retardent par cette incertitude la réalisation de certains projets des petites et moyennes entreprises susceptibles de générer de la croissance. Les anticipations des chefs d’entreprise dépendent de celles consenties conjointement par les banques. La croissance économique n’est plus entre les mains de l’entrepreneur au sens de Schumpeter mais entre celles du banquier. Le sas financier devient donc le passage obligé de l’investissement. Désormais, c’est le crédit qui détermine le niveau et la nature de la production des richesses plutôt que l’esprit d’entreprendre.
Inverser la relation finance-investissement
Dans ce contexte, la reprise de l’investissement ne peut réussir à relancer la croissance et à créer des emplois qu’à la condition que l’Etat renverse la relation finance-investissement en surtaxant les dividendes des actionnaires-spéculateurs et en détaxant ceux des actionnaires-investisseurs. Mais aussi à la condition qu’il sépare  grâce à la loi bancaire, les banques de dépôt des banques d’investissement. Ces dernières disposant d’une véritable culture macroéconomique seraient donc plus  consentantes à soutenir l’investissement !
Ce renversement redonnerait le goût du risque et de l’innovation aux chefs d’entreprise garantissant ainsi la croissance.