Notre sécurité
sociale fête ce mois-ci ses 80 ans. Depuis le 4 octobre 1945, grâce au Conseil
National de la Résistance, elle continue de nous protéger contre les risques de
la vie.
En effet par ses
ressources qui sont nos cotisations sociales et nos impôts, cette institution
fondée sur la solidarité obligatoire nous aide à nous projeter en toute
confiance dans l’avenir en réduisant l’incertitude. Séparant le risque de la
cotisation de l’assuré et garantissant une assistance « selon ses besoins et non selon ses moyens »,
elle permet une protection sociale pour tous les individus. Faisant ainsi de la
santé un droit et non une marchandise soumise aux lois du marché.
Quatre vingts ans
après, elle est toujours là pour nous prendre en charge financièrement en cas
de maladie, de maternité ou encore en cas d’accident du travail, d’invalidité
et de retraite.
Ce trésor
national est pourtant aujourd’hui de plus en plus remis en question par
certains économistes et par une partie de la classe politique. Á leurs yeux
notre modèle social serait trop coûteux en raison du montant jugé excessif des
prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales) s’élevant à 42,8% du
PIB en 2024, qu’il fait peser sur notre
économie.
La sécurité sociale serait considérée comme une charge …
En effet, le financement de notre sécurité sociale assis sur les salaires par les cotisations sociales, alourdirait le coût du travail et donc pénaliserait l’emploi selon ces économistes. Faisant du coût du travail le seul déterminant des demandes de travail, alors que celles-ci dépendent avant tout du carnet de commandes des entreprises.
De plus, il
entraverait également la compétitivité des entreprises et amoindrirait leur
profit rendant ainsi la croissance atone. Enfin, il serait aussi en partie
responsable de la baisse du pouvoir d’achat des ménages en raison de l’écart
entre le salaire brut et le salaire net qui est devenu de plus en plus
important. Ce qui fait dire que le travail ne paie plus aujourd’hui. D’où la
nécessité de réduire les cotisations sociales au risque de tarir l’édifice
social bâti par le Conseil National de la Résistance.
Un tel jugement
qui est très contestable, forge l’idée fausse que notre modèle social
représente un coût, alors que sa contribution à notre économie est une grande
richesse qui n’est pas suffisamment mise en lumière.
…alors qu’elle représente une richesse pour notre économie.
La sécurité sociale, en créant une chaîne d’union sociale entre les biens portants et les malades, entre les actifs et les retraités et entre les propriétaires de leur seule force de travail et les propriétaires du capital constitue une richesse pour notre économie.
Elle joue un rôle
économique peu visible mais ô combien essentiel, celui de réduire
l’incertitude.
En effet, en
garantissant les revenus des ménages face aux aléas de la vie, elle parvient à
soutenir le niveau de la demande au bénéfice de la croissance et de l’emploi
donc au bénéfice des entreprises et de notre économie. De plus, en préservant
la santé des salariés elle contribue à la qualité de la production, à
l’amélioration de la productivité des entreprises et à celle des salariés. Elle
peut aussi être un stabilisateur économique voire un amortisseur de crise. Ce
fut le cas par exemple lors de la crise sanitaire en 2020.
Á côté de cette
contribution économique, elle a une aussi une vocation redistributive.
Cette vocation
consiste à prélever les cotisations sociales et les impôts sur les revenus
primaires des agents économiques pour les transférer vers d’autres agents
économiques sous forme de prestations monétaires et de services publics afin de
réduire les inégalités.
Avant
redistribution les ménages les plus aisés ont un revenu 18 fois plus élevé que
les ménages les moins aisés. Après redistribution cet écart est de 3. Notre
protection sociale réduit ainsi fortement les inégalités des revenus primaires.
Cependant, celles-ci sont tellement fortes que notre système épuise toutes ses
ressources.
Notre sécurité
sociale qui incarne et met en œuvre les valeurs républicaines que sont
l’égalité et la fraternité, crée un ciment social et économique entre tous les
citoyens. Ce ciment social et économique est une grande richesse pour notre
société. Or, cette richesse n’est pas réellement perçue par les assurés. Il
suffirait pourtant simplement d’afficher la facture pour chaque acte médical
accompli pour que nous constatons que sans cette solidarité des ressources il
serait quasiment impossible pour la plupart d’entre nous de pouvoir honorer ces
frais médicaux.
C’est pourquoi il
faut préserver notre modèle social et le transmettre aux générations futures
comme le souhaitaient les membres du Conseil National de la Résistance.
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