5 nov. 2010

La politique de rigueur

Rigueur ou ardeur :  le pari de la confiance !

Les déficits ne sont pas ce qu’ils sont, mais ce que l’Etat en fait. Les réduire qui s’en plaindrait, mais est-ce là la garantie d’une croissance riche en emplois ?

Sous la pression des investisseurs financiers, les pays européens se sont lancés dans une surenchère des plans de rigueur afin d’obtenir une notation favorable des Agences spécialisées.

Les détenteurs de capitaux poussent alors les Etats à imposer l’austérité comme préalable à l’octroi de financements utiles à la relance de l’économie.

Mais comment se peut-il, qu’à la veille de la reprise économique, ces investisseurs financiers jadis sauvés de la panique de 2008 par des gouvernements obligés pour cela d’alourdir leur dette publique, se permettent aujourd’hui de les défier de la sorte, en leur imposant autant de sacrifices en si peu de temps ?

Les déficits contrarient la croissance en la privant des financements avantageux. Ils absorbent une partie de l’épargne des agents, qui fait défaut à l’activité économique.

Aujourd’hui, la baisse des déficits semblerait désormais devenue la condition préalable à la croissance. Elle produirait davantage de croissance grâce à la confiance qu’elle procurerait aux investisseurs dans la mesure où trop de déficits impliquent, nécessairement une hausse potentielle des impôts, qui restreint la rentabilité et décourage l’investissement, moteur de la croissance.

Car la confiance d’aujourd’hui détermine l’investissement de demain, et garantit les emplois d’après demain.

Dans ce contexte, la rigueur s’impose inévitablement à court terme, pour renforcer la confiance des financiers et préparer la croissance de demain.

Elle est désormais la seule issue possible, mais n’est pas sans risque pour notre économie, et pour celle de l’Europe.

Parce qu’elle affaiblit la consommation et limite la portée de l’effet multiplicateur des dépenses publiques, elle pourrait casser à court terme l’élan de la croissance, à défaut de débouchés suffisants au sein de l’Europe.

De plus, une telle surenchère de l’austérité impose des sacrifices très souvent inégalitaires entre les agents économiques au risque de mettre en péril leur protection sociale.

Elle profite davantage à l’économie financière qu’à l’économie réelle, et pénalise ainsi l’emploi sur une courte période.

Alors est-ce si urgent de ramener les déficits à 3% du P.I.B d’ici 2013, alors que l’économie sort à peine de la récession ?

Ne serait-il pas plus efficace d’assainir les finances publiques, une fois l’ardeur économique retrouvée ?

Car, en période de croissance, le retour à l’équilibre budgétaire est moins douloureux pour l’ensemble des acteurs économiques et mieux réparti entre eux.

L’Europe s’est engagée très tôt, dans une spirale de l’austérité qui pourrait lui être fatale.

L’austérité entraîne une croissance anémique, qui contribue à alourdir la dette et oblige, à encore plus de rigueur.

En période de faible croissance, l’Europe risque d’entrer dans ce cercle vicieux où la rigueur appelle la rigueur.

En réalité, comme l’avait bien compris Keynes, le préalable à une reprise de la croissance est un soutien concerté et collectif à la demande, et une lutte massive contre le chômage par tous les moyens. L’emploi crée de l’activité économique et cimente la confiance. Pourtant l’Europe n’a pas choisi cette voie.

Or, c’est seulement en s’engageant sur une politique commune de croissance de l’emploi que les pays européens remettront les finances publiques en ordre et consolideront la confiance financière, et certainement pas en prenant le risque d’une austérité qui pourrait brider la croissance. La rigueur pourrait ainsi faire plus de mal que de bien.

Alors faut-il prendre plutôt le risque de la rigueur que celui de l'ardeur, pour renouer la confiance entre les différents acteurs de la vie économique ?

14 avr. 2010

Réforme des retraites

Retraite : Pour une réforme juste et non faussée !

« Une réforme qui n’envisage pas toutes les possibilités est une réforme faussée ».

