29 nov. 2009

L'enjeu de Copenhague ?

Après nous le déluge ?
Combien d’années de déforestation, de fonte des glaces, de disparitions d’espèces animales et végétales, faudra-t-il voir défiler sous nos yeux, pour enfin stopper l’asphyxie de notre planète, et demain, celle de toute l’humanité ?
Les profits d’aujourd’hui sont les nuisances de demain et les catastrophes d’après demain !
Face à un tel risque climatique, depuis longtemps annoncé par la communauté des scientifiques, peut-on encore oser demander à la Terre plus qu’elle puisse nous offrir ? Comment répondre à nos besoins sans compromettre l’avenir de la Planète ? Voilà des questions qui devraient nous interpeller.
L’égoïsme qui guide notre activité économique est devenu si fort maintenant, qu’il nous conforte dans l’idée que le progrès sera bientôt capable de maîtriser la nature et donc la rareté. Par conséquent pourquoi s’inquiéter ! Où est l’urgence ?
Cette thèse est largement relayée par quelques entreprises multinationales, et par certains discours politiques. Elle insinue l’idée selon laquelle le développement durable, c’est à dire un développement qui répond à nos besoins sans compromettre ceux des générations futures, engendre des coûts excessifs dans la mesure où il suppose une révolution radicale de nos modes de production, de répartition et de consommation. Un tel engagement modifierait les échanges, ralentirait la croissance mondiale et retarderait le développement des pays émergents.
Mais heureusement, que depuis le protocole de Kyoto, beaucoup d’entreprises et de pays, notamment ceux du monde en développement, convaincus de la gravité du problème, n’hésitent plus à s’engager sur la voie de ce nouveau modèle de développement, même s’il implique de coûteux investissements.
Porter attention uniquement sur le coût de cette transformation, efface la question vitale de l’avenir de notre planète, entretient la réticence des Etats à s’engager réellement sur le développement durable, et les dissuade à prendre les mesures nécessaires pour freiner le réchauffement climatique.
Cette inertie fait perdre le sens de la rareté à l’humanité, et cimente l’idée que l’on peut produire toujours plus sans mettre en péril les ressources naturelles d’ici 50 ans.
Et pourtant, le coût de l’inaction est nettement supérieur au coût de la prévention, comme l’a démontré le rapport Stern, qui a conclu : que le réchauffement freinerait la croissance de l’économie mondiale à hauteur de 20%, alors qu’il en coûterait à peine 3% du PIB pour y mettre un terme. Alors pourquoi attendre sans trop réagir et repousser une fois de plus les décisions à plus tard et faire comme si de rien n’était. Chaque être humain qui va vivre sur cette planète subira les conséquences des hésitations aujourd’hui.
L’ampleur de la dégradation de l’environnement est telle que les scientifiques tirent depuis quelques années le signal d’alarme : il y a urgence à sauver la planète.
Le « syndrome du Titanic » n’est pas une fiction, bien au contraire !
Or, la question n’est plus seulement scientifique, elle est dès à présent politique. Elle nécessite des changements substantiels dans le fonctionnement de notre économie et dans nos modes de vie. Désormais préparer l’avenir des générations futures, implique de passer d’une économie fondée sur « l’avoir plus » à une économie fondée sur « l’être mieux ». Autrement dit passer d’une croissance quantitative à une croissance qualitative. C’est là que la volonté politique, en vertu du principe de précaution, devrait tracer et imposer les voies de cette nouvelle forme de croissance économique au service de l’humanité !
A cet égard, un consensus plus large et un engagement plus ferme des pouvoirs politiques lors de la conférence de Copenhague sur le climat, permettraient de contraindre les lobbies financiers de chaque pays à se soucier davantage de l’avenir de notre planète que du baromètre du CAC 40.
Copenhague n’est pas un sommet comme les autres. Car c’est la date à laquelle les dirigeants des pays industrialisés et des pays en développement devront faire le choix crucial entre l’immobilisme ou le courage politique.
Ne rien faire, c’est accepter la suprématie des lois de la rentabilité sur celles de la nature où le culte du court terme empêche de préparer l’avenir des générations futures.
L’environnement passe plus que jamais au dernier rang des préoccupations des acteurs économiques aveuglés par leur cupidité, dès lors qu’il s’agit de prendre en charge le financement de sa protection.
Alors sommes nous prêts à ne laisser qu’un monde en péril à nos enfants et petits enfants ?Après nous le déluge, vraiment ?

