30 mai 2014

Faut-il une réorientation des politiques économiques européennes ?







Voir article ci-dessous :

Europe : l’urgence d’une union sociale !

Plus de cinquante ans après le traité de Rome, l’Union européenne empêtrée dans une stagnation économique, semble en panne. Ses résultats économiques médiocres ont amplifié et consolidé la progression des europhobes dans les pays du continent et au parlement européen. Ils font de l’Europe un problème et menacent son union. Cette vision négative de l’Union Européenne qui se propage, bloque l’émergence d’une nouvelle étape dans sa construction. Le processus européen est stoppé par l’absence de nouvelles perspectives ou de nouvelles solutions à la crise. Les Etats repliés sur eux-mêmes n’ont plus de lisibilité européenne à long terme. Ce n’est pas surprenant, car s’unir dans la diversité par l’intermédiaire des échanges sur les bases d’une concurrence libre et non faussée entre vingt- huit pays hétérogènes, est structurellement défavorable au développement économique et social de l’Union européenne. En choisissant l’élargissement plutôt que l’approfondissement, les dirigeants européens ont encouragé la compétition entre les pays européens, les poussant ainsi dans des comportements égoïstes. Quelle illusion de croire que les liens commerciaux créent des liens sociaux ! Quelle illusion de croire aussi que les écarts économiques et sociaux entre ces pays finiront bien par s’estomper grâce à leur adhésion commerciale à l’Union ! Ce qui a été vrai pour l’Espagne ou le Portugal en 1986, ne l’est pas nécessairement pour les pays européens entrés depuis 2004, du fait de leur nombre, de leurs structures économiques et sociales et des nouvelles forces concurrentielles qui se sont développées sur le marché. De tels écarts, dans un marché unique sans harmonisation sociale et fiscale conduisent les Nations européennes à l’affrontement économique et au développement du chacun pour soi plutôt qu’à la coopération. Ils favorisent le dumping social et fiscal dans lequel la libre circulation des capitaux et celle des services relative au détachement des salariés, profitent davantage aux pays ayant les coûts du travail les plus faibles et la fiscalité la plus avantageuse. Chacun cherche désormais à exporter davantage chez ses voisins et à attirer les capitaux chez lui. Le gain qui en résulte est relatif et provisoire, car tous recherchent à développer leur avantage concurrentiel. Or cette baisse généralisée du coût du travail réduit dans le même temps la demande intérieure européenne. Elle pénalise la croissance, aggrave le chômage et développe les importations de produits étrangers moins chers. Cette attitude individualiste bride l’émergence d’une identité économique et sociale européenne. Ce dumping intra-européen lié à l’élargissement de l’Europe favorise les délocalisations et multiplie les fermetures d’usines devenues moins rentables. Il met en péril certaines filières entières ne pouvant plus faire face à la concurrence sur le marché européen à cause de coûts de travail trop élevés. De plus, le primat du dogme concurrentiel a empêché la constitution d’entreprises industrielles européennes, de groupes européens, au nom du risque de la position dominante prohibée par la règle de la concurrence libre et non faussée. De fait, les grandes entreprises nationales se sont tournées vers le marché asiatique. L’offre européenne s’est atomisée et externalisée. C’est la raison pour laquelle l’Union européenne a la plus grande difficulté à protéger son grand marché de la concurrence des pays émergents. Or, le problème fondamental des vingt-huit États qui partagent le même marché est celui de la solidarité. Pour faire face à la crise et à la mondialisation, il leur faut avancer groupés et rester solidaires. Ce n’est qu’unie que l’Europe peut être forte. Pourtant, certains États européens refusent encore de s’engager dans cette voie collective malgré l’avertissement électoral du 25 mai 2014. Les États européens semblent paradoxalement unis dans leur volonté de retrouver la croissance, mais terriblement désunis dès qu’il s’agit de définir une méthode ou une politique commune. L’avancée européenne est devenue soumise au tempo de la règle d’or budgétaire qui prive les Etats de pouvoir agir efficacement contre la crise. Ils ne peuvent plus donner le « La » de leur économie en période difficile. Il est donc urgent que l’Europe franchisse une autre étape dans son processus d’intégration et qu’elle œuvre à la construction d’une Europe de la solidarité avant que l’Union ne se fissure davantage. La réussite solidaire doit primer sur l’exploit solitaire, sinon l’Union européenne pourrait se transformer rapidement en une Europe des « Etats désunis ». Pour réaliser un tel exploit liant l’identité nationale à l’identité européenne, les pays européens doivent franchir les étapes de l’intégration fiscale et sociale en desserrant collectivement la rigueur budgétaire en période de récession et en imposant à la banque centrale européenne une dépréciation de l’euro. Cette orientation sociale européenne est la condition pour garantir une croissance durable sans une dévaluation sociale. Elle est aussi le moyen de créer une souveraineté européenne au service des peuples. Il n'est dès lors pas certain, qu’en période de crise, les Nations européennes, parfois tentées par le repli national, seront prêtes à les franchir pour que les grands pas sociaux succèdent aux piétinements politiques !

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