« Le malheur économique des uns fait le bonheur économique des autres » !
Notre économie sort enfin de la récession en ce début d’année 2010 et la crise financière est désormais derrière nous. Mais ne nous réjouissons pas trop vite, car le chômage pourrait bien ternir cet optimisme économique.
En effet, la dégradation du marché du travail, inquiétante par sa brutalité et son ampleur, ne devrait pas ralentir rapidement tout au long de l’année 2010 avec une reprise laborieuse de 1.5%. Voilà le signe que le chômage reste toujours le point noir de notre économie.
Mais s’en soucie-t-on vraiment ? Cela fait maintenant plus de trente ans qu’il demeure à un niveau élevé, et aujourd’hui il menace des pans entiers de la population active. Tous les salariés ne sont pas frappés de la même façon : les jeunes, les moins qualifiés, les femmes et certains « séniors » sont de loin les plus exposés.
Le chômage a connu quelques timides baisses entre 2000/2002 et 2006/2007, mais durant l’année 2010 il aura du mal à passer en dessous de la barre des 9% de la population active à cause des taux de croissance poussifs.
En l’espace d’un an le nombre de chômeurs a augmenté de 19.7%, une dégradation d’autant plus inquiétante si l’on en juge par la configuration de la pyramide des âges. Une telle perspective démographique était pourtant porteuse d’une amélioration de l’emploi à partir de 2010. Cependant l’allongement de la durée des cotisations des retraites, le recours aux heures supplémentaires défiscalisées et le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, assombrissent cet horizon démographique en réduisant les embauches.
Alors pourquoi une telle impuissance à faire reculer cette maladie économique et sociale ? Serait-elle devenue incurable, comme sembleraient l’indiquer les chiffres depuis plusieurs années ? Le chômage est en train de se banaliser et devient dorénavant un mal économique qu’il faudra s’habituer à supporter en période de croissance.
Aujourd’hui, à défaut de traitements économiques coordonnés et efficaces, les pouvoirs publics ne prescrivent plus qu’un traitement social pour l’atténuer, qui malheureusement trouve rapidement ses limites devant la gravité de la maladie. En réalité, ce mal qui n’épargne aucun salarié, qui entretient toujours la crainte de l’exclusion sociale et du désespoir, ne mobilise toujours pas tous les acteurs économiques malgré l’engagement des gouvernements. Pourquoi ? Ferait-il moins de dégâts sur notre économie que la crise financière ? Ou ferait-il plus de bien que de mal à certains acteurs de la vie économique ?
Nous voilà au cœur du débat. En effet, un niveau élevé de chômage fragilise le monde du travail et le pouvoir syndical. Il décourage toute revendication salariale par crainte de menacer l’emploi. Les grandes entreprises profitent de cette situation car toute modération salariale représente des gains de compétitivité supplémentaires pour affronter la concurrence internationale. De fait, le chômage permet de maintenir un partage de la valeur ajoutée plus favorable aux actionnaires qu’aux salariés accroissant ainsi leurs profits. Qui s’en plaindrait, si davantage de profits créent davantage d’emplois ? Or ces profits d’aujourd’hui à défaut de consommation supplémentaire « ne font pas les investissements de demain et les emplois d’après demain ». Bien au contraire ils se détournent trop souvent de l’économie réelle pour alimenter les bulles spéculatives.
Le chômage entretiendrait donc le chômage en freinant la progression du pouvoir d’achat. Alors y a-t-il vraiment urgence à mettre fin à une spirale qui favorise la segmentation du marché du travail en nourrissant la dualité entre les contrats précaires et les contrats à durée indéterminée ?
Les uns supportent les besoins de flexibilité des entreprises tandis que les autres bénéficient d’une certaine sécurité professionnelle. Cette division fait le jeu des grandes entreprises car elle met les salariés en concurrence déloyale et leur fait supporter un sentiment d’injustice qui les oblige à accepter la précarité pour renouer avec l’emploi. Ainsi, au nom d’une certaine éthique sociale, l’unification des contrats de travail devient nécessaire. Unification qui passe par la fusion de leurs durées, plus de flexibilité et moins de protection afin de maintenir des emplois ou d’en créer dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Faudrait-il alors accepter moins de protection sociale pour plus d’emploi ?
Dans cette situation sociale convalescente, aggravée par la crise, le chômage sert d’alibi pour justifier les réductions du coût du travail et les déréglementations sociales. Un niveau de chômage quasi-permanent déséquilibre les rapports sociaux entre l’entreprise et les syndicats. Et à défaut de véritable partie prenante sociale dans l’entreprise, la loi remplace petit à petit la négociation collective pour promouvoir le progrès social.
Le chômage est bien le signe que le travail est toujours considéré par les entreprises comme une marchandise et non comme une ressource humaine. Or tant que les entreprises auront cette approche comptable rien ne changera. Tant qu’elles n’auront pas intégré le travail comme une richesse et non uniquement comme un coût dans leur culture ou modèle de management, il sera toujours plus difficile pour les gouvernements de réduire véritablement le chômage.
Toutes les mesures financières et fiscales incitatives à la création d’emplois prises en faveur des entreprises n’ont jamais permis d’accroître durablement les offres d’emplois. Elles ont le plus souvent débouché sur la création d’emplois précaires.