29 oct. 2009

L'impôt : "du moins faute de mieux"

L’impôt : « du moins faute de mieux »
L
’impôt n’est pas ce qu’il est, mais ce que l’Etat en fait. Mais, le réduire, qui s’en plaindrait ? La fiscalité est toujours jugée excessive et injuste par les individus. Justifiée en théorie par des raisons économiques, car le poids des prélèvements fiscaux freine le dynamisme du marché, la baisse de l’impôt de 2010 répond davantage à des motifs politiques dans la pratique.
En effet, les baisses successives des années précédentes n’ont pas permis d’accroître la consommation des ménages, ainsi que les investissements des entreprises pour stimuler la croissance économique. Bien au contraire, elles ont encouragé l’épargne des ménages les plus aisés, et donc n’ont pas eu l’effet de relance de l’activité économique par la demande.

La poursuite de cette diminution est révélatrice d’un choix de société. Elle conforte l’idée que l’intérêt individuel prime sur l’intérêt général et que seul le secteur privé crée des richesses. Par conséquent, les impôts qui financent l’action publique représentent une charge improductive qu’il faut faire disparaître ou qu’il faut réduire.
Cette vision libérale forge progressivement un sentiment antifiscal dans les comportements des acteurs économiques en renforçant leur individualisme. Elle cimente ainsi petit à petit l’idée que l’impôt est une nuisance qui décourage l’esprit d’entreprendre, freine la création de richesses et pénalise l’emploi.
Et pourtant, un tel désengagement fiscal fait plus de mal que de bien.
Il aggrave le déficit budgétaire et alourdit considérablement la dette publique. Son financement par l’emprunt public accroît l’injustice sociale. Car l’Etat emprunte des capitaux aux ménages les plus aisés à des taux supérieurs à ceux du marché financier, au lieu de percevoir les impôts sur leurs revenus. Les classes moyennes, contribuent alors, par l’impôt sur le revenu au remboursement du capital emprunté aux plus riches. Et,
faute d’imposition suffisante pour les revenus financiers colossaux, il encourage la cupidité responsable de la crise actuelle.
De plus, une telle diminution suppose la réduction des missions d’intérêt public de l’Etat car nos impôts financent le fonctionnement des services publics indispensables à la vie économique et sociale : santé, éducation, culture, justice, sécurité, transports, routes…
L’impôt est le prix à payer pour utiliser ces services collectifs et réduire les inégalités sociales.
Alors comment en payant moins d’impôt peut-on avoir plus de sécurité, plus de santé, plus d’égalité et plus d’éducation ?
Le problème qui se pose ainsi est celui du rôle de l’impôt dans notre société aujourd’hui, et à travers lui, celui des services publics et de notre modèle social.
Cette course à la baisse des impôts fragilise la place et le rôle des services publics dans notre société en ne valorisant que l’intérêt individuel. Et, progressivement, elle pourrait les faire disparaître faute de ressources suffisantes pour gérer au mieux l’intérêt public. Lui préférant sa baisse, l’Etat doit-il renoncer à toute réforme de l’impôt direct, et donc abandonner une partie de ses services publics à la concurrence pour réduire son déficit ?
Mais moins d’impôt, c’est moins d’Etat. Les citoyens sont-ils prêts en accepter la charge individuelle?
Le « moins d’impôts » reste une illusion. Et pourtant, malgré ses risques, l’idée de payer moins d’impôt nous réconforte toujours.
La dimension citoyenne de l’impôt sur le revenu se perd, car les ménages ordinaires ont le sentiment d’en payer toujours trop pour un retour en contrepartie insuffisant ou peu significatif, voire même invisible.
Aujourd’hui, la charge fiscale est devenue trop lourde, car elle est inégalement répartie entre les contribuables et trop souvent détournée par les niches fiscales ou paradis fiscaux. En outre, seuls 50% des ménages sont assujettis à l’impôt sur le revenu.
Or, si l’on veut corriger cette perception qu’ont aujourd’hui les contribuables, et si l’on souhaite maintenir notre modèle social, redonner du sens à l’intérêt général et réduire les inégalités, il faut réformer notre système fiscal, plutôt que de baisser les impôts, afin de le rendre plus efficace, plus juste et plus transparent. Autrement dit passer d’une politique budgétaire fondée sur le « moins d’impôts » à une politique budgétaire fondée sur le « mieux d’impôts ».
Ce passage nécessite un élargissement de l’assiette fiscale aux bonus et aux capitaux financiers ne produisant aucune richesse réelle. Cela implique de donner un poids substantiel à l’impôt progressif en réduisant les autres impôts, et de lui attribuer un rôle majeur de gestion et de redistribution afin de valoriser davantage la richesse produite par le travail que celle par le capital. Ce n’est qu’à cette condition, qu’il pourra orienter la finance vers l’économie réelle et rétablir un meilleur partage de la valeur ajoutée.
Le rendement d’échelle ainsi réalisé, devrait garantir la pérennité de notre modèle social à travers les services publics, et modifier nos comportements à l’égard de l’impôt devenu plus juste et plus efficace.
Alors pourquoi ne pas explorer cette voie et s’y engager ?