Depuis 1987 la question sur l’avenir des retraites fait débat.
Aujourd’hui, hommes politiques, économistes et syndicats nous alertent sur l’impasse financière à laquelle nous conduit la situation actuelle des retraites. Le feuilleton de la réforme se poursuit tous les trois ou cinq ans, et la fin du sixième épisode est prévue pour l’Automne 2010.
Quels en sont les enjeux ?
Conçu au lendemain de la seconde guerre mondiale, notre système de retraite par répartition – selon lequel les retraites sont payées par les cotisations des actifs occupés – subit aujourd’hui des déficits considérables : près de 10 milliards d’euros en 2010.
Plusieurs causes en sont à l’origine : vieillissement démographique, allongement de l’espérance de vie, montée vertigineuse du chômage, précarité des emplois et croissance économique poussive.
Ces variables démographiques et économiques aggravent le déficit du régime de retraite et compromettent son avenir.
Sa réforme est certes, incontournable mais quels sont les paramètres à prendre en compte pour déterminer ses principales orientations ?
La réforme engagée tourne autour de deux axes : l’allongement de la durée de cotisation et le prolongement de l’âge de départ en retraite au-delà de 60 ans. L’enjeu démographique reste toujours le déterminant substantiel des propositions comptables envisagées. Cette hypothèse démographique sert de base à la réforme des retraites pour justifier la nécessité de ces deux pistes.
Face à l’augmentation de l’espérance de vie et de l’arrivée massive de retraités des générations du baby boom, augmenter la durée des cotisations permet de maintenir durablement le niveau de financement des caisses de retraites sous couvert d’une conjoncture économique favorable, ce qui n’est malheureusement pas le cas depuis la crise.
En prolongeant la vie active, une telle mesure conduit inéluctablement les actifs ayant commencé à travailler après l’âge de 20 ans, à prendre leur retraite à 63 ans ou 65 ans voire même 67 ans.
Or, selon la pénibilité de leur métier, la plupart de ces actifs ne pourront pas travailler au-delà de 60 ans et seront donc contraints de cesser leur activité avec des pensions réduites à défaut de durée de cotisations suffisantes.
Cette dégradation sociale fait courir le risque d’une paupérisation de plus en plus forte des futurs retraités et d’une accentuation des inégalités sociales entre les générations. Elle pénalise l’emploi des jeunes en maintenant encore plus longtemps les plus âgés dans la vie active, et affaiblit ainsi le ratio emplois/retraités.
Alors faut-il au nom de la fatalité démographique continuer dans cette seule voie engagée depuis 1993 malgré un regain du taux de fécondité en France de 2,1 enfants garantissant le renouvellement des générations ?
L’équilibre financier d’un système de retraites ne dépend pas seulement du paramètre démographique, d’autres sont en prendre en compte.
Il ne fait aucun doute que la contrainte démographique pèse sur cet équilibre, mais l’évolution de l’emploi et de la croissance économique sont déterminants pour la réduire.
Pourquoi ne pas les prendre en compte dans la réforme ?
La réforme des retraites doit être juste socialement et soutenue économiquement par une politique de l’emploi privilégiant en priorité celui des jeunes et des séniors. Ce qui nécessite un changement radical de comportement des entreprises à l’égard des jeunes et des plus âgés.
Or tant qu’elles continueront à développer des emplois précaires pour les jeunes et favoriser les départs anticipés des séniors, l’avenir de notre système de retraites sera compromis. La question des retraites impose de faire un choix de politique économique et de solidarité sociale pour préparer la société de demain.
Pour la rendre plus juste, on peut envisager de calculer la durée de cotisation en fonction de la pénibilité des métiers. Il est juste d’attribuer des droits en durée selon le degré de pénibilité car il est possible dans certaines activités de travailler plus longtemps que dans d’autres.
Cette flexibilité de la durée tout en respectant globalement une moyenne de 40 années de cotisation, doit être associée à une véritable politique de l’emploi afin de maintenir un ratio emplois/retraités le plus élevé possible garantissant la pérennité de l’équilibre financier et le maintien du taux de remplacement autour de 80%.
Avec une croissance économique plus soutenue et un taux d’emploi élevé il sera plus facile d’augmenter les cotisations sans amoindrir le pouvoir d’achat des actifs et la compétitivité des entreprises, à condition qu’une partie de cette richesse supplémentaire produite profite davantage aux salariés. Ce n’est qu’à cette condition que notre système de retraites pourra relever le défi démographique.
A défaut, la paupérisation programmée des futurs retraités pourrait inciter les jeunes générations à se tourner peu à peu vers la capitalisation.