Le chômage deviendrait-il désormais une variable sociale d’ajustement utile pour certains acteurs économiques ? Ce qui justifierait la faible mobilisation pour l’éradiquer !
En effet, la dégradation du marché du travail, inquiétante par sa brutalité et son ampleur, ne devrait pas ralentir rapidement tout au long de l’année 2010 avec une reprise laborieuse de 1.5%. Voilà le signe que le chômage reste toujours le point noir de notre économie.
Mais s’en soucie-t-on vraiment ? Cela fait maintenant plus de trente ans qu’il demeure à un niveau élevé, et aujourd’hui il menace des pans entiers de la population active. Tous les salariés ne sont pas frappés de la même façon : les jeunes, les moins qualifiés, les femmes et certains « séniors » sont de loin les plus exposés.
Le chômage a connu quelques timides baisses entre 2000/2002 et 2006/2007, mais durant l’année 2010 il aura du mal à passer en dessous de la barre des 9% de la population active à cause des taux de croissance poussifs.
En l’espace d’un an le nombre de chômeurs a augmenté de 19.7%, une dégradation d’autant plus inquiétante si l’on en juge par la configuration de la pyramide des âges. Une telle perspective démographique était pourtant porteuse d’une amélioration de l’emploi à partir de 2010. Cependant l’allongement de la durée des cotisations des retraites, le recours aux heures supplémentaires défiscalisées et le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, assombrissent cet horizon démographique en réduisant les embauches.
Alors pourquoi une telle impuissance à faire reculer cette maladie économique et sociale ? Serait-elle devenue incurable, comme sembleraient l’indiquer les chiffres depuis plusieurs années ? Le chômage est en train de se banaliser et devient dorénavant un mal économique qu’il faudra s’habituer à supporter en période de croissance.
Aujourd’hui, à défaut de traitements économiques coordonnés et efficaces, les pouvoirs publics ne prescrivent plus qu’un traitement social pour l’atténuer, qui malheureusement trouve rapidement ses limites devant la gravité de la maladie. En réalité, ce mal qui n’épargne aucun salarié, qui entretient toujours la crainte de l’exclusion sociale et du désespoir, ne mobilise toujours pas tous les acteurs économiques malgré l’engagement des gouvernements. Pourquoi ? Ferait-il moins de dégâts sur notre économie que la crise financière ? Ou ferait-il plus de bien que de mal à certains acteurs de la vie économique ?
Nous voilà au cœur du débat. En effet, un niveau élevé de chômage fragilise le monde du travail et le pouvoir syndical. Il décourage toute revendication salariale par crainte de menacer l’emploi. Les grandes entreprises profitent de cette situation car toute modération salariale représente des gains de compétitivité supplémentaires pour affronter la concurrence internationale. De fait, le chômage permet de maintenir un partage de la valeur ajoutée plus favorable aux actionnaires qu’aux salariés accroissant ainsi leurs profits. Qui s’en plaindrait, si davantage de profits créent davantage d’emplois ? Or ces profits d’aujourd’hui à défaut de consommation supplémentaire « ne font pas les investissements de demain et les emplois d’après demain ». Bien au contraire ils se détournent trop souvent de l’économie réelle pour alimenter les bulles spéculatives.
Le chômage entretiendrait donc le chômage en freinant la progression du pouvoir d’achat. Alors y a-t-il vraiment urgence à mettre fin à une spirale qui favorise la segmentation du marché du travail en nourrissant la dualité entre les contrats précaires et les contrats à durée indéterminée ?
Les uns supportent les besoins de flexibilité des entreprises tandis que les autres bénéficient d’une certaine sécurité professionnelle. Cette division fait le jeu des grandes entreprises car elle met les salariés en concurrence déloyale et leur fait supporter un sentiment d’injustice qui les oblige à accepter la précarité pour renouer avec l’emploi. Ainsi, au nom d’une certaine éthique sociale, l’unification des contrats de travail devient nécessaire. Unification qui passe par la fusion de leurs durées, plus de flexibilité et moins de protection afin de maintenir des emplois ou d’en créer dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Faudrait-il alors accepter moins de protection sociale pour plus d’emploi ?
Dans cette situation sociale convalescente, aggravée par la crise, le chômage sert d’alibi pour justifier les réductions du coût du travail et les déréglementations sociales. Un niveau de chômage quasi-permanent déséquilibre les rapports sociaux entre l’entreprise et les syndicats. Et à défaut de véritable partie prenante sociale dans l’entreprise, la loi remplace petit à petit la négociation collective pour promouvoir le progrès social.
Le chômage est bien le signe que le travail est toujours considéré par les entreprises comme une marchandise et non comme une ressource humaine. Or tant que les entreprises auront cette approche comptable rien ne changera. Tant qu’elles n’auront pas intégré le travail comme une richesse et non uniquement comme un coût dans leur culture ou modèle de management, il sera toujours plus difficile pour les gouvernements de réduire véritablement le chômage.
Toutes les mesures financières et fiscales incitatives à la création d’emplois prises en faveur des entreprises n’ont jamais permis d’accroître durablement les offres d’emplois. Elles ont le plus souvent débouché sur la création d’emplois précaires.
Le chômage deviendrait-il désormais une variable sociale d’ajustement utile pour certains acteurs économiques ? Ce qui justifierait la faible mobilisation pour l’éradiquer !