Il faudra donc beaucoup de courage politique et de solidarité pour supprimer les niches fiscales et les paradis fiscaux, et encore davantage pour réhabiliter cette idée simple que l’impôt progressif n’est pas seulement un coût, mais le prix équitable à payer pour bénéficier des services publics et préserver notre modèle social dans l’intérêt de tous les citoyens.
Or un tel courage permettrait que la richesse de chacun fasse aussi la richesse de tous.

7 oct. 2009

emploi des jeunes

« Il faut bien que jeunesse se passe…mais pas qu’elle trépasse ! »

D’ordinaire plus touchés par le chômage que les autres actifs, les jeunes sont les premières victimes d’une crise économique dont la virulence ne fait qu’accentuer le caractère alarmant de leur situation.
En l’espace d’un an le nombre de demandeurs d’emploi chez les jeunes de moins de 25 ans a augmenté de plus de 30%, une dégradation d’autant plus inquiétante si l’on en juge par la configuration de la pyramide des âges.
Une telle perspective démographique était pourtant porteuse d’espoir d’une amélioration très nette de leur emploi à partir de 2009. Cependant la violence de la crise actuelle assombrit cet horizon optimiste et renforce la crainte des jeunes envers l’avenir.

Les jeunes, derniers entrés dans la vie active sont les premiers à en sortir en période de récession, la plupart d’entre eux occupant des emplois temporaires.
Leur entrée sur le marché du travail implique de franchir le sas de la précarité : intérim, contrats à durée déterminée, petits boulots, emplois aidés, stages sous payés, avant de pouvoir prétendre à un emploi stable et durable. Or à la moindre baisse d’activité économique, ces emplois sont les premiers supprimés par les entreprises. Pour les plus jeunes d’entre eux, souvent sortis de l’école sans diplôme, la voie de l’insertion professionnelle est devenue désormais celle de la précarité. Elle limite la réalisation de leur projet et fragilise leur parcours professionnel. Faute de perspectives, elle les empêche de s’investir pleinement dans la vie de l’entreprise. Les firmes ne les appréhendent ainsi plus sous l’angle d’une ressource humaine, mais plutôt d’un coût salarial que la précarité permet de minimiser.
Le manque d’expérience ou de connaissance du métier de la part des jeunes salariés représente un risque que les employeurs n’osent plus assumer dans un environnement concurrentiel de plus en plus fort, leur préférant des salariés immédiatement productifs.
Dans de telles conditions, les jeunes ne peuvent pas acquérir une première expérience professionnelle leur permettant de construire leur avenir. Or tant que les entreprises auront cette approche comptable rien ne changera.
Pour les plus qualifiés d’entre eux, si le diplôme reste encore une garantie d’employabilité, la situation dégradée de l’emploi rallonge sensiblement la durée de passage de l’université à l’emploi, alourdit considérablement le coût de leurs études et accentue leur dépendance. Pour ces derniers, l’espoir d’une reprise économique pour 2010, ne leur garantit pas nécessairement une meilleure employabilité, attendu qu’en période de reprise, les entreprises préfèrent le plus souvent, recourir d’abord aux heures supplémentaires défiscalisées, avant d’embaucher.
Les jeunes restent ainsi sans emploi, et exclus des minima sociaux, se trouvent confrontés à la pauvreté, alors qu’ils sont les ressorts de la croissance de demain.
Face à l’urgence de la crise, l’extension du RSA aux 18-25 ans semble insuffisante pour aider les jeunes, car elle ne s’applique qu’aux jeunes sans emploi ayant déjà travaillés au moins deux ans.

