L’entreprise
est devenue plus que jamais l’acteur principal pour sortir notre économie du
chômage et de la faible croissance. Le dynamisme de l’économie française dépend
désormais des décisions des chefs d’entreprise. Ils détiennent les clés de la
relance économique par l’augmentation de leurs capacités de production et
doivent faire preuve d’une grande audace pour l’anticiper.
Leur audace pourrait être payante car la conjoncture semble favorable pour relever le défi de l’investissement. Toutes les conditions influençant les décisions d’investir sont mutuellement réunies.
Quelques indicateurs conjoncturels favorables à l’investissement…Leur audace pourrait être payante car la conjoncture semble favorable pour relever le défi de l’investissement. Toutes les conditions influençant les décisions d’investir sont mutuellement réunies.
Le retour de la croissance de l’économie française s’amorce peu à peu grâce à la baisse du prix du pétrole et à la dépréciation de l’euro. Cette diminution du prix du pétrole redonne du pouvoir d’achat aux ménages malgré la modération de leurs salaires depuis 2012. La consommation en France reste toutefois maintenue à la hausse. Ce sursaut conjoncturel de demande profite aux entreprises. Elles sont les grandes gagnantes de cette situation. La baisse des tarifs pétroliers, l’allègement fiscal lié au CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) et au pacte de responsabilité dont les premiers effets se font ressentir, ont contribué à faire baisser leurs coûts de production, améliorant ainsi leurs marges et leur compétitivité. De plus, la dépréciation de l’euro vient renforcer la compétitivité de celles qui exportent, voyant ainsi leurs carnets de commandes se remplir de nouveau. A cela, s’ajoute une diminution des taux d’intérêt sur les emprunts leur permettant d’accéder aux crédits à des conditions avantageuses.
Cependant ces déterminants économiques et financiers ne sont pas toujours suffisants pour relancer l’investissement. Les chefs d’entreprise n’ont pas toujours le pouvoir de décider d’investir ou encore celui de décider librement d’anticiper la demande. La décision d’investir ne leur appartient pas pleinement lorsqu’ils dirigent soit des grandes entreprises ou soit des PME. Leur choix d’investir est relatif.
… l’investissement sous tutelle
financière…
En effet depuis
la fin des années 80, la financiarisation des entreprises s’est fortement
développée grâce à la libéralisation des marchés financiers et à leur
globalisation. Cette transformation de la propriété économique qui s’est
tournée progressivement vers l’actionnariat, a modifié la gouvernance des
grandes entreprises en faisant des dirigeants de simples mandataires des
actionnaires. Ces gestionnaires dirigeants
sont désormais contraints de valoriser
les actifs financiers avant les actifs productifs. Aujourd’hui les
grandes entreprises consacrent deux fois plus d’argent aux versements de
dividendes qu’aux investissements. En sacrifiant ainsi leurs investissements au
profit des actionnaires, elles ralentissent la modernisation de leur processus
de production, diminuent leur productivité et perdent leur compétitivité.
Quant aux PME échappant
à cette gouvernance, elles ont actuellement l’opportunité d’investir en
recourant au crédit à des faibles taux. Encore faut-il que cette opportunité
soit acceptée et amplifiée par les banques, ce qui n’est pas toujours le cas. Aujourd’hui,
les banques encore endettées et traumatisées par la crise financière de 2008, restent
encore trop réticentes pour accorder des
crédits, préférant les placements aux investissements, jugeant ces derniers trop
risqués et peu rentables dans une phase
de reprise économique. N’ayant qu’une vision microéconomique et ne pouvant pas
mesurer l’effet multiplicateur de l’investissement sur l’ensemble de l’économie,
elles retardent par cette incertitude la réalisation de certains projets des
petites et moyennes entreprises susceptibles de générer de la croissance. Les
anticipations des chefs d’entreprise dépendent de celles consenties
conjointement par les banques. La croissance économique n’est plus entre les
mains de l’entrepreneur au sens de Schumpeter mais entre celles du banquier. Le
sas financier devient donc le passage obligé de l’investissement. Désormais,
c’est le crédit qui détermine le niveau et la nature de la production des
richesses plutôt que l’esprit d’entreprendre.
Inverser
la relation finance-investissement
Dans ce contexte,
la reprise de l’investissement ne peut réussir à relancer la croissance et à
créer des emplois qu’à la condition que l’Etat renverse la relation finance-investissement
en surtaxant les dividendes des actionnaires-spéculateurs et en détaxant ceux
des actionnaires-investisseurs. Mais aussi à la condition qu’il sépare grâce à la loi bancaire, les banques de dépôt des
banques d’investissement. Ces dernières disposant d’une véritable culture
macroéconomique seraient donc plus
consentantes à soutenir l’investissement !
Ce renversement redonnerait le goût du risque et de l’innovation aux chefs d’entreprise garantissant ainsi la croissance.
Ce renversement redonnerait le goût du risque et de l’innovation aux chefs d’entreprise garantissant ainsi la croissance.