19 févr. 2010

Dette publique et Dépenses publiques : Plus de rigueur !

Dépenses publiques :
« La rigueur s’impose mais il ne faut pas qu’elle indispose »
Les dépenses publiques ne sont pas ce qu’elles sont, mais ce que l’Etat en fait. Les réduire qui s’en plaindrait, mais est-ce là la garantie d’un Etat plus efficient et moins endetté ?
Sous la pression d’une spéculation contre l’euro qui sème la panique chez les « mauvais élèves » de l’Union Economique Monétaire, les Etats européens vont se lancer dans une surenchère des plans de rigueur budgétaire afin de pouvoir bénéficier des taux d’intérêt les plus avantageux possibles et financer ainsi leur déficit public.
Les détenteurs de capitaux poussent alors les Etats à imposer l’austérité ou à augmenter leurs taux d’intérêt, moyen le plus adéquat pour eux, de maximiser la rentabilité de leurs investissements.
Mais comment se peut-il, qu’à la veille de la reprise économique, ces investisseurs financiers jadis sauvés de la panique de 2008 par des gouvernements obligés pour cela d’alourdir leur dette publique, se permettent aujourd’hui de les défier de la sorte, en leur imposant autant de sacrifices en si peu de temps ?
Devant un tel chantage économique, les Etats n’ont pas d’autre choix que de se résigner à la rigueur s’ils veulent éviter une hausse des taux d’intérêt à long terme. Car, si elle survenait, une telle hausse alourdirait non seulement le coût de leur dette, mais surtout renchérirait le coût du crédit pour les agents économiques, ce qui déprimerait l’investissement, ralentirait la reprise économique et aggraverait le chômage. C’est bien la crainte de cette spirale économique liée à la hausse accélérée de la dette publique (77.7% du PIB en moyenne dans la zone euro) qui justifie la réduction des dépenses publiques ; et notre économie n’y échappe pas.

En période de crise on assiste à une dégradation des comptes publics liée à la fois à des dépenses publiques en augmentation et à des recettes fiscales en diminution. Le déficit public en France est passé de 3.4% du PIB en 2008 à 8% du PIB en 2009, année où la dette publique a atteint un record de 78% du PIB.
Dans ce contexte, l’assainissement des finances publiques s’impose inévitablement à moyen terme, mais n’est pas sans risque pour notre économie et, par extension, celle de l’Europe.
Car la réduction des dépenses publiques risque de freiner la reprise, à défaut d’un soutien durable de l’investissement et de la consommation encore trop fragiles. La rigueur, parce qu’elle limite la portée de l’effet multiplicateur des dépenses publiques pourrait casser l’élan de la croissance et provoquer une crise sociale. Est-ce alors si urgent de ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB d’ici 2012/2013 ?
Mais ces dépenses qui représentent plus de la moitié des richesses créées en France et qui ont pourtant permis d’éviter le pire, sont aujourd’hui jugées trop coûteuses en impôts et en déficits sociaux ; les diminuer relève avant tout du choix politique.
Le décideur public peut alors être tenté de prendre le prétexte de l’assainissement des finances publiques pour justifier la réforme de la protection sociale et la suppression de postes de fonctionnaires. Le coût de l’emploi public et la protection sociale se fait plus pesant en période de faible croissance économique, les revenus fiscaux étant amoindris. Réduire les dépenses, sans modifier le niveau de l’impôt permet alors de réduire la dette et de rassurer les investisseurs.
Or moins de dépenses publiques c’est aussi moins d’Etat et par conséquent moins de professeurs, d’infirmières, de magistrats, de policiers et gendarmes, etc.
Sommes-nous prêts à supporter la charge individuelle de ces missions ?
La rigueur incite chaque agent économique à épargner pour sa retraite ou sa santé afin de pallier les insuffisances prévisibles des mécanismes collectifs. Elle renforce l’idée que l’intérêt individuel prime sur l’intérêt général, et que seules les dépenses du secteur privé sont considérées comme des investissements créant des richesses. Ainsi, prisonnier de ce mode de pensée l’agent économique est tenté de considérer les dépenses sociales publiques (éducation, santé, sécurité) comme une charge improductive qu’il faut réduire.
Cette vision biaisée forge progressivement ce sentiment dans le comportement des acteurs économiques européens, renforce leur individualisme et fragilise l’Union européenne. Les difficultés financières de la Grèce et d’autres pays européens fortement endettés sont la preuve de l’impossible coordination face à des spéculations excessives. Une politique de rigueur commune comme seule réponse aux tensions du marché financier pourrait être fatale à la monnaie unique alors que la gravité de la crise offre à l’Europe l’opportunité unique de construire enfin l’Europe sociale et politique. En un mot, la rigueur indispose et l’union s’impose
!