Alors pourquoi ne pas aider tous les jeunes selon des modalités spécifiques à chacune de leur situation ?
Mais au-delà d’une allocation d’autonomie facilitant leur insertion professionnelle, l’enjeu majeur demeure plus que jamais l’accès des jeunes à l’emploi.
Paradoxalement, nombre de secteurs, tels l’agriculture, l’hôtellerie-restauration, ou encore le bâtiment, jugés trop pénibles, mal payés et peu valorisants, ne trouvent pas de jeunes.
Un tel paradoxe révèle une mauvaise adéquation entre formation et emploi qui pourrait se corriger par un rapprochement de l’école et de l’entreprise. Une meilleure synergie entre les deux permettrait une mutualisation des compétences directement profitables aux jeunes. Ce qui revaloriserait les filières professionnalisantes aujourd’hui désertées. Elles pourraient ainsi attirer des jeunes dans ces métiers leur ouvrant enfin de véritables trajectoires professionnelles.
En outre, un tel dispositif ne sera efficace que s’il parvient à concilier formation initiale et formation professionnelle grâce à un partenariat entre le système éducatif public et les entreprises. Cette alternance devrait être prise en charge par l’école publique et non par des organismes privés, afin de protéger la formation contre les risques de la précarité et être assortie d’un engagement d’embauche des entreprises bénéficiant des aides fiscales. Certaines entreprises se sont engagées sur cette voie, mais elles sont encore trop rares aujourd’hui !
C’est un changement radical de mentalité qui est nécessaire pour refonder la politique de l’emploi des jeunes. Il passe par des mesures institutionnelles visant à associer les entreprises et l’école publique à la construction de l’avenir professionnel des jeunes.
Ce n’est qu’à cette condition que les jeunes trouveront des emplois et que les entreprises leur feront désormais réellement confiance.

29 mai 2009

Emploi des jeunes

"Des jeunes sans emploi, et des emplois sans jeunes…"

D’ordinaire plus touchés par le chômage que les autres actifs, les jeunes sont les premières victimes d’une crise économique dont la virulence ne fait qu’accentuer le caractère alarmant de leur situation. En l’espace d’un an le nombre de demandeurs d’emploi chez les jeunes de moins de 25 ans a augmenté de plus de 30%, une dégradation d’autant plus inquiétante si l’on en juge par la configuration de la pyramide des âges Une telle perspective démographique était pourtant porteuse d’espoir d’une amélioration très nette de leur emploi à partir de 2009. Cependant la violence de la crise actuelle assombrit cet horizon optimiste et renforce la crainte des jeunes envers l’avenir.

Ceci étant, comment expliquer que la France affiche un des taux de chômage des 18-24 ans le plus élevé d’Europe, alors même que les entreprises ne trouvent pas de salariés dont elles ont besoin ?
Plusieurs raisons expliquent cette situation paradoxale.

