Nous
sommes désormais entrés dans l’urgence climatique. Hausse des températures,
canicules récurrentes, incendies dévastateurs en Grèce, au Portugal, en
Californie, inondations ravageuses, acidification des océans, fonte des glaces
et accélération de la disparition des espèces animales et végétales : sont
quelques manifestations visibles et concrètes du dérèglement climatique
qui ne cessent de s’accumuler.L’attention
portée sur la protection de l’environnement a beaucoup progressé. Et pourtant,
les mobilisations contre le changement climatique restent encore globalement
faibles dans les actes malgré les différents sommets mondiaux (COP 21…COP 23),
malgré les différentes tribunes des scientifiques ou encore malgré l’appel des
200 personnalités pour sauver la planète. Elles restent aussi, encore faibles,
malgré une prise de conscience citoyenne devenue grandissante.Sous le poids de
notre activité économique, la destruction de l’environnement va toujours
beaucoup plus vite que la construction écologique. De temps à autre, l’ampleur
d’une catastrophe nous émeut et nous fait réagir, mais le quotidien reprend
bien vite son cours. Il continue de nous enfermer dans cette course effrénée où
le « toujours plus » prime sur le « toujours mieux ». Nous nous sommes
habitués à rechercher le bien-être dans la croissance intensive. Nous y sommes
tellement habitués que nous ne savons plus vivre autrement. Or aujourd’hui,
face à ce risque environnemental qui met en péril toute l’humanité, nous devons
aller plus loin et plus vite. Il y a urgence !L’ampleur de la
dégradation de l’environnement est telle que la question n’est plus seulement
scientifique, elle est dès à présent,
politique et sociétale. Elle nécessite des changements substantiels dans
le fonctionnement de notre économie, dans nos modes de production et de
consommation. Le changement climatique ne doit plus être
considéré comme une externalité négative de notre modèle de croissance. Cette
dette écologique ne peut pas être supportée par la génération future. C’est
pourquoi, elle doit être désormais prise en compte dans la mesure du P.I.B afin
d’évaluer et de percevoir réellement la gravité du risque environnemental. Elle
doit servir de critère de convergence pour conduire la politique de croissance comme
l’est celui de la dette publique pour
élaborer la politique budgétaire. Intégrer cette contrainte écologique dans les
politiques publiques, permettrait à chaque gouvernement de retrouver sa
capacité à orienter l’activité économique dans l’intérêt général plutôt que de
la gérer sous la pression des divers lobbys servant des intérêts privés. Le
principal enjeu consiste aujourd’hui à construire un nouveau modèle de
croissance permettant de satisfaire nos besoins sans compromettre ceux de la
génération future. Tel est le défi qui doit être relevé dès à présent.Préparer l’avenir
des générations futures, implique de tracer les voies d’une nouvelle forme de
croissance économique faisant de l’enjeu climatique une priorité absolue des
politiques économiques. A cet égard, les Pouvoirs publics doivent mettre en
œuvre un programme d’investissements publics ambitieux garantissant leur engagement
immédiat et définitif dans la transition écologique. Cette planification
écologique inciterait les entreprises à investir massivement à leur tour dans
les énergies renouvelables ou encore à investir au moindre risque dans de
nouvelles activités économiques respectueuses de l’environnement. Créant ainsi
par cet effet multiplicateur de nouveaux biens, de nouveaux besoins et de
nouveaux emplois, elle ferait naître
progressivement une nouvelle façon de produire et de consommer permettant de réduire les effets du dérèglement
climatique.
De plus, cette
dynamique économique pousserait la finance privilégiant aujourd’hui les
placements spéculatifs à court terme, à s’engager à son tour dans cette
nouvelle voie dans laquelle le long terme deviendrait moins aléatoire.Cette action
collective pourrait quant à elle, s’étendre à l’échelle européenne voire
mondiale, lors de la COP 24 qui se déroulera en Pologne au mois de décembre
2018. Elle sera l’occasion d’enclencher ce processus à condition que les dirigeants politiques fassent le choix du courage
politique plutôt que de celui de l’égoïsme dominé le dogme du
laisser-faire libéral. Il est temps de passer
d’une croissance quantitative à une croissance qualitative où « l’être » prime sur « l’avoir ». Dés lors, il appartient
à chacun d’entre nous, par nos actes citoyens,
d’encourager l’action publique pour
préparer et réaliser ce
passage !