29 janv. 2010

Chômage : l'action n'est pas à la hauteur de l'intention

Chômage : une mobilisation intentionnelle mais peu réelle ?

« Le malheur économique des uns fait le bonheur économique des autres » !

Notre économie sort enfin de la récession en ce début d’année 2010 et la crise financière est désormais derrière nous. Mais ne nous réjouissons pas trop vite, car le chômage pourrait bien ternir cet optimisme économique.
En effet, la dégradation du marché du travail, inquiétante par sa brutalité et son ampleur, ne devrait pas ralentir rapidement tout au long de l’année 2010 avec une reprise laborieuse de 1.5%. Voilà le signe que le chômage reste toujours le point noir de notre économie.
Mais s’en soucie-t-on vraiment ? Cela fait maintenant plus de trente ans qu’il demeure à un niveau élevé, et aujourd’hui il menace des pans entiers de la population active. Tous les salariés ne sont pas frappés de la même façon : les jeunes, les moins qualifiés, les femmes et certains « séniors » sont de loin les plus exposés.
Le chômage a connu quelques timides baisses entre 2000/2002 et 2006/2007, mais durant l’année 2010 il aura du mal à passer en dessous de la barre des 9% de la population active à cause des taux de croissance poussifs.
En l’espace d’un an le nombre de chômeurs a augmenté de 19.7%, une dégradation d’autant plus inquiétante si l’on en juge par la configuration de la pyramide des âges. Une telle perspective démographique était pourtant porteuse d’une amélioration de l’emploi à partir de 2010. Cependant l’allongement de la durée des cotisations des retraites, le recours aux heures supplémentaires défiscalisées et le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, assombrissent cet horizon démographique en réduisant les embauches.

Alors pourquoi une telle impuissance à faire reculer cette maladie économique et sociale ? Serait-elle devenue incurable, comme sembleraient l’indiquer les chiffres depuis plusieurs années ? Le chômage est en train de se banaliser et devient dorénavant un mal économique qu’il faudra s’habituer à supporter en période de croissance.

Aujourd’hui, à défaut de traitements économiques coordonnés et efficaces, les pouvoirs publics ne prescrivent plus qu’un traitement social pour l’atténuer, qui malheureusement trouve rapidement ses limites devant la gravité de la maladie. En réalité, ce mal qui n’épargne aucun salarié, qui entretient toujours la crainte de l’exclusion sociale et du désespoir, ne mobilise toujours pas tous les acteurs économiques malgré l’engagement des gouvernements. Pourquoi ? Ferait-il moins de dégâts sur notre économie que la crise financière ? Ou ferait-il plus de bien que de mal à certains acteurs de la vie économique ?
Nous voilà au cœur du débat. En effet, un niveau élevé de chômage fragilise le monde du travail et le pouvoir syndical. Il décourage toute revendication salariale par crainte de menacer l’emploi. Les grandes entreprises profitent de cette situation car toute modération salariale représente des gains de compétitivité supplémentaires pour affronter la concurrence internationale. De fait, le chômage permet de maintenir un partage de la valeur ajoutée plus favorable aux actionnaires qu’aux salariés accroissant ainsi leurs profits. Qui s’en plaindrait, si davantage de profits créent davantage d’emplois ? Or ces profits d’aujourd’hui à défaut de consommation supplémentaire « ne font pas les investissements de demain et les emplois d’après demain ». Bien au contraire ils se détournent trop souvent de l’économie réelle pour alimenter les bulles spéculatives.