Les jeunes, derniers entrés dans la vie active sont les premiers à en sortir en période de récession, la plupart d’entre eux occupant des emplois temporaires. Leur entrée sur le marché du travail implique de franchir le sas de la précarité : intérim, contrats à durée déterminée, petits boulots, emplois aidés, avant de pouvoir prétendre à un emploi stable et durable. Or à la moindre baisse d’activité économique ces emplois sont les premiers supprimés par les entreprises. Pour les plus jeunes d’entre eux, souvent sortis de l’école sans diplôme, la voie de l’insertion professionnelle est devenue désormais celle de la précarité. Elle limite la réalisation de leur projet et fragilise leur parcours professionnel. Faute de perspectives, elle les empêche de s’investir pleinement dans la vie de l’entreprise et donc d’accroître la productivité. Les firmes ne les appréhendent ainsi plus sous l’angle d’une ressource humaine, mais plutôt d’un coût salarial que la flexibilité permet de minimiser.
Le manque d’expérience ou de connaissance du métier de la part des jeunes salariés représente un risque que les employeurs n’osent plus assumer, leur préférant des salariés immédiatement productifs.
Dans de telles conditions, les jeunes ne peuvent pas acquérir une première expérience professionnelle leur permettant de construire leur avenir.
Or tant que les entreprises auront cette approche comptable rien ne changera.
Pour les plus qualifiés d’entre eux, si le diplôme reste encore une garantie d’employabilité, la situation dégradée de l’emploi rallonge sensiblement la durée de passage de l'université à l'emploi. Pour ces derniers l’espoir d’une reprise économique pour 2010, ne leur garantit pas nécessairement une meilleure employabilité attendu qu’en période de reprise, les entreprises préfèrent le plus souvent, recourir d’abord aux heures supplémentaires défiscalisées, avant d’embaucher.
Les jeunes se trouvent ainsi sans emploi, alors qu’ils sont les ressorts de la croissance de demain. Paradoxalement, nombre de secteurs tels, l’agriculture, l’hôtellerie-restauration, ou encore le bâtiment, jugés trop pénibles, mal payés et peu valorisants ne trouvent pas de jeunes.
Un tel paradoxe révèle une mauvaise adéquation entre formation et emploi qui pourrait se corriger par un rapprochement de l’école et de l’entreprise. Une meilleure synergie entre les deux permettrait une mutualisation des compétences directement profitables aux jeunes.
Leur permettre de bénéficier d’un enseignement général et professionnel suivi d’un accompagnement en entreprise, faciliterait leur insertion professionnelle, l’illustration la plus probante étant celles des baccalauréats professionnels, BTS, IUT et autres Licences professionnelles où les étudiants généralement s’insèrent plus facilement dans le monde du travail. Cette forme d’alternance pourrait ainsi être étendue à tous les jeunes selon des modalités spécifiques à chacune de leur formation. L’action gouvernementale s’est aujourd’hui engagée sur cette voie à travers le plan d’urgence pour l’emploi des jeunes. Un tel plan ne prend toutefois pas suffisamment en compte le besoin de revalorisation des filières professionnalisantes aujourd’hui désertées. Elles pourraient ainsi attirer des jeunes dans ces métiers leur ouvrant enfin de véritables trajectoires professionnelles.
En outre un tel dispositif ne sera efficace que s’il parvient à concilier formation initiale et formation professionnelle grâce à un partenariat entre le système éducatif public et les entreprises. Cette alternance, devrait être prise en charge par l’école publique et non par des organismes privés, afin de protéger la formation contre les risques de la précarité, et être assortie d’un engagement d’embauche des entreprises bénéficiant des aides fiscales. Ce n’est qu’à cette condition que les jeunes trouveront des emplois et que les entreprises s’investiront réellement dans la formation.

22 mars 2009

CRISE : par ici la sortie....

Avoir ou Etre : c’est la question ?
La crise actuelle n’est pas seulement financière, elle est aussi systémique. Si la finance en a été le détonateur, notre modèle économique régulé par la cupidité, a quant à lui répandu la poudrière. La course effrénée aux profits conjuguée à une consommation excessive nous ont fait croire à un bonheur économique garanti par l’augmentation du P.I.B. La croissance détermine le niveau de l’emploi, conditionnant ainsi notre niveau de vie et de protection sociale. Aussi son retour est-il tant espéré en cette période de crise. Elle permet à chaque acteur économique d’avoir davantage et donc de pouvoir satisfaire ses besoins selon l’adage « c’est en ayant plus que l’on vit mieux ».
La crise actuelle est la conséquence de cette croyance aveugle à laquelle nous adhérons tous.

Or, nous voilà plongés dans la crise la plus grave d’après guerre, où « l’avoir plus » est devenu une illusion.
Et pourtant, malgré la gravité de la récession, l’idée d’avoir plus influence et guide toujours nos comportements égoïstes.
La crise sonnera-t-elle le glas de l’accumulation de richesses devenue la finalité de l’économie ?
Sera-t-elle à l’origine d’un changement de nos comportements et d’une meilleure répartition des richesses ?

Il existe deux façons de faire progresser la production.

La première consiste à produire plus avec la même quantité de travail au moindre coût au risque de mettre en péril le climat, d’épuiser les ressources naturelles, et de fragiliser davantage le travail.
La seconde consiste à produire et à consommer autrement en préservant l’environnement naturel, en développant les services et la qualité.
Créer des emplois, des richesses durables, répartir les revenus de manière plus équitable, et consommer moins mais mieux, sans croissance des quantités produites, mais par la croissance de la qualité est une solution rendue possible par le progrès technique.
Produire des produits biologiques, des voitures propres, des biens durables et recyclables nécessite plus de travail, crée de nouveaux emplois et dégage davantage de pouvoir d’achat grâce à une répartition plus équitable des richesses. Alors pourquoi ne pas explorer cette voie et s’y engager ?

La performance de l’économie n’est pas seulement quantitative, elle est aussi qualitative. Cet aspect de la croissance semble échapper à la logique comptable, malgré la richesse qu’il représente. Le bien-être ne se mesurerait-il pas ?
Désormais, sortir définitivement de la crise et préparer l’avenir des générations futures, implique de passer d’une économie fondée sur « l’avoir plus » à une économie fondée sur « l’être mieux ».
Autrement dit, passer d’un modèle productiviste dominé par le court terme à un modèle du bien être, dans lequel l’activité économique serait basée sur la qualité et sur l’usage des biens plutôt que sur leur possession.
Loin de s’en désoler, ne faudrait-il pas s’en féliciter ?

La finance a longtemps privilégié le premier modèle et activé les rouages d’une croissance des quantités plutôt que ceux d’une croissance de la qualité. Elle a figé pendant des décennies l’économie réelle sur le temps présent pour accroître la rentabilité financière.
Mais la logique comptable et financière en négligeant ainsi la rentabilité économique, la valeur ajoutée de la qualité et celle du bien être, a conduit son propre modèle économique dans un cycle dépressif.
Et, en différant les investissements, elle a retardé la recherche et l’innovation capables d’amorcer cette mutation dans laquelle le paradigme « c’est en étant mieux on vit mieux » trouve tout son sens.
Or, aujourd’hui, dans ce contexte de crise, cette activité économique durable est plus que jamais reléguée au dernier rang des préoccupations des institutions et des acteurs économiques.
Mais au-delà des soins prodigués dans l’urgence par les multiples plans de relance pour faire redémarrer les moteurs de la croissance, il faudra en revenir à ce vieil adage « aux grands maux les grands remèdes », et comprendre qu’une crise de grande ampleur implique une vision de grande ampleur, à défaut de laquelle, les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Il faut profiter de la crise pour en finir avec le culte de la croissance quantitative et s’orienter vers une croissance qualitative source de bien-être grâce aux nouvelles technologies. C’est une autre vision du progrès, qu’il faut désormais mettre au service de l’économie durable où « l’être » prime sur « l’avoir ». Cette orientation nécessite de nouvelles règles de fonctionnement de notre économie. Elle suppose une révolution radicale de nos de modes de production et de consommation. Cela implique des changements substantiels dans notre manière de travailler, de répartir la valeur ajoutée et de la mesurer.

C’est là que la volonté politique renforcée par ce retour de l’interventionnisme devrait tracer et imposer les voies de cette nouvelle forme de croissance économique au service de l’homme et de l’environnement.
Les Pouvoirs Publics sont les seuls à avoir la légitimité d’agir sur les trois rouages de l’activité économique (Production-Répartition-Consommation) pour provoquer l’accélération de ce changement structurel. L’idée qu’en vivant autrement on peut vivre mieux pourrait ainsi se concrétiser dans les actes de la vie quotidienne. L’économie n’est pas une machine qui n’obéit qu’à des règles mécaniques.

Construire cette nouvelle économie exige un projet capable de restaurer la confiance en l’avenir en fédérant les Etats à un niveau supranational. Cette ambition fait aujourd’hui défaut, et pourtant la gravité de la crise offre aux Etats l’opportunité de construire ce nouveau modèle.
Face à ce qu’il faut bien appeler une révolution civilisationnelle, préfèrerons-nous encore « l’avoir plus » à « l’être mieux » ? Là est la question.

31 janv. 2009

CRISE : aux grands maux, les grands remèdes

Aux grands maux, les grands remèdes….

Devant la gravité d’une crise des liquidités qui a enrayé les trois rouages de l’activité économique (Production-Répartition-consommation), les gouvernements sont inquiets. Des milliards ont été débloqués et injectés dans l’économie (360 milliards d’euros pour l’Europe et 800 milliards de dollars pour les Etats-Unis) sans que pour autant ne disparaissent les risques de récession et de déflation. Après le séisme qui a déjà fortement ébranlé la sphère financière, sa réplique fragilise à présent l’économie réelle, et met en péril les secteurs de l’automobile et du bâtiment. Le chômage est de nouveau à la hausse, et les Etats, tous reconvertis à l’interventionnisme, espèrent la reprise pour 2010.