Le chômage entretiendrait donc le chômage en freinant la progression du pouvoir d’achat. Alors y a-t-il vraiment urgence à mettre fin à une spirale qui favorise la segmentation du marché du travail en nourrissant la dualité entre les contrats précaires et les contrats à durée indéterminée ?
Les uns supportent les besoins de flexibilité des entreprises tandis que les autres bénéficient d’une certaine sécurité professionnelle. Cette division fait le jeu des grandes entreprises car elle met les salariés en concurrence déloyale et leur fait supporter un sentiment d’injustice qui les oblige à accepter la précarité pour renouer avec l’emploi. Ainsi, au nom d’une certaine éthique sociale, l’unification des contrats de travail devient nécessaire. Unification qui passe par la fusion de leurs durées, plus de flexibilité et moins de protection afin de maintenir des emplois ou d’en créer dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Faudrait-il alors accepter moins de protection sociale pour plus d’emploi ?
Dans cette situation sociale convalescente, aggravée par la crise, le chômage sert d’alibi pour justifier les réductions du coût du travail et les déréglementations sociales. Un niveau de chômage quasi-permanent déséquilibre les rapports sociaux entre l’entreprise et les syndicats. Et à défaut de véritable partie prenante sociale dans l’entreprise, la loi remplace petit à petit la négociation collective pour promouvoir le progrès social.
Le chômage est bien le signe que le travail est toujours considéré par les entreprises comme une marchandise et non comme une ressource humaine. Or tant que les entreprises auront cette approche comptable rien ne changera. Tant qu’elles n’auront pas intégré le travail comme une richesse et non uniquement comme un coût dans leur culture ou modèle de management, il sera toujours plus difficile pour les gouvernements de réduire véritablement le chômage.
Toutes les mesures financières et fiscales incitatives à la création d’emplois prises en faveur des entreprises n’ont jamais permis d’accroître durablement les offres d’emplois. Elles ont le plus souvent débouché sur la création d’emplois précaires.
Le chômage deviendrait-il désormais une variable sociale d’ajustement utile pour certains acteurs économiques ? Ce qui justifierait la faible mobilisation pour l’éradiquer !

29 nov. 2009

L'enjeu de Copenhague ?

Après nous le déluge ?
Combien d’années de déforestation, de fonte des glaces, de disparitions d’espèces animales et végétales, faudra-t-il voir défiler sous nos yeux, pour enfin stopper l’asphyxie de notre planète, et demain, celle de toute l’humanité ?
Les profits d’aujourd’hui sont les nuisances de demain et les catastrophes d’après demain !
Face à un tel risque climatique, depuis longtemps annoncé par la communauté des scientifiques, peut-on encore oser demander à la Terre plus qu’elle puisse nous offrir ? Comment répondre à nos besoins sans compromettre l’avenir de la Planète ? Voilà des questions qui devraient nous interpeller.
L’égoïsme qui guide notre activité économique est devenu si fort maintenant, qu’il nous conforte dans l’idée que le progrès sera bientôt capable de maîtriser la nature et donc la rareté. Par conséquent pourquoi s’inquiéter ! Où est l’urgence ?
Cette thèse est largement relayée par quelques entreprises multinationales, et par certains discours politiques. Elle insinue l’idée selon laquelle le développement durable, c’est à dire un développement qui répond à nos besoins sans compromettre ceux des générations futures, engendre des coûts excessifs dans la mesure où il suppose une révolution radicale de nos modes de production, de répartition et de consommation. Un tel engagement modifierait les échanges, ralentirait la croissance mondiale et retarderait le développement des pays émergents.
Mais heureusement, que depuis le protocole de Kyoto, beaucoup d’entreprises et de pays, notamment ceux du monde en développement, convaincus de la gravité du problème, n’hésitent plus à s’engager sur la voie de ce nouveau modèle de développement, même s’il implique de coûteux investissements.
Porter attention uniquement sur le coût de cette transformation, efface la question vitale de l’avenir de notre planète, entretient la réticence des Etats à s’engager réellement sur le développement durable, et les dissuade à prendre les mesures nécessaires pour freiner le réchauffement climatique.
Cette inertie fait perdre le sens de la rareté à l’humanité, et cimente l’idée que l’on peut produire toujours plus sans mettre en péril les ressources naturelles d’ici 50 ans.
Et pourtant, le coût de l’inaction est nettement supérieur au coût de la prévention, comme l’a démontré le rapport Stern, qui a conclu : que le réchauffement freinerait la croissance de l’économie mondiale à hauteur de 20%, alors qu’il en coûterait à peine 3% du PIB pour y mettre un terme. Alors pourquoi attendre sans trop réagir et repousser une fois de plus les décisions à plus tard et faire comme si de rien n’était. Chaque être humain qui va vivre sur cette planète subira les conséquences des hésitations aujourd’hui.
L’ampleur de la dégradation de l’environnement est telle que les scientifiques tirent depuis quelques années le signal d’alarme : il y a urgence à sauver la planète.
Le « syndrome du Titanic » n’est pas une fiction, bien au contraire !
Or, la question n’est plus seulement scientifique, elle est dès à présent politique. Elle nécessite des changements substantiels dans le fonctionnement de notre économie et dans nos modes de vie. Désormais préparer l’avenir des générations futures, implique de passer d’une économie fondée sur « l’avoir plus » à une économie fondée sur « l’être mieux ». Autrement dit passer d’une croissance quantitative à une croissance qualitative. C’est là que la volonté politique, en vertu du principe de précaution, devrait tracer et imposer les voies de cette nouvelle forme de croissance économique au service de l’humanité !
A cet égard, un consensus plus large et un engagement plus ferme des pouvoirs politiques lors de la conférence de Copenhague sur le climat, permettraient de contraindre les lobbies financiers de chaque pays à se soucier davantage de l’avenir de notre planète que du baromètre du CAC 40.
Copenhague n’est pas un sommet comme les autres. Car c’est la date à laquelle les dirigeants des pays industrialisés et des pays en développement devront faire le choix crucial entre l’immobilisme ou le courage politique.
Ne rien faire, c’est accepter la suprématie des lois de la rentabilité sur celles de la nature où le culte du court terme empêche de préparer l’avenir des générations futures.
L’environnement passe plus que jamais au dernier rang des préoccupations des acteurs économiques aveuglés par leur cupidité, dès lors qu’il s’agit de prendre en charge le financement de sa protection.
Alors sommes nous prêts à ne laisser qu’un monde en péril à nos enfants et petits enfants ?Après nous le déluge, vraiment ?

29 oct. 2009

L'impôt : "du moins faute de mieux"

L’impôt : « du moins faute de mieux »
L
’impôt n’est pas ce qu’il est, mais ce que l’Etat en fait. Mais, le réduire, qui s’en plaindrait ? La fiscalité est toujours jugée excessive et injuste par les individus. Justifiée en théorie par des raisons économiques, car le poids des prélèvements fiscaux freine le dynamisme du marché, la baisse de l’impôt de 2010 répond davantage à des motifs politiques dans la pratique.
En effet, les baisses successives des années précédentes n’ont pas permis d’accroître la consommation des ménages, ainsi que les investissements des entreprises pour stimuler la croissance économique. Bien au contraire, elles ont encouragé l’épargne des ménages les plus aisés, et donc n’ont pas eu l’effet de relance de l’activité économique par la demande.

La poursuite de cette diminution est révélatrice d’un choix de société. Elle conforte l’idée que l’intérêt individuel prime sur l’intérêt général et que seul le secteur privé crée des richesses. Par conséquent, les impôts qui financent l’action publique représentent une charge improductive qu’il faut faire disparaître ou qu’il faut réduire.
Cette vision libérale forge progressivement un sentiment antifiscal dans les comportements des acteurs économiques en renforçant leur individualisme. Elle cimente ainsi petit à petit l’idée que l’impôt est une nuisance qui décourage l’esprit d’entreprendre, freine la création de richesses et pénalise l’emploi.
Et pourtant, un tel désengagement fiscal fait plus de mal que de bien.
Il aggrave le déficit budgétaire et alourdit considérablement la dette publique. Son financement par l’emprunt public accroît l’injustice sociale. Car l’Etat emprunte des capitaux aux ménages les plus aisés à des taux supérieurs à ceux du marché financier, au lieu de percevoir les impôts sur leurs revenus. Les classes moyennes, contribuent alors, par l’impôt sur le revenu au remboursement du capital emprunté aux plus riches. Et,
faute d’imposition suffisante pour les revenus financiers colossaux, il encourage la cupidité responsable de la crise actuelle.
De plus, une telle diminution suppose la réduction des missions d’intérêt public de l’Etat car nos impôts financent le fonctionnement des services publics indispensables à la vie économique et sociale : santé, éducation, culture, justice, sécurité, transports, routes…
L’impôt est le prix à payer pour utiliser ces services collectifs et réduire les inégalités sociales.
Alors comment en payant moins d’impôt peut-on avoir plus de sécurité, plus de santé, plus d’égalité et plus d’éducation ?
Le problème qui se pose ainsi est celui du rôle de l’impôt dans notre société aujourd’hui, et à travers lui, celui des services publics et de notre modèle social.
Cette course à la baisse des impôts fragilise la place et le rôle des services publics dans notre société en ne valorisant que l’intérêt individuel. Et, progressivement, elle pourrait les faire disparaître faute de ressources suffisantes pour gérer au mieux l’intérêt public. Lui préférant sa baisse, l’Etat doit-il renoncer à toute réforme de l’impôt direct, et donc abandonner une partie de ses services publics à la concurrence pour réduire son déficit ?
Mais moins d’impôt, c’est moins d’Etat. Les citoyens sont-ils prêts en accepter la charge individuelle?
Le « moins d’impôts » reste une illusion. Et pourtant, malgré ses risques, l’idée de payer moins d’impôt nous réconforte toujours.
La dimension citoyenne de l’impôt sur le revenu se perd, car les ménages ordinaires ont le sentiment d’en payer toujours trop pour un retour en contrepartie insuffisant ou peu significatif, voire même invisible.
Aujourd’hui, la charge fiscale est devenue trop lourde, car elle est inégalement répartie entre les contribuables et trop souvent détournée par les niches fiscales ou paradis fiscaux. En outre, seuls 50% des ménages sont assujettis à l’impôt sur le revenu.
Or, si l’on veut corriger cette perception qu’ont aujourd’hui les contribuables, et si l’on souhaite maintenir notre modèle social, redonner du sens à l’intérêt général et réduire les inégalités, il faut réformer notre système fiscal, plutôt que de baisser les impôts, afin de le rendre plus efficace, plus juste et plus transparent. Autrement dit passer d’une politique budgétaire fondée sur le « moins d’impôts » à une politique budgétaire fondée sur le « mieux d’impôts ».
Ce passage nécessite un élargissement de l’assiette fiscale aux bonus et aux capitaux financiers ne produisant aucune richesse réelle. Cela implique de donner un poids substantiel à l’impôt progressif en réduisant les autres impôts, et de lui attribuer un rôle majeur de gestion et de redistribution afin de valoriser davantage la richesse produite par le travail que celle par le capital. Ce n’est qu’à cette condition, qu’il pourra orienter la finance vers l’économie réelle et rétablir un meilleur partage de la valeur ajoutée.
Le rendement d’échelle ainsi réalisé, devrait garantir la pérennité de notre modèle social à travers les services publics, et modifier nos comportements à l’égard de l’impôt devenu plus juste et plus efficace.
Alors pourquoi ne pas explorer cette voie et s’y engager ?

Il faudra donc beaucoup de courage politique et de solidarité pour supprimer les niches fiscales et les paradis fiscaux, et encore davantage pour réhabiliter cette idée simple que l’impôt progressif n’est pas seulement un coût, mais le prix équitable à payer pour bénéficier des services publics et préserver notre modèle social dans l’intérêt de tous les citoyens.
Or un tel courage permettrait que la richesse de chacun fasse aussi la richesse de tous.

7 oct. 2009

emploi des jeunes

« Il faut bien que jeunesse se passe…mais pas qu’elle trépasse ! »

D’ordinaire plus touchés par le chômage que les autres actifs, les jeunes sont les premières victimes d’une crise économique dont la virulence ne fait qu’accentuer le caractère alarmant de leur situation.
En l’espace d’un an le nombre de demandeurs d’emploi chez les jeunes de moins de 25 ans a augmenté de plus de 30%, une dégradation d’autant plus inquiétante si l’on en juge par la configuration de la pyramide des âges.
Une telle perspective démographique était pourtant porteuse d’espoir d’une amélioration très nette de leur emploi à partir de 2009. Cependant la violence de la crise actuelle assombrit cet horizon optimiste et renforce la crainte des jeunes envers l’avenir.