Mais deux années, et maints plans de relance, suffiront-ils pour sortir notre économie de ce cycle dépressif parti de la finance ?

La crise financière était prévisible mais seule son ampleur était réellement surprenante. Elle trouve son origine dans cette dérégulation de grande envergure des marchés financiers à la fin des années 80, qui a transformé le système financier international en un ensemble de mécanismes complexes, porteurs des germes de leur propre effondrement. Face à la crise, la réaction immédiate du gouvernement a été la bonne. Elle a permis d’éviter la faillite du système bancaire et par ricochet, a sauvé des pans entiers de notre économie. Mais au-delà de ces soins prodigués dans l’urgence, deux remèdes s’imposent aujourd’hui, pour sortir de la récession.

Le premier remède consiste en la mise en place d’une politique monétaire expansionniste dont l’objet serait d’accroître le volume des liquidités. La Banque Centrale Européenne pourrait ainsi, sous l’effet de la chute des prix des matières premières, pratiquer des taux d’intérêt proches de zéro. L’efficacité d’une telle politique tiendrait à la mise en place de nouvelles règles financières solides, étendues aux marchés dérivés, contrôlées et sanctionnées par les banques centrales. Toutefois, devant l’ampleur de cette crise systémique, le seul levier de la politique monétaire ne saurait suffire.

Aussi, un second remède, basé sur le levier de la politique budgétaire, est-il souhaitable. Il n’est pas acceptable que des usines ferment et que des salariés soient licenciés par milliers dans des secteurs clé de notre économie. Il incombe donc à l’Etat de venir au secours des secteurs gravement touchés au moyen d’une politique de relance de grande ampleur. A ce titre, un plan de relance évalué à 26 milliards d’euros sur deux ans, soit treize milliards d’euros par an, fait bien pâle figure, nonobstant une orientation ciblée sur l’investissement et sur les PME. Un tel plan ne privilégie véritablement que le rouage de la production et ne devrait produire ses effets que fin 2009.
Dans la conjoncture dégradée qui est la notre, ne faudrait-il pas alors un second plan de relance, élargi aux deux autres rouages de l’économie ?

S’il était mis en œuvre, le second plan gagnerait à repenser le mode de partage de la valeur ajoutée, aujourd’hui trop défavorable aux salariés. Un tel partage ne peut en revanche être efficient que si l’on allège la fiscalité des entreprises, proportionnellement aux augmentations de salaires qu’elles accordent. L’augmentation salariale ne fragiliserait alors en rien la compétitivité des entreprises qui pourraient ainsi augmenter les salaires sans avoir à supporter le coût de l’augmentation. Stimulée par une baisse globale de la fiscalité, la hausse généralisée des salaires relancerait la consommation via un mécanisme d’effet multiplicateur. La hausse de la demande profiterait donc à l’ensemble des acteurs économiques et le surcroît de consommation concourait ainsi à une augmentation substantielle des recettes budgétaires liées à la T.V.A. Les entreprises augmenteraient leurs marges sans modifier leurs prix du fait des carnets de commandes enfin remplis et sauveraient ainsi des centaines d’emplois.


Ce schéma vertueux ne sera cependant effectif que si l’Union Européenne rompt avec la frilosité qui a jusqu’alors caractérisé sa réaction. Le plan de relance européen (200 milliards d’euros) reste insuffisant et l’Union peine à s’affranchir de toute logique bassement nationale. En 1929, le New Deal n’a été possible que par la constitution d’un budget fédéral américain et même si les Etats européens rechignent aujourd’hui, malgré la gravité de la crise, à se départir de leurs prérogatives budgétaires, il leur faudra en revenir à ce vieil adage « aux grands maux, les grands remèdes » et comprendre qu’une crise de grande ampleur implique une relance coordonnée de grande ampleur.
L’économie n’est pas une machine qui n’obéit qu’à des règles mécaniques. Restaurer les anticipations optimistes des agents implique un projet capable de restaurer la confiance en l’avenir en fédérant l’ensemble des politiques économiques et sociales à un niveau supranational. Cette ambition fait aujourd’hui défaut à l’Union européenne qui pourtant, forte d’une union monétaire solide, pourrait construire une organisation européenne des marchés financiers où la finance serait au service de l’économie réelle et non l’inverse.