Les jeunes, derniers entrés dans la vie active sont les premiers à en sortir en période de récession, la plupart d’entre eux occupant des emplois temporaires.
Leur entrée sur le marché du travail implique de franchir le sas de la précarité : intérim, contrats à durée déterminée, petits boulots, emplois aidés, stages sous payés, avant de pouvoir prétendre à un emploi stable et durable. Or à la moindre baisse d’activité économique, ces emplois sont les premiers supprimés par les entreprises. Pour les plus jeunes d’entre eux, souvent sortis de l’école sans diplôme, la voie de l’insertion professionnelle est devenue désormais celle de la précarité. Elle limite la réalisation de leur projet et fragilise leur parcours professionnel. Faute de perspectives, elle les empêche de s’investir pleinement dans la vie de l’entreprise. Les firmes ne les appréhendent ainsi plus sous l’angle d’une ressource humaine, mais plutôt d’un coût salarial que la précarité permet de minimiser.
Le manque d’expérience ou de connaissance du métier de la part des jeunes salariés représente un risque que les employeurs n’osent plus assumer dans un environnement concurrentiel de plus en plus fort, leur préférant des salariés immédiatement productifs.
Dans de telles conditions, les jeunes ne peuvent pas acquérir une première expérience professionnelle leur permettant de construire leur avenir. Or tant que les entreprises auront cette approche comptable rien ne changera.
Pour les plus qualifiés d’entre eux, si le diplôme reste encore une garantie d’employabilité, la situation dégradée de l’emploi rallonge sensiblement la durée de passage de l’université à l’emploi, alourdit considérablement le coût de leurs études et accentue leur dépendance. Pour ces derniers, l’espoir d’une reprise économique pour 2010, ne leur garantit pas nécessairement une meilleure employabilité, attendu qu’en période de reprise, les entreprises préfèrent le plus souvent, recourir d’abord aux heures supplémentaires défiscalisées, avant d’embaucher.
Les jeunes restent ainsi sans emploi, et exclus des minima sociaux, se trouvent confrontés à la pauvreté, alors qu’ils sont les ressorts de la croissance de demain.
Face à l’urgence de la crise, l’extension du RSA aux 18-25 ans semble insuffisante pour aider les jeunes, car elle ne s’applique qu’aux jeunes sans emploi ayant déjà travaillés au moins deux ans.

Alors pourquoi ne pas aider tous les jeunes selon des modalités spécifiques à chacune de leur situation ?
Mais au-delà d’une allocation d’autonomie facilitant leur insertion professionnelle, l’enjeu majeur demeure plus que jamais l’accès des jeunes à l’emploi.
Paradoxalement, nombre de secteurs, tels l’agriculture, l’hôtellerie-restauration, ou encore le bâtiment, jugés trop pénibles, mal payés et peu valorisants, ne trouvent pas de jeunes.
Un tel paradoxe révèle une mauvaise adéquation entre formation et emploi qui pourrait se corriger par un rapprochement de l’école et de l’entreprise. Une meilleure synergie entre les deux permettrait une mutualisation des compétences directement profitables aux jeunes. Ce qui revaloriserait les filières professionnalisantes aujourd’hui désertées. Elles pourraient ainsi attirer des jeunes dans ces métiers leur ouvrant enfin de véritables trajectoires professionnelles.
En outre, un tel dispositif ne sera efficace que s’il parvient à concilier formation initiale et formation professionnelle grâce à un partenariat entre le système éducatif public et les entreprises. Cette alternance devrait être prise en charge par l’école publique et non par des organismes privés, afin de protéger la formation contre les risques de la précarité et être assortie d’un engagement d’embauche des entreprises bénéficiant des aides fiscales. Certaines entreprises se sont engagées sur cette voie, mais elles sont encore trop rares aujourd’hui !
C’est un changement radical de mentalité qui est nécessaire pour refonder la politique de l’emploi des jeunes. Il passe par des mesures institutionnelles visant à associer les entreprises et l’école publique à la construction de l’avenir professionnel des jeunes.
Ce n’est qu’à cette condition que les jeunes trouveront des emplois et que les entreprises leur feront désormais réellement